Au tribunal : Arnaud Beltrame, un officier français face à un cercle radicalisé

Procès Trèbes carcacsonne

Journalistes, avocats, parties civiles, proches des accusés, élèves ou simples curieux… Ce lundi 22 janvier, la foule se masse au tribunal de Paris pour l’ouverture du procès des attentats de Trèbes et Carcassonne. Sous haute surveillance, le président de la cour d’assises spécialement composée donne le coup d’envoi de ce procès prévu jusqu’au 23 février. Cinq semaines d’auditions et de débats pendant lesquelles les magistrats tenteront de déterminer la responsabilité des sept prévenus, aujourd’hui poursuivis pour association de malfaiteurs terroriste criminelle pour les uns et délits connexes (non-dénonciation de crime terroriste, détention d’armes) pour les autres.

Pour rappel, le 23 mars 2018, après avoir grièvement blessé Renato Silva et tué Jean-Michel Mazières sur le parking de la cité des Aigles, Radouane Lakdim ouvre le feu sur des CRS - l’un d’eux est blessé - puis se rend au Super U de Trèbes où il tue Hervé Sosna, un client, et Christian Medves, un employé. Après plusieurs longues minutes, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame se propose pour prendre la place de Julie Grand, alors retenue en otage par le terroriste. Au terme d’une négociation, le terroriste égorge l’officier de gendarmerie et est abattu par le GIGN.

« Mort pour la France » 

Si devant la salle d’audience règne une certaine agitation médiatique, à l’intérieur, l’ambiance est lourde. Les parties civiles arrivent les unes après les autres et prennent place dans cette salle des grands procès, construite à l’occasion du procès des attentats de 2015. Certains se saluent d’un discret signe de tête. D’autres, escortés de leurs avocats, s’installent en silence après un rapide coup d’œil vers le box des accusés.

Parmi eux, Nicolle Beltrame, la mère du colonel Arnaud Beltrame, et ses deux fils Cédric et Damien arrivent quelques minutes avant le début de la séance. Aux journalistes qui l’interrogent sur son état d’esprit, elle renvoie vers son avocat maître Thibault de Montbrial. « Le colonel Beltrame ne s’est pas sacrifié, il a pris la place d’une otage car il pensait qu’il pouvait maîtriser le terroriste islamiste. Il est allé au combat : c’est un officier de gendarmerie mort au combat, mort pour la France », rappelle l’avocat. Et alors que la sonnerie retentit, signe du lancement de la séance, il ajoute : « Chacun doit prendre conscience, dans cette affaire, que les terroristes islamistes ne peuvent passer à l’acte que lorsqu’ils sont soutenus, qu’ils ont des complicités, des sympathies dans les quartiers. »

Marielle Beltrame, la veuve d’Arnaud Beltrame, ne devrait, quant à elle, pas assister au procès. À nos confrères du Midi libre, elle confiait récemment ne pas vouloir « revivre » ces événements « traumatisants ». Alors que les 90 parties civiles sont énumérées par la cour, le président du tribunal promet de lui réserver un temps de parole si, finalement, elle changeait d’avis. « J’en doute… », souffle un avocat.

Une nébuleuse radicalisée

Face à ces victimes et leurs familles, sept prévenus - six hommes et une femme -, âgés de 24 à 35 ans, seront appelés à la barre dans les jours à venir pour déterminer si, oui ou non, ils ont aidé - ou, du moins, n’ont pas empêché - le terroriste à mener à terme son projet mortifère. Placé en détention provisoire, Ahmed Arfaoui, 29 ans, beau-frère de l’assaillant, aurait notamment dissimulé des armes après les attaques de Carcassonne puis de Trèbes. La cour lui reproche, en outre, d’avoir eu « parfaitement connaissance » de la radicalisation de son beau-frère et de ses projets. Par ailleurs, s’il soutient, durant l’investigation, ne pas partager les idées de Lakdim, il aurait, après les attentats, publié une photo du terroriste avec la mention « Dieu le garde » sur ses réseaux sociaux.

À ses côtés, dans le box, Samir Manaa, 28 ans, est un des plus proches du terroriste et, donc, averti de sa radicalisation et de son obsession pour les armes. Si aucune preuve de radicalisation n’a pu être retenue à son encontre, les magistrats lui reprochent d’avoir accompagné le terroriste, en connaissance de cause, chez un armurier, deux semaines avant les faits, pour y acheter un couteau. Couteau qui servira à égorger Arnaud Beltrame…

Devant eux, sur le banc des accusés, cinq prévenus comparaissent libres, sous contrôle judiciaire. L’un d’eux, Baghdad Haddaoui, poursuivi pour non-dénonciation de crime terroriste, est absent. Si son avocat qui plaide la disjonction (renvoi ultérieur) met en avant les « fragilités psychologiques » de son client, son « parcours social » difficile pour justifier son absence, l’avocate générale réclame pour sa part un mandat d’amener à son encontre. « Monsieur Haddaoui s'est illustré par son non-respect des procédures judiciaires, puisqu'il ne s'est pas présenté à l'interrogatoire préalable […] Il doit répondre de ses actes », clame-t-elle. Un argumentaire entendu par la cour, qui décide de lancer immédiatement un mandat d’amener à l’encontre du prévenu, qui avait notamment salué la personnalité du terroriste dans une vidéo publiée le lendemain des attaques.

