Budget 2025 : les armées ne sont pas à l’abri de la rigueur

