Au lieu de lutter contre l’insécurité, Dupond-Moretti et Darmanin partent en guerre contre Marine Le Pen !
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Il n’est guère besoin de regarder les chaînes d’infos en boucle pour comprendre que l’insécurité est en train de prendre des proportions plus qu’alarmantes. Quelques jours après le meurtre d’une policière à Rambouillet, c’est un autre policier qui est abattu par un dealer en plein cœur d’Avignon, tandis qu’une jeune femme issue de l’immigration vient d’être brûlée vive à Mérignac par son conjoint violent sortant de prison.
Face à une telle déferlante de violence gratuite, on aurait pu imaginer que les ministres de l’Intérieur et de la Justice allaient se retrousser les manches. En fait, non : ils ont manifestement plus urgent à faire ; des effets de manche, par exemple. Ainsi, Éric Dupond-Moretti devrait-il mener la liste LREM dans les Hauts-de-France, liste sur laquelle Gérald Darmanin devrait lui aussi figurer à une place qui demeure à déterminer. Du coup, Laurent Pietraszewski, secrétaire d’État chargé des Retraites et de la Santé au travail et précédemment tête de liste, devrait se retrouver en retraite anticipée et, de fait, sans travail.
Pourquoi un tel chambardement, à quelques semaines des élections régionales ? Tout simplement parce que Xavier Bertrand, président LR sortant, est talonné dans les sondages par le candidat du Rassemblement national, Sébastien Chenu : 36 % d’intentions de vote pour le premier, 33 % pour le second, tandis que le pauvre Laurent Pietraszewski plafonne à 10 %. Autant dire que l’heure est grave. Gérald Darmanin : « Il doit y avoir, face au Rassemblement national, l’union des Républicains au sens large, comme en Provence-Alpes-Côte d’Azur. »
À croire que Karima Delli, députée européenne EELV et candidate de l’union de la gauche et des écologistes, ne serait pas une vraie « républicaine »… Non sans raisons, cette dernière s’insurge en ces termes : « La région mérite mieux que ce type de candidature spectacle ! » Et de poursuivre : « Les Hauts-de-France ne sont pas un prétoire et je comprends que LREM ait besoin d’un avocat pour défendre son bilan […], mais pour moi, il n’y a qu’un seul verdict, c’est celui des urnes. » On ne saurait mieux dire.
Le gag, c’est que la même Karima Delli ne semble même plus croire à la lutte eschatologique entre forces du Mal (le RN) et du Bien (tous les autres) : « Si leur ambition est juste de faire barrage, il ne faut pas aller aux élections. Ceux qui sont perdus, qui sont déçus et qui, aujourd’hui, se tournent vers le Rassemblement national, il faut leur donner des solutions concrètes. » Une fois de plus, on ne saurait dire mieux.
Très logiquement, Xavier Bertrand ne goûte que de loin cette initiative élyséenne. La juge-t-elle prématurée ? C’est en tous cas l’avis de Sébastien Chenu qui affirme à Paris Match, ce jeudi 6 mai : « Xavier Bertrand a besoin des voix de LREM pour gagner. Je pense qu’ils fusionneront au second tour… » Certains journalistes aiment à décrire Emmanuel Macron comme le « maître des horloges ». Le timing hasardeux de ce jeu de chaises musicales laisserait plutôt à penser que sa montre est quelque peu déréglée.
Quelques chiffres, pour finir, à propos des préoccupations des électeurs locaux. Si le Covid-19 arrive en tête avec 42 %, viennent ensuite le chômage (38 %), la délinquance (36 %) et l’immigration (30 %). Soit des thèmes sur lesquels le RN demeure plus qu’en pointe, tandis que ses électeurs sont sûrs à 75 % de leur vote, loin devant ceux des autres candidats. Les jeux sont donc ouverts, comme on dit, et il n’est pas sûr que l’arrivée en fanfare de Darmanin et Dupond-Moretti, façon Laurel et Hardy, vienne troubler la donne.
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