[AU TRIBUNAL] T. Bouhafs est-il un militant islamiste comme le dit É. Zemmour ?
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Vendredi 29 novembre se tenait le procès d’Éric Zemmour au tribunal correctionnel de Paris à 13 h 30 pour injures publiques à l’égard de Taha Bouhafs. On évoque les propos tenus le 30 novembre 2020 dans l’émission Face à l’info, sur CNews.
Taha Bouhafs, l'homme qui porte plainte, n'est pas un inconnu. Il a été révélé par la publication des vidéos de Benalla frappant un manifestant. Il avait, aussi, saisi les images du couple présidentiel se rendant au théâtre en plein Covid. Ce journaliste militant est surtout très marqué à gauche. Défendu par Maître Alimi, Bouhafs n'est pas présent lors de l'audience. Face à ses avocats, les défenseurs d'un dirigeant du groupe Bolloré, Jean-Christophe Thierry, aujourd'hui directeur général du groupe Hachette Livre, et d'Éric Zemmour. Tous deux ne sont pas présents non plus. Leurs avocats, Maître Baratelli et sa consœur remplaçant Me Pardo, demandent la nullité de la plainte ainsi qu'une prescription.
« Un militant indigéniste, un militant islamiste »
Sur le fond, l’avocat de Canal+, la maison mère de CNews, pointe l'imprécision des propos retenus. « C’est une extraction des propos de M. Zemmour de leur contexte », explique Maître Baratelli. « Le débat manque de fondation », conclut-il. Et il précise les limites de sa démarche : « Moi, je fais seulement du droit aujourd’hui, je ne me suis pas arrêté à la personnalité de Taha. C’est tant mieux, car cela aurait pu être désagréable... » En effet...
Extinction des lumières, abaissement de l’écran géant. Le tribunal passe à la diffusion de la séquence d’Éric Zemmour face à Christine Kelly. Éric Zemmour déclare à l'antenne, le 30 novembre 2020 : « Quand le SNJ, le Syndicat des journalistes, va voir M. Darmanin, ils y vont entre autres avec Taha Bouhafs, qui s'appelle journaliste et qui est en fait militant. Vous n'allez pas me dire que lui n'est pas un militant, un militant indigéniste, un militant islamiste […] Donc, vous voyez, il y a une conjonction idéologique. Je n’invente rien ! », dit Éric Zemmour.
Me Alimi, l'avocat de Taha Bouhafs, s'étrangle : « Comment en arrive-t-on à diffuser de tels contenus sur un flux public, sur la TNT, avec une convention signée avec l’Arcom visant à respecter un certain nombre de critères ? » Il dénonce une volonté d’instaurer une idéologie réactionnaire, raciste, homophobe, sexiste, opposée aux « valeurs de la République ». Il alarme sur l'impact des propos tenus : « Ce sont des émissions qui attiraient énormément de monde, car la haine attire », accuse l'avocat de Taha Bouhafs. Il insiste sur les termes employés par Éric Zemmour : « Ces mots ne sont pas des insultes, mais ils se chargent avec le temps [d'une signification, NDLR] dans le contexte politique. Employer le terme d’islamiste devient injurieux, car il a pris une coloration terroriste, [...] Il en va de même pour le mot indigénisme, qui s’est coloré et provient initialement d’un projet politique et social des années 1920 en Amérique latine [sic]. »
Pour l'avocat, c'est simple, le propos de Zemmour est donc... raciste : « Outre le fait de vouloir disqualifier Taha, car il est à gauche, c’est uniquement parce que Taha Bouhaf est arabe et fier de l’être et d’origine algérienne », lance Maître Alimi. Une fois n’est pas coutume, le procureur va dans le sens d’Éric Zemmour : « Il n’y a, dans ces termes, aucun caractère outrageant. » L'avocate de Zemmour précise : « Ce n’est pas injurieux, car le propos est brut, il n'y a pas de qualificatifs. »
Quand l'hôpital se fout de la charité
L'avocate de Zemmour va alors démontrer en quoi Taha Bouhafs coche toutes les cases de l'islamisme et de l'indigénisme. Elle rappelle qu’en novembre 2019, Taha Bouhafs est l’un des organisateurs de la marche contre l’islamophobie, dans laquelle on scande « Allah akbar ! » Après la dissolution, en 2020, de deux associations, le Collectif contre l’islamophobie, accusé de propagande islamique, et l’association islamiste radicale Baraka City, proche des milieux salafistes, Taha Bouhafs avait regretté cette issue. L'avocate d'Éric Zemmour rappelle que Bouhafs qualifiait, en octobre 2020 sur X, la dissolution de Baraka City de « honte internationale » : « Mon cœur brûle ; le jour de la libération de la Palestine viendra de la mer au Jourdain », ajoutait-il.
La défense de Zemmour déroule alors un petit florilège non exhaustif des tweets de l'activiste : ils « sont assez significatifs de sa personnalité », explique l'avocate. « Je n’ai pas de leçon d’antiracisme à recevoir de propagandistes d’extrême droite qui se pignolent sur ce sous-humain de Zemmour », écrivait Taha Bouhafs sur X, en août 2020. Toujours en août de la même année, Bouhafs se lâchait avec élégance sur le même Zemmour : « Rien à foutre de vos états d’âme, je lui pisse dessus, lui et tous ses soutiens. » Le militant n'était pas avare de propos stigmatisants. En 2021, il avait qualifié la déléguée nationale du syndicat de police Unité SGP FO Linda Kebbab d'« Arabe de service ».
La défense d'Éric Zemmour assure, enfin, que la qualification d'« indigéniste », le terme employé par le patron de Reconquête, n’est pas condamnable. « En quoi est-ce injurieux ? C’est en lien avec ses engagements », lance-t-elle. Les qualificatifs employés par Éric Zemmour ne sont donc, pour son avocate, ni usurpés ni outrageux. Elle ne manque pas de souligner le toupet de Taha Bouhafs. « Lui qui insulte des gens à longueur de journée, pourquoi vient-il se présenter à vous pour deux mots qui sont à son image ? » Et elle rappelle les propos du personnage, toujours tenus sur X, en janvier 2024 : « Je m’en cogne, de ce que dit une poignée de juges blancs et bourgeois. » L’avocate demande 3.000 euros de dommages et intérêts pour Éric Zemmour. Le délibéré sera connu le 5 février 2025.
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Un commentaire
Zemmour a raison et d’ailleurs il ne dit jamais rien sans être sur de ce qu’il avance . Par contre T. Bouhafs devrait être jugé pour ces propos à l’égard de nombreuses personnes mais il est de gauche donc…..