Audiences des films de Delon : la nostalgie se porte bien
Oublié, qu’il était, le samouraï, à en croire les bonnes consciences de gauche ! Enterré avant l’heure, le guépard ! On faisait, ici ou là, des vannes bien lourdes sur les prises de position supposées d’extrême droite d’Alain Delon, alors que la dépouille du fauve était encore tiède.
Guillaume Meurice, jamais en retard d’une ignominie, s’était fendu d’un tweet dégueulasse le montrant aux côtés de Jean-Marie Le Pen. Les reproches sur les accointances de Delon avec la droite patriote ne dataient d’ailleurs pas d’hier. On reverra avec profit cette séquence d’On ne peut pas plaire à tout le monde dans laquelle, face à un Marc-Olivier Fogiel insupportable en Fouquier-Tinville au petit pied, Delon ne se démontait pas et revendiquait d’être le « copain » de la bête immonde. À ses côtés, Nicolas Sarkozy, pas encore totalement acquis à la stratégie Buisson, avait bien du mal à être aussi courageux. Mais bon, en tout cas, de l’avis général du petit monde médiatique, quand Alain Delon a rendu l’âme, il était déjà oublié.
Par acquit de conscience, eût-on dit, la télévision choisit tout de même de diffuser certains de ses anciens succès en guise d’hommage obligatoire. Et là, surprise ! Au box-office du 18 août, Le Samouraï, diffusé sur France 2, s’est classé deuxième, derrière l’excellent Notre-Dame brûle, sur TF1. En tout, avec la diffusion de Borsalino sur W9, ce sont près de 3,6 millions de Français qui ont regardé un film dans lequel jouait Alain Delon, le jour de sa mort. Pour un artiste que l’on disait appartenir au passé, ce n’est pas mal. C’est même assez admirable. Évidemment, les programmateurs n’ont pas choisi Le Guépard, trop long, trop compliqué, ni le très bon Big Guns, auquel notre ami Nicolas Gauthier rendait dans ces colonnes un hommage mérité (trop violent, trop typé). On peut même regretter que ce ne soit pas le remarquable Mort d’un pourri qui ait été retenu. Musique de Sarde, Stan Getz au saxo ; dialogues d’Audiard, d’une noirceur rare et d’une drôlerie corrosive ; Ornella Muti angélique et sensuelle, Maurice Ronet sombre et tourmenté, Julien Guiomar et Michel Aumont dans des seconds rôles comme on n’en fait plus, Klaus Kinski glaçant… Une prochaine fois, peut-être, car le fond de l’intrigue n’a pas pris une ride.
En tous les cas, les Français n’ont pas la mémoire courte. Ils savent ce qu’ils doivent à leurs grands acteurs : de les avoir fait rêver, de les avoir transportés, d’avoir figé, incarné pour quelques instants, le meilleur de ce que nous sommes. La nostalgie se porte bien. Elle fait des millions de vues, comme on le dit aujourd’hui, dans notre monde de youtubeurs et de course au « likes ». Étymologiquement, la nostalgie, c’est la douleur de celui qui veut revenir, la douloureuse tension vers le retour. C’est ce que ressentit Ulysse pendant ses dix ans d’errance vers Ithaque. C’est ce que nous, incorrigibles passéistes, ressentons devant ces films heureux (même quand ils étaient sombres), devant ces avenues pas encore noires de monde, devant cette politesse cravatée et ces robes qui volent sous la brise de printemps.
Alain Delon, c’était ça, aussi. Un homme des années 60-70, notre pinacle esthétique. On oubliera ses pochades sécuritaires des années 80, mal décalquées des « revenge movies » de l’Oncle Sam. On peut (c’est le cas de l’auteur de ces lignes) avoir du mal avec les films de Melville et leur côté poseur et glacé ; on peut (c’est le cas de notre ami Nicolas Gauthier) renâcler devant Borsalino, que sauvent pourtant (à tout le moins) la musique de Claude Bolling, la présence de Nicole Calfan et les vues de Marseille. Il n’empêche : Le Samouraï et Borsalino valent bien des productions contemporaines, et il est heureux que les spectateurs s’en aperçoivent encore.
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30 commentaires
Alain Delon, un « facho » selon un certain esprit étriqué mais un être libre, talentueux et admiré dans le monde entier. Aucune chance que l’esprit étriqué précité n’atteigne un jour une telle notoriété.
