Au Sénat, la commission d’enquête sur le fonds Marianne auditionne

SCHIAPPA

Liée à la commission des finances, la commission d’enquête sur le fonds Marianne, cette confortable enveloppe de 2,5 millions d’euros que se sont partagée 17 associations bien sous tous rapports, poursuit ses auditions au Sénat. Cette commission suit l’ouverture d’une information judiciaire par le parquet national financier (PNF), le 4 mai dernier, notamment sur des soupçons de « détournement de fonds publics », d’« abus de confiance » et de « prise illégale d'intérêts ».

Devant le président socialiste de cette commission d’enquête Claude Raynal et le rapporteur général, le LR Jean-François Husson, 3 des 17 associations sont venues expliquer l’usage fait de ces fonds débloqués après le tragique assassinat de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine. Aucune des trois n'est directement soupçonnée.

Sur les bancs de cette salle du Sénat, ce 30 mai, se côtoient ainsi Abdennour Bidar, président de Fraternité générale (dont on découvre l’existence), Xavier Desmaison, président de Civic Fab (idem), et Rudy Reischstadt, le directeur de Conspiracy Watch, qui lutte contre « le conspirationnisme ». Un univers largement alimenté de subventions publiques. Conspiracy Watch est financé à 50 % sur fonds publics, les deux autres à 80 %.

Soutenir « l'esprit critique »

C’est le représentant de Fraternité générale qui prend la parole en premier pour parler de son association. Elle entend « valoriser le vivre ensemble pour lutter contre la division sociale ». Cela, « à travers des actions audiovisuelles, pédagogiques, culturelles, sportives et citoyennes ». Depuis 2016, explique le patron, son association donne à voir tout ce qui se fait dans la France d’aujourd’hui « pour réparer le tissu social », afin de mettre ces initiatives « en visibilité ». L’occasion d’évoquer les gilets jaunes, les campagnes déclassées ? Pas sûr…

On passe à Civic Fab, structure créée voilà treize ans, pour soutenir « l’esprit critique ». On applaudit, le politiquement correct est si lourd, de nos jours. L’association soutient les valeurs républicaines de liberté, de conscience, explique son patron. Car sur Internet, on assiste à la mobilisation de « certains publics », à des manifestations de « haine » : « L’envie d’en découdre peut primer sur des discours plus pacifiques, réflexifs et bienveillants. » M. Desmaison évoque sans doute les Black Blocs lorsqu'il constate que « l’envie d’en découdre peut (en effet) primer sur des discours plus pacifiques, réflexifs et bienveillants ». Son association, comprend-on, intervient dans les collèges et les lycées. Il faudra que BV songe à réclamer ce sésame lors de la Semaine de la presse à l’école.

Au tour de Rudy Reichstadt, qui a créé son site Conspiracy Watch en 2007. Cet Observatoire du conspirationnisme est « reconnu comme sérieux dans son action contre le complotisme », dit-il. On n’est jamais mieux servi que par soi-même. Le site a reçu 60.000 euros du fonds Marianne.

Comment se fait le suivi ?

Tout cela est bel et bon, mais ces associations ne luttent pas prioritairement contre l’islamisme : que vient faire là la mémoire de Samuel Paty et le fonds monté en son nom ? La question, pourtant centrale, n’est pas posée, à ce stade, par les sénateurs. Reste la question de fond, exprimée par le président Raynal. « Comment se fait le suivi (de ces actions et de ces fonds d’État) pour être sûr qu’on est dans les clous ? C’est important. » Là non plus, la réponse (qui n’appartient pas aux associations subventionnées du reste) ne vient pas.

En attendant, le même président le rappelle : « On n’a pas de grille » sur laquelle s’appuyer pour savoir comment ces 17 associations ont été sélectionnées et ce que sont précisément devenus les fonds octroyés. On comprend que les enveloppes du fonds Marianne sont difficiles à distinguer de l’action du Comité interministériel de la prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), fort de 82 millions d’euros de budget en 2023, et pourraient avoir été simplement réaiguillées.

On comprend surtout que cet argent qui aurait été si utile pour livrer bataille contre l’islamisme (celui qui a tué 271 personnes depuis 2012 en France, dont Samuel Paty, et fait près de 1.200 blessés) est tombé entre les mains d’associations bien en cour, dont l’objet n'est pas celui-là, et par ailleurs déjà largement subventionnées. Le macronisme dans toute sa splendeur délétère.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

21 commentaires

  1. elle est secrétaire d’État chargée de l’Économie sociale et solidaire et de la Vie associative auprès de la Première ministre, dans le second gouvernement Borne. Elle surtout soucieuse de son économie personnelle et solidaire de l’association de son mari. Pour le moins elle devrait démissionner. C’est tout de même une complice de vol si elle n’est pas une voleuse elle même. Comment voulez vous que le pays s’en sorte si tous les deux ou trois mois à peine on s’aperçoit qu’on est gouverné par des délinquants coupables ou supposé de multiples délits ? il faudrait peut être commencer par cesser ces genres d’arrangements et copinages .