Marine Pequignot, ex petite amie du terroriste, est quant à elle bien présente. Convertie à l’islam sous l’influence de Lakdim, elle ne pouvait ignorer l’état de radicalisation de l’assaillant, son intérêt pour les armes et ses projets. Le jour des attentats, elle aurait ainsi effectué une recherche pour « Radouane Lakdim » sur Internet bien avant que son nom ne sorte dans la presse. Est-elle au courant de son passage à l'acte ? De plus, inscrite au fichier de surveillance, elle aurait projeté de rejoindre l’État islamique.

Reste ensuite Sofian Boudebbouza, 25 ans, qui aurait apporté un soutien intellectuel au terroriste. Il lui est reproché d’avoir entretenu des échanges radicaux avec Lakdim, notamment de lui avoir fourni « des arguments religieux pouvant justifier un passage à l’acte ». À côté de lui, Reda El Yaakoubi, 34 ans, « caïd » du quartier, aurait également eu connaissance des idées radicales de l’assaillant. Il l’aurait pourtant maintenu au sein du groupe criminel (trafics de drogue, d’armes…) qu’il dirigeait, lui fournissant ainsi des « moyens financiers » pour mener à bien son attaque. Enfin, dernier à comparaître, Sofiane Manaa, frère de Samir, est poursuivi pour détention d’armes.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Dans cette affaire, je ne vois qu’un coupable : le colonel Beltrame…
    Demandez aux gauchos islamo-gauchos-collabos, ils vous le diront.

  2. Il est tout à fait intéressant d’entendre les journalistes expliquer que le colonel Beltrame a ete tué pendant l’assaut du GIGN, pour ne pas dire froidement PAR l’assaut du GIGN. Le terroriste qui a égorgé cet officier est mis au deuxiéme plan,….avant d’être innocenté?

  3. Toutes ces chances pour la France. Nous sommes vraiment des veinards. Multiculturel=Multicriminel? mais on vous répondra ce n’est qu’une minorité et le grand remplacement n’existe pas. Constatez le en comparant les photos de classe des Années 196O 70 avec celles d’aujourd’hui.

  4. Bien sûr, les médias impartiaux du service public mettront bien en évidence la foie chrétienne de Mr Beltram, comme celle d’Henri d’ailleurs. Ils pourraient même faire un parallèle entre cette foie chrétienne et la croyance musulmane et les conséquences sur nos sociétés. Bon, ils pourraient le faire s’ils étaient honnêtes !

  5. J’habite un petit village du Pays Basque, j’avais suggéré par écrit adressé à Monsieur le Maire que la route des Barthes soit désigné au nom de Arnaud BELTRAM, aucune réponse de Monsieur le Maire. J’ai été déçu du peu empathie à ce drame qu’un gendarme donna sa vie pour un otage. On le voit bien avec les otagesI ISRAÉLIENNES qui n’apparaissent nullement, en fin de compte passé par pertes et profites.

  6. Ce héros n’intéresse pas la majorité de journalistes « orientés » mais une « racaille » refusant d’obtempérer et finissant mal , voila un bon sujet et une occasion de faire de nombreux articles sur le « petit ange » !! Cherchez l’erreur

  7. En résumé : on a affaire à des deuxièmes couteaux (c’est le cas de le dire) qui au pire prendront une peine symbolique. Je pense à Arnaud Beltrame et à sa veuve. J’ai de la peine.

  8. Selon l’institut de sondage Ipsos en 2015 à 52% de personnes étaient en faveur du retour de la peine capitale, et 55% en 2020. Qui empêche la démocratie référendaire de fonctionner ?

  9. Tous de bons français bien intègrés , des chances pour la France.
    Mais quand ce,ces gouvernements vont ils prendre toutes les mesures pour lutter contre ce cancer qu’est l ‘Islam, religion soi disant de paix?
    Vite Marine et Jordan, nous vous attendons avec impatience ?

  10. Quel panégyrique !
    Sans rentrer dans les détails, quand on en arrive au mot « égorger », le stade de l’horreur est dépassé.
    En France, au XXIème siècle, il y a encore des hommes (?) égorgent d’autres humains.
    Aux États-Unis, tous ces gens-là ne ressortiraient pas libres du tribunal pour le reste de leur vie, et dans certains États seraient condamnés à la peine de mort.
    Seulement voilà, nous sommes en France, pays où la justice ne voit que le jugement de l’excuse, sûrement pas celui de donner la mort, directement ou par complicité.

  11. « Arguments religieux » pour passer à l’acte ? Il n’y a pas à chercher bien loin : le Coran dit clairement comment frapper au haut du col « bécif »,( c’est-à-dire avec la lame) le Juif et le Chrétien . Il n’y est pas écrit comme dans les Évangiles que l’on doit aimer son ennemi et prier pour ceux qui nous font du mal . Pas besoin de radicalisation ; il suffit d’appliquer les textes sacrés dans leur état . La lecture du Coran devrait être rendu obligatoire dans l’ Ecole de Magistrature .

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois