Au nom de « l’éco-responsabilité », une nouvelle taxe pour les boulangers

« On a déjà des taxes de partout ! » L’information n’est pas nouvelle, mais l’exaspération résonne bel et bien, ces derniers jours, chez les boulangers-pâtissiers, mais aussi les fromagers et les bouchers. Depuis le 1er janvier 2025, ils sont soumis à une nouvelle taxe sur les emballages ménagers. Une mesure qui pèse sur ces commerces déjà fragilisés par la guerre russo-ukrainienne, mais surtout sur le consommateur, qui devra en encaisser le coût...
Une « éco-participation » qui passe mal
Au mot « taxe », la Confédération nationale de la boulangerie et boulangerie-pâtisserie française (CNBP), contactée par BV, préfère le terme « éco-participation ». Une façon « chic » d’annoncer aux artisans qu’ils doivent dorénavant verser une participation à l’éco-organisme Adelphe pour financer le développement du tri sélectif des emballages vendus dans leurs boutiques.
Pourtant, selon la loi sur la Responsabilité élargie du producteur (REP), en vigueur depuis 1993, engageant les artisans à financer la fin de vie des emballages remis à leurs clients, des mesures avaient déjà été prises pour rester en conformité légale. En 2008, la Confédération avait signé un partenariat pour financer la diffusion, sur les vitrines des boulangeries, de visuels incitant les consommateurs au tri sélectif. La loi Anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) de 2021 a ensuite durci les contrôles, menant aux mesures qui frappent aujourd’hui les commerces. Désormais, les artisans boulangers et pâtissiers doivent payer pour chaque emballage distribué ou s’acquitter de 0,0075 euro par passage en caisse.
Des coûts qui s’envolent
Le coût peut être énorme pour les plus grosses structures. Pour une enseigne parisienne possédant deux boutiques et accueillant 2.000 clients par jour, la somme atteindra 5.000 euros par an. Comme l’explique à BV son gérant Clément Buisson, il « ne peut pas indéfiniment faire une croix sur les marges », rappelant l’impact de l’augmentation du prix de l’électricité et des matières premières qui avait mis à mal de nombreux commerces au début de la guerre. Pour compenser, il a décidé d’augmenter un produit par catégorie (pain, pâtisserie et viennoiserie) pour « réussir à récupérer cette somme ».
Céline Durasnel, elle aussi boulangère à Paris XVIe, opte pour une augmentation du prix des emballages « inutiles ». Très remontée contre cette nouvelle mesure, elle prépare une affiche explicative pour ses clients qui, elle l’espère, comprendront. « Cette taxe est exagérée », peste celle qui devra payer 550 euros supplémentaires par an pour être en règle.
« C’est toujours les mêmes qui finissent par payer ! »
Désolé de voir cette taxe se répercuter sur le consommateur, Clément Buisson regrette d’être « obligé d’en arriver là ». « On touche toutes les classes sociales, dans notre boulangerie. On a des prix et des produits pour tout le monde », explique-t-il, avant d’insister : « C’est toujours les mêmes qui finissent par payer. »
Céline Durasnel, de son côté, craint que les clients ne se tournent vers les grandes surfaces qui, elles, « ne jouent pas le jeu ». « Il aurait fallu davantage taxer les industriels », renchérit le boulanger. « On s’habitue à manger des taxes tout le temps, mais le pouvoir d’achat du consommateur, lui, n’augmente pas », ajoute-t-il, avant de conclure : « Il faudra venir prouver qu’il y a bien un impact environnemental derrière », mais justifier où part l’argent des Français, l’État s’en soucie-t-il seulement ?

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Un commentaire
bientot une taxe sur le papier toilette