    •  » si tous les deux ou trois mois à peine on s’aperçoit qu’on est gouverné par des délinquants » Mieux vaut tard que jamais. On est gouverné par des petits mafieux (les chefs de famille détestent la publicité) depuis Giscard et surtout Mitterrand.

  2. Une bonne leçon qui coute très chère, aux contribuables. Un peuple qui a des oeillières, se fait bouffer par des voleurs que vous avez élu. On va en voire encore de bien bonne pendant quatre ans. Dormé en Paix; Macron veillesur vous!

  3. Et « en même temps », l’autre égérie de macron s’attaque à la « fraude sociale » ! … LOL ! … l’un des « sinistres » des Comores bénéficie lui aussi des « largesses » de l’Etat français … En fait, combien de ces coucous viennent se goinfrer de cet argent magique de la FRANCE ? Le copinage totalement décomplexé porté à son paroxysme depuis mai 2017 n’est plus à prouver mais continue à être minoré par beaucoup de médias …
    Ecoutez un peu des gens comme P. Guibert ou J. Dray et peut-être que vous comprendrez à quel point cette société française est en putréfaction ! … Les « coucous-mammouths » politicards tels que mélanchon en sont aussi la caricature de la décivilisation qui a été engendrée depuis Pompidou ! …
    Que croyez vous qu’il va « résulter » des propos ET des actions de celle qui est à Matignon actuellement ? … Quel « passif » de tous ces nocifs qui n’ont qu’un objectif : se gaver sur le dos des gueux ! …
    Stop ou encore ? …

  4. C’est un esprit de mafia politique que le sénat tenté par des séries de questions de mettre en évidence mais comme d’habitude il n’y aura rien derrière. Ainsi continuons de payer des impôts pour gaver n’importe qui et n’importe quoi. Il est grand temps de faire le ménage.

  5. A quoi ça sert ? Ils ne feront même pas de reproches à l’intéressée Dans une entreprise, son licenciement serait effectif depuis longtemps. La c’est avec nos sous. Donc ça coûte rien, c’est l’état qui paie.

  6. Suspicion de détournements de fonds publics.Ce n est pas nouveau. D autres affaires aussi louches et aussi graves sont habilement étouffées. La gauche caviar et homard donneuse de leçons n est pas claire.

  7. Tout ça n’st que de l’argent pour aider des associations bidons et aider des amis. Un scandale de plus

  8. On nous vole notre argent. Nos sommes escroqués et comme c’est par l’Etat (ce qu’il en reste) c’est légal.

  9. Il serait grand temps de s’informer un peu de ce que devient tout cet argent public dilapidé, au service de l’endoctrinement et de l’idéologie de gôôôche ! Combien d’assoc. bidons sont ainsi subventionnées sur le dos du con-tribuable spolié ? Des associations à qui l’on ouvre les portes des écoles pour endoctriner notre jeunesse ? Au fait, qu’est devenu la fameuse « commission anti fake-news » et qui contrôle son action ? Lorsque l’on voit la désinformation qui circule larga manu, on pourrait croire que cette commission n’est pas efficace du tout ….

  10. « Conspiracy Watch est financé à 50 % sur fonds publics » nous indique le chroniqueur. Et les 50 % restants viennent d’où ? De George Soros ou autre « philanthrope » du même acabit ?

  11. Tous les prétextes sont bons pour engraisser les « petits copains ». Cette commission d’enquête n’aboutira à rien, comme d’habitude.

  12. « On n’a pas de grille »… « sur laquelle s’appuyer pour savoir comment ces 17 associations ont été sélectionnées. »
    C’est pourtant simple, point n’est besoin de « grille », il suffit juste d’examiner le carnet d’adresses de la Schiappa, là se cache la grille de la réponse.

  13. « Le macronisme dans toute sa splendeur délétère. »
    Macron n’a rien inventé. Lui et les médiocres dont il s’entoure ne font que poursuivre de vieilles pratiques à la différence près qu’ils le font de manière totalement décomplexée. Normal quand on a « très envie d’emmerder » les Français et qu’ils en sont heureux puisqu’il vous reelisent…

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