[AU TRIBUNAL] Mediapart accusé de diffamation par Jean Messiha
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Suite à la parution de l'enquête de Mediapart « Jean Messiha, la haine sur fonds publics », parue le 20 juin 2023, le haut fonctionnaire porta plainte pour diffamation. Le papier en question démarrait ainsi : « Le polémiste d’extrême droite, qui distille sa haine sur les plateaux télévisés et a conseillé Marine Le Pen puis Éric Zemmour, a cumulé près de cinq ans de salaires du ministère des Armées, depuis son engagement en politique en 2017, pour un emploi dont personne n’est en mesure de décrire le contenu. Le ministère se refuse à tout commentaire. » Le procès de Mediapart pour « diffamation publique envers un particulier » s'est tenu ce mardi 19 novembre au tribunal correctionnel de Paris.
Trois salariés de Mediapart figuraient sur le banc des prévenus : Edwy Plenel, ancien directeur de la publication, les journalistes d’investigation Justine Brabant et Marine Turchi. Leur défense était assurée par Me Tordjman et Me Levy. Du côté de la partie civile, c'est Me Pichon qui défendait Jean Messiha.
« Une enquête d’intérêt public »
Edwy Plenel est appelé à la barre. Il souligne l’intérêt public majeur de l’enquête, en vertu de l’article 31 de la loi de 1881 qui stipule le droit du public à être informé. Il défend l’immense sérieux dans l’enquête et pourquoi les faits révélés sont vrais. « Nous méritons totalement cette reconnaissance de la vérité », juge-t-il. Jean Messiha a exercé un « emploi dont personne n’est en mesure de décrire le contenu, ce n’est pas le fait d’avoir rien fait », précise Me Tordjman. Il s’interroge régulièrement sur le contenu du poste de « chargé de mission » occupé par Jean Messiha au sein du ministère des Armées. Au même moment, il est directeur du think tank Apollon et chroniqueur sur CNews. « Sa situation pose deux questions : le cumul d’emploi et le devoir de réserve des fonctionnaires », déclare Me Tordjman.
Alors que la rédaction dit avoir contacté des supérieurs hiérarchiques de Jean Messiha au ministère et des directeurs de rédaction, avec quinze questions très précises, posées par e-mail en juin 2023, aucun n’aurait voulu répondre, malgré les relances. Seul le ministère des Armées a répondu qu’il ne ferait pas de commentaires. Les prévenus insinuent que cette indifférence est très douteuse.
Viennent, ensuite, les arguments de la journaliste Justine Brabant à la barre, et là, le sérieux de l’enquête journalistique prend l’eau sous le feu des questions de Me Pichon. Elle admet méconnaître des documents tels que le compte rendu d'entretien professionnel (CREP), « la base dans la fonction publique », ou les arrêtés ministériels, qui informent le public sur les périodes de travail. À la question de la dissolution, en 2021, du Service parisien de soutien de l'administration centrale (SPAC), service où Jean Messiha était affecté, elle botte en touche.
De même, sur des éléments concernant un éventuel cumul de salaires avec ses activités médiatiques : « Avez-vous eu connaissance de la longue convalescence de Jean Messiha en 2020 ? », après une opération à cœur ouvert en mars, demande l'avocat de Messiha. La journaliste tente encore d’esquiver. « Encore la logorrhée de militants trotskistes qui ont appris leur leçon ! », s’exclame Me Pichon, provoquant l’ire des prévenus.
« Une enquête diffamatoire »
Me Pichon est appelé à la barre à son tour : « Une source ne vaut rien si elle n’est pas corroborée par des éléments objectifs, des éléments contradictoires. Aujourd’hui, aucun témoin ne vient à la barre. […] Vos sources sont des ragots de couloir. » L’avocat résume les périodes passées sous silence dans l’enquête : « Vous parlez de cinq ans de travail, alors qu’il y a trois ans et trois mois au cours desquels il est rémunéré, et un an et neuf mois où il est en disponibilité, ainsi qu'une convalescence de neuf mois. » Et d'ajouter : « Mediapart nous avait habitués à mieux », souffle-t-il.
Jean Messiha, lui, dénonce une enquête diffamatoire qui lui a porté préjudice dans sa vie personnelle comme professionnelle : « Est-ce que les journalistes de Mediapart, qui se proclament humanistes devant l’éternel, se rendent compte de la déflagration causée ? » Et de rappeler que ses missions au ministère des Armées étaient précisément assignées et évaluées annuellement, bien qu’il ne puisse fournir les documents prouvant son travail en raison de son départ du ministère et de son habilitation « secret défense ».
« Fantastique, quelle chance […] secret défense ! », réagit alors Me Tordjman, goguenard. Jean Messiha s'insurge : « Par quelle magie serais-je couvert par ma hiérarchie, alors que le ministère des Armées est un pouvoir régalien, régi par le cabinet du ministre qui n’a pas ma couleur politique […] On est chez les fous ! » Sur le cumul des emplois, il rappelle qu’il n’est pas rare, pour un haut fonctionnaire, d’avoir des engagements politiques.
« Ce n’était pas un problème pour aller sur les plateaux alors que vous étiez en convalescence », rebondit alors l’avocat des journalistes, qui décompte une centaine de passages dans les médias. « Quand vous êtes invité par un média, on vous envoie un taxi et c’est une demi-heure, une heure sur place », explique le chroniqueur, lui qui ne pouvait travailler que jusqu’à deux heures par jour. Il souligne, en outre, l’effet thérapeutique exceptionnel de ces sorties.
Finalement, Me Pichon demande au tribunal de requérir une condamnation de 20.000 euros de dommages et intérêts à l'encontre des trois journalistes. De son côté, Me Tordjman réitère sa demande de condamnation à 5.000 euros d’amende pour procédure abusive. Il demande encore la relaxe de ses clients car il n’y aurait, selon lui, aucun fait diffamatoire. L’affaire est mise en délibéré. Rendez-vous rendu le 31 janvier 2025 à 13 h 30 pour le jugement.
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Un vert manteau de mosquées
23 commentaires
Des feuilles de chou, habillées en peaux de serpent.
Jean Messiha, chrétien revendiqué et grand pourfendeur d’islamisme.
De nos jours, ça ne pardonne pas
Avant,le journal Mediapart était le canard boiteux de la presse dite objective. Depuis quelques années il a trouvé sa béquille avec le canard enchaîné et tous deux , bien qu’ils marchent tous les jours dans la m…e se proclament les chevaliers blancs de l’information.
les canard enchainé et médiapart sont devenus les supplétifs de certains politiques pour faire et défaire les carrières et casser des gens pressentis à des postes de responsabilité tout en facilitant par cela l’ascension de nouveux venus , que l’on attendait pas à pareilles places, tels François Hollande et Emmanuel Macron dont on a l’impression qu’ils sont sortis de nul part ou d’un chapeau ! Qui connaissait Hollande à part les militants socialistes et qui connaissait Macron ,employé de banque avant que le même Hollande lui mette le pied à l’étrier . On peut dire merci à ceux qui ont oeuvrés en marge de tout cela et qui ont été très efficaces, connaissant parfaitement le droit et l’état de droit insrumentalisés au détriment de la démocratie !
Mediapart est media fanatico-hystérique. Il ne faut rien lui passer. Toute attaque de sa part doit être automatiquement suivie d’un dépot de plainte (comme Retailleau en a pris l’habitude) en demandant beaucoup de dommages-intérêts. Les assécher financièrement est la seule méthode.
Jean Messiha à une vision tout à fait lucide quand il décrit la décadence occidentale, c’est un très bon débatteur, trop bon pour certains journaleux véhéments !