Aurélien Saintoul, député LFI et commissaire politique

Aurélien Saintoul

C’est le député LFI dont on parle le plus, ces derniers jours. Âgé de 35 ans, député des Hauts-de-Seine, Aurélien Saintoul est à l’origine de la commission d’enquête parlementaire sur l’attribution des fréquences de la TNT. Il en est également le rapporteur, c’est dire si ce rôle le met, depuis un mois, sous les feux de la rampe, propulsant en pleine lumière celui qui est aussi secrétaire de la commission nationale de la Défense et des forces armées.

D’où vient-il ? Ce professeur agrégé de lettres classiques, passé par les bancs des classes préparatoires du prestigieux lycée Louis-le-Grand, est en 2017 le suppléant de la candidate communiste Yasmine Boudjenah pour les Hauts-de-Seine. Celle-ci ayant échoué à la députation, Saintoul remplit les offices de collaborateur parlementaire de Bastien Lachaud (LFI) jusqu’en 2022. Il est également élu conseiller municipal de Montrouge sur une liste soutenue par tous les partis de gauche, EELV, Génération.s et LFI en 2020. En 2022, il bat la candidate sortante LREM et est élu député. On peut sans trop s’avancer affirmer que la gauche la plus radicale coule dans ses veines et qu’il porte son idéologie en bandoulière.

Il se fait remarquer en 2023 lors du débat parlementaire sur la réforme des retraites en traitant le ministre du Travail de l’époque, Olivier Dussopt, d’« imposteur » et d’« assassin ». Puis en traitant Gérard Larcher d’être « grossier, inepte » lorsque celui-ci avait intimé à Jean-Luc Mélenchon, par ondes interposées, de « fermer sa gueule ». Un assaut d’élégances oratoires qui colle bien à l’époque. On conviendra, à la décharge de Saintoul, que les bancs de l’Assemblée nationale en ont vu d’autres.

Où l'on parle... du cardinal Sarah !

Mais c’est véritablement le lancement de la commission d’enquête sur l’attribution des fréquences de la TNT qui lui permet de se révéler : les téléspectateurs des auditions des stars et patrons du groupe Canal+ ont découvert, sans doute un peu ébahis, un personnage somme toute falot, au phrasé lénifiant, avachi ostensiblement sur son pupitre pendant l’audition de Vincent Bolloré – pour montrer le peu de cas qu’il fait du capitaine d’industrie, sans doute – mais dont le ton volontiers inquisiteur n’a échappé à personne. De cette commission d’enquête il entendait bien faire une instruction à charge, même s’il a au préalable prétendu le contraire dans les colonnes du Parisien : « Ce ne sera pas un match de boxe. Nous allons essayer d’établir des faits sur un sujet fondamental », avait-il promis. Ce qui laissait Philippe Ballard, député RN et ancien journaliste chez LCI, légèrement dubitatif : « Ça va être sport. […] les Insoumis et les écologistes sont dans une croisade » contre CNews et « vont essayer de se faire passer pour les chevaliers blancs. »

Dès les premières questions, l’audition glisse vers l’interrogatoire, le ton se veut inquisiteur, les questions sont parfois fort éloignées du but de la commission (l’attribution des fréquences de la TNT) et franchissent allègrement la frontière de la vie privée des auditionnés. On avouera que la question posée à Vincent Bolloré « Selon Le Monde, vous auriez rencontré madame Saporta aux obsèques de Pal Sarkozy ; à cette occasion, votre conversation avec elle portait-elle sur le cardinal Sarah ? » est plutôt incongrue, de même que l’insistance sur ce sujet : « Mais est-ce bien le sujet de la conversation qui a eu lieu ? Il n’y a pas eu de conversation ? Vous n’avez fourni aucune directive à madame Saporta à cette occasion ? » La réponse du milliardaire breton tombe, définitive : on ne parle « pas dans une église et je n’ai jamais parlé de ma vie à madame Saporta, à part ce moment où on me l’a présentée ».

« Et sinon, la TNT ? », serait-on tenté d’ajouter

On passera tous les commentaires et expressions méprisantes du rapporteur, notamment vis-à-vis de « l’armée mexicaine de CNews » et du « bla-bla-bla » jeté à Laurence Ferrari. Mais ce qui ressort de l’audition est la manifestation éclatante de ce défaut bien français et particulièrement répandu dans les rangs de La France insoumise : la haine viscérale des riches, la jalousie mauvaise face au succès, la méconnaissance et le mépris de l’entrepreneuriat. Saintoul n’a-t-il pas lui-même avoué, sur LCP : « Ce dont il est question, ce n’est pas de la liberté en général mais de la liberté des riches » ?

