[AU TRIBUNAL] Marseille : dégradation de la stèle des victimes du terrorisme
Stèle des victimes du terrorisme dégradée à Marseille : misère et haine
Le 11 novembre dernier, Marseille découvrait avec horreur que la stèle en mémoire des victimes des attentats terroristes, située sur le parvis de la gare Saint-Charles, avait été dégradée. Le procès de l’auteur de ces dégradations se tenait ce mardi 21 janvier, au tribunal correctionnel de Marseille.
La stèle de la gare Saint-Charles a une résonance toute particulière pour les Marseillais. Elle est située à quelques mètres de l’endroit où Laura Paumier, 21 ans, et Mauranne Harel, 20 ans, avaient été sauvagement massacrées par un Tunisien sous OQTF aux cris de « Allah Akbar ». Un attentat qui avait profondément choqué.
L’auteur des dégradations, Maamar Ifrah, en détention provisoire depuis les faits, est né en Algérie en 1980, a été naturalisé français en 1992, est SDF et souffre d’addictions à l’alcool et aux drogues.
Quand le président lui demande des explications sur les raisons de son acte, les explications de M. Ifrah sont toutes trouvées : « J’ai entendu des voix. Je ne savais pas ce que c’était, je m’excuse. » Ces voix reviendront tout au long de l’audience. Notons que lors de sa garde à vue, M. Ifrah avait déclaré aux policiers « j’ai la haine des Français » pour expliquer son geste. L’explication, ce sont encore les voix, assorties d’un « j’avais mal dormi. » Ces voix sont-elles également à l’origine des recherches que M. Ifrah réalise sur internet ? Car les policiers ont fait des découvertes inquiétantes en étudiant l'historique de son ordinateur. À de nombreuses reprises, il a fait des recherches sur des… engins explosifs. Ainsi que sur des concerts de rock à Paris, allant jusqu’à noter les dates de certains, mais aussi sur les mots « gay », « catholique », ou encore « Allah ».
Un personnage inquiétant
Les explications de M. Ifrah sont toujours aussi confuses. Les concerts ? Il aurait bien aimé y aller. Les engins explosifs ? « C’était pour regarder, c’est tout. » On peine à comprendre si les voix jouent encore un rôle.
Le président va ensuite passer un long moment à essayer de comprendre les allers-retours à Paris, en août et septembre 2024, de M. Ifrah, qui évoque une travail pour avoir un logement. Son avocat expliquera ensuite que c’est parce que son ex-femme et son fils (qu’il n’a pas vu depuis des années) vivent à Paris.
Les expertises psychiatriques parlent d’un homme qui n’a pas de maladie mentale, mais des troubles de la personnalité, qui est accessible à une sanction pénale et peut être dangereux quand il consomme de la drogue ou de l’alcool.
Le casier judiciaire de M. Ifrah est émaillé de condamnations pour outrages, violences sur conjoint, violences et menaces sur ascendant, et enfin consommation de stupéfiants, la dernière remontant à 2017.
Interrogé sur son activité professionnelle, M. Ifrah explique qu’il ne travaille plus depuis son divorce, et que le RSA est son seul revenu.
La procureure pas dupe
Les réquisitoires de la procureure sont fermes. Elle estime que se « réfugier » dans l’explication psychiatrique est bien commode quand on fait face à des actes qui paraissent aussi odieux et éloignés de nos valeurs. Elle qualifie les "voix" de M. Ifrah d’opportunistes et s’inquiète de l’historique du téléphone de M. Ifrah, mais aussi du trou de sept ans qu’il a dans son parcours. Entre 2017, date de sa dernière condamnation, et 2024, qu’a-t-il fait ? Où est-il allé ? Enfin, parce qu’elle ne veut pas « qu’il soit à l’extérieur », elle requiert cinq ans de prison ferme.
L’avocat de la défense a son axe tout trouvé : la psychiatrie, la misère sociale, la chute personnelle qu’a été la vie de M. Ifrah depuis son divorce. Il critique la légèreté des expertises psychiatriques, pointe même qu’un expert a écrit en préambule de son rapport que la Justice lui devait des milliers d’euros. Il dit et répète que M. Ifrah n’avait rien prémédité, rien organisé, et demande une peine de semi-liberté.
Ce qui ressort de cette audience, c’est qu'à l'évidence, on a là un cocktail de misère sociale, de problèmes psychiatriques et de stupéfiants. Un cocktail qui n'explique pas tout et qui, en tout cas, n'a pas convaincu. La sentence est tombée : cinq ans de prison, dont deux avec sursis. L'avocat de la défense n'a pour l'instant pas indiqué si son client fera appel.
Pour ne rien rater
Les plus lus du jour
LES PLUS LUS DU JOUR
Un vert manteau de mosquées