Un film avec Alain Delon c’est quand méme beaucoup mieux que des navets de gauche Woke.
C’est vrai, les grands acteurs ne meurent pas…
Raimu est toujours là, Jouvet aussi… Gabin, bien
sûr, avec Ventura Bourvil … Delon
rejoint Belmondo qui lui aussi figure parmi les immortels.
Il y en a d’autres bien sûr, mais qui n’ont peut-être pas l’aura des précédents ;je pense au grand Philippe Noiret.
Ne boudons pas notre plaisir de voir et revoir cet acteur qui, qu’on le veuille ou non, fait partie des derniers Grands dans ce monde étriqué de « socialo-caviar », l’actuel milieu dit « artistique » mondial. Merci Monsieur et à+.
eh oui le « bon peuple » résiste au « néo progressisme » ,et apprécie toujours les grands acteurs qui nous ont quitté, image d’une culture française qui n’existe plus; n’en déplaise aux guignols sordides du wokisme
Comme quoi les grands acteurs ne sont pas forcément de gauche ( tiens d’ailleurs, y en a-t-il de gauche ?)
Alain Delon, toujours droit dans ses bottes. Tendre la main , dialoguer, une règle qui devrait inspirer nos diplomates modernes bardés de diplômes. Parti de rien, sans bagages dirons-nous, beaucoup plus rationnel, objectif que ces rigolos à la mode « Sciences Po ». La présente époque le dégoutait. Il n’est pas le seul. Et il l’affiche en tenant à une cérémonie intime, sans hommage national, un pied de nez à ce monde en errance. Merci Monsieur Alain Delon pour nous avoir transportés contre vents et marées.
Pardon mais Monsieur ALAIN DELON a eu UNE FORMATION « de terrain » qui vaut 10.000 fois cette « fameuse sciences PO » : l’ARMEE ! …
Il suffit de voir tous ces coucous poly-tocards qui sont devenus « la 5ème colonne » de l’islamisation en France ! … Il n’y a pas que les encartés du groupuscule « La France Islamique » qui détrusent la nation « FRANCE » …
Je suis très satisfait que le « Président-des-cercueils » ne puisse pas aller près du cercueil de Monsieur Alain DELON et « intoxiquer » son environnement aux derniers moments de sa « présence » sur Terre ! …
MERCI à ce monsieur qui a toujours été « droit dans ses bottes » ! …
Bien
La télé et le cinéma ne tentent guère …revoir les films de Delon ..permet de revoir notre France d’avant ..et sans embrassades intempestives et dérangeantes .c’était un grand ..
Cette nostalgie prouve que ce cinéma savait remplir les salles obscures…
Aujourd’hui, ces salles ferment les unes après les autres, et sont rachetées, pour les plus grandes et iconiques d’entre elles, par des fonds qataris ou saoudiens.
On peut ne pas apprécier l’homme mais l’acteur était sublime
bien
Il faisait partie de cette trempe d’acteurs, à forte personnalité, qui n’avait pas peur d’affirmer ses idées, de l’élégance, de la dignité, le sens de l’honneur . Je n’ai jamais entendu À. Delon, ni les autres de sa génération, être grossier, vulgaire envers qui que ce soit.
Écouter bien moi j’ai été sur plusieurs tournage de film sur paris et bien monsieur Delon était insupportable et oui
La nostalgie arrive quand le présent n est plus à la hauteur du passé. Delon restera pour moi un excellent acteur, je crains la disparition de ces stars comme lui comme Belmondo avant lui, comme notre Brigitte Bardot à qui je souhaite encore de belles années. Elles sont comme des lumières qui éclairent notre présent, témoins d un autre temps, et lorsqu’une d’entre elle s éteint c’est le souvenir d un passé heureux qui s éteint avec elle.
Je me demande si les obsèques discrètes d’Alain Delon ne vont pas priver Jupiter d’une péroraison.
Le pauvre, il ne va pas donner sa version.
Ouf !!
Excellent article qui rend hommage à cet homme de talent . Et surtout les bons films étant chose rare actuellement on se rabat forcément sur les bon films avec de bons acteurs . Films qui ont rapporté de l’argent à ce qui y ont participé sans aucunes subventions des contribuables , on ne les apprécie que davantage .