Quand Saintoul demande le salaire de Maxime Saada, président du directoire du groupe Canal+, il conclut la réponse d’un grinçant et inutile : « On aimerait connaître une telle politique d’austérité. » Quand Vincent Bolloré, pour expliquer ce qui selon lui fait le succès et la longévité du groupe Canal, affirme que « je leur donne à tous, je crois, la stabilité et le goût d’entreprendre », on sent bien qu’il s’adresse à un sourd. Et quand, enfin, évoquant avec Cyril Hanouna le montant des amendes que ce dernier a fait infliger à C8, il ne peut s’empêcher de commenter : « Je peux aussi suggérer respectueusement que vous pensiez à réduire éventuellement votre salaire. Je pense qu’il y a un petit peu de marge, et vous ne priveriez pas le public d’émissions de qualité. »

Saintoul parvient enfin - véritable tour de force - à faire bondir le président de la commission d’enquête, Quentin Bataillon (Renaissance) : « Je ne suis pas sûr que cette précision était vraiment utile. […] ce type d’attaque personnelle n’est pas utile, vous le savez par expérience. Ça ne met jamais les auditionnés ni les autres membres de la commission dans de bonnes dispositions pour continuer, donc la parenthèse sur le salaire, ce n’est pas forcément utile. » Pas utile, mais très révélateur.

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Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

63 commentaires

  1. De vrais et utiles commissions d’enquêtes se serait bien : par exemple sur la Cour des Comptes ( qui arrive avec ses expertises après le vote à l’Assemblée ) sur le service dit public, sur l’utilisation d ‘argent ( on a appris par Mme Bergé que les/des assoc’s féministes étaient subventionnées) dont on ne sait exactement où il va etc Les thèmes sont nombreux. Mais là ! Ca fait commissaires politiques à priori ! Ce n’est pas sain, ni plein de panache. On reproche, accuse etc Si encore on nous disait franchement que des chaînes privées ( surveillées par l’Arcom) ne pouvait pas, ne devaient pas vraiment suivre une ligne éditoriale… Il faut dire que LFI était à la manoeuvre si j’ai bien compris. Cependant, ils ont un peu loupé leur coup. M. Bolloré _ et Hanouna aussi , ont engrangé de la sympathie auprès de nombre de Français.

  2. Torquema est réincarné : incroyable comportement d’un rapporteur devenu grand inquisiteur , avec au passage des questions qui n’ont rien à voir avec l’attribution TNT et des allusions hors du contexte .Heureusement le comportement du président de cet interrogatoire a été digne et exemplaire pour ramener la haine et la hargne de saintoul .A noter la dignité d’un grand capitaine d’entreprise , un Praud à sa place et un Hanouna que je ne connaissait pas mais qui mérité d’être connu et qui a très bien répondu en gardant un calme que je n’aurais sûrement pas gardé .Un procès à charge que la France Imbécile mène avec son arrogance habituelle , idem pour les écolos frustrés : triste vision d’une France qui a perdu sa grandeur!

  3. Je trouve totalement sur réaliste le fait de devoir répondre à ce genre d’interrogatoire devant une commission de LFIStes .Ca reste complètement dingue qu’une chaine de télévision en France ne puisse pas diffuser ce qu’elle veut et dire ce qu’elle veut d’autant plus qu’elle est privée. Les gens ont le choix de zapper et de bouder si ca ne leur plait pas.
    Est on en France ou en Chine sous le régime de Mao ?

  4. Maintenant les gamins font la loi mai pour qui il se prend, Ah oui pour un commissaire du peuple cher camarade

  5. Le nouveau Torquemada. S’il pouvait utiliser la torture, il le ferait sans se poser de questions.

  6. Quand monsieur Saintoul aura monté une entreprise avec 10 salariés pendant 10 ans sans subvention, il pourra faire le Ké Ké.

  7. Ce M. Saintoul a l’air de s’ennuyer ferme. Espérons qu’il soit plus vif lorsqu’il enseigne.
    Quelle perte de temps.

  8. Ahurissant de constater que dans ce tribunal révolutionnaire la collusion entre les procureurs de LFI avec les juges macroniens pour condamner a l’avance Vincent Bollore ! A l’évidence nous sommes devant un tribunal révolutionnaire et cela fait très peur ! La France macronienne perfide devient pire que l’URSS ! J’admire le calme de Vincent Bollore et son extrême contrôle face à ce tribunal ! Vive Cnews, vive Vincent Bollore !

  9. Nous sommes revenu au temps de l’inquisition. Incroyable cette mise en scène digne d’un tribunal

    Un seul bon point pour Monsieur Saintoul. Contrairement à ses collègues de LFI, il arbore une tenue vestimentaire correspondant à un certain respect pour sa fonction.
    Ses comparses ne savent que se présenter en déraillé, en T-shirt acheté aux puces, ou chez Temu.

    Quant à Monsieur Bolloré, calme et dignité sont son apanage. Battez vous contre ces idiots utile, et sauvez CNews, afin de nous permettre de ne pas nous retrouver dans 1984. Il y en a qui ne cherchent que ça. VIVE CNEWS.

  10. Lui il suggère aux autres de réduire leurs salaires ? qu’il commence déjà à réduire le sien ! Il y a des gens qui sont rien comme disait notre président …..on vient d’en trouver un !

  11. saintoul, le mépris comme seul objectif, monsieur arrive avec ses questions pour beaucoup n’ayant aucun rapport avec l’objet de la commission, et une fois ses questions posées il se remet à son téléphone sans écouter les réponses apportées, quand aux salaires des uns et des autres, je pense que des types comme ça qui sont nos employés, puisque nous les payons avec nos impôts devraient bosser plutôt que fanfaronner dans toutes les instances où ils sont présents.

  12. Normalement l’étude des lettres classiques devraient calmer les caractères aigris, jaloux, envieux et atrabilaires. Mais chez certains c’est peine perdue…

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