Aude Mirkovic : « La prise en charge de la PMA par l’assurance maladie : une grave injustice faite aux malades ! »
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Dans une tribune publiée dans Libération, Thierry Beaudet, président de la Mutualité française, plaide pour un remboursement de la PMA par les mutuelles en plus de l'assurance maladie. Pour Aude Mirkovic, il s'agit purement et simplement d'un acte militant.
Explications au micro de Boulevard Voltaire.
Le président de la mutualité française, Thierry Beaudet s’est fendu d'une tribune dans Libération.
Il proposait aux mutuelles de couvrir à 100 % les frais liés à la PMA pour les couples de femmes ou les femmes célibataires.
Que pensez-vous de cette initiative ?
Il est facile d’être généreux avec les deniers publics. En l’état, le gouvernement annonce la prise en charge à 100 % de la PMA non thérapeutique, pour des personnes qui ne sont pas en situation d’infertilité. Cette prise en charge à 100 % ne nécessiterait pas de complément de la mutuelle. Il s’agit tout simplement de la promotion de la PMA non thérapeutique. C’est un acte militant.
De plus, chaque mutuelle est libre de faire ce qu’elle veut. Par conséquent, il n’est pas possible de s’engager pour les mutuelles en général.
Si la PMA pour les couples de femmes et pour les femmes célibataires devient complètement remboursable, la PMA ne devient plus un soin, mais une sorte de prestation à la personne.
Il n’y a plus besoin d’être infertile pour avoir recours à une PMA.
C’est pour cela que le projet est vendu comme la PMA pour toutes, les femmes célibataires et les couples de femmes, mais en réalité c’est la PMA pour tout le monde. Les femmes seules et les couples de femmes sont numériquement assez peu nombreux. La cible réelle du grand marché de la procréation est en réalité les couples hommes-femmes fertiles qui sont numériquement les plus nombreux et qui seraient concernés par ces PMA non thérapeutiques.
L’article 1er du projet de loi qui vient d’être transmis au Conseil d’État est clair. Il supprime la condition d’infertilité thérapeutique pour les couples hommes-femmes.
La PMA devient une prestation, elle n’est plus du tout un soin. Y a-t-il un risque que les parents puissent pratiquer des FIV, choisir le sexe ou la couleur des yeux de leur enfant ou encore faire appel à des donneurs ?
S’oriente-t-on vers une espèce d’ultra libéralisation dans un véritable marché de la naissance ?
On s’oriente tout à fait vers cela. Si un couple fertile choisit de recourir à la PMA, ce n’est pas pour avoir un enfant sans plus. Il peuvent le faire tout seul. C’est pour avoir tel enfant qui correspond à tel projet.
D’ailleurs, le projet de loi dans son état actuel ouvre le double don de gamètes. Aujourd’hui, on peut recourir à un don de sperme ou un don d’ovocyte, mais pas les deux à la fois. L’enfant est relié biologiquement à au moins un des parents. Le projet permet donc à des gens de recourir au don de gamètes dans une branche ou dans les deux branches pour optimiser les chances d’avoir un enfant comme ceci ou comme cela.
Ce projet organise forcément la programmation d’enfants plus ou moins sur mesure, le moins imparfait possible si on ne peut pas totalement planifier l’enfant parfait.
D’un point de vue anthropologique, cela pose problème. Cela n’a strictement rien à faire dans les deniers de l’assurance maladie. Que ce soit les femmes célibataires, les couples de femmes ou les couples fertiles hommes-femmes, aucun ne souffre d’infertilité pathologique.
Annoncer la prise en charge par l’assurance maladie de ces PMA est une grave injustice.
L’accès aux soins est de plus en plus minimisé de façon multiple. Des listes entières de médicaments sont retirées du panier des soins remboursables. Le ticket modérateur est augmenté pour de nombreuses maladies. On met fin au remboursement de médicaments considérés comme n’étant pas assez efficaces. Et on s’apprête à prendre en charge des soins qui ne correspondent à aucune pathologie. Cela se fera forcément au détriment de la prise en charge des maladies et donc des malades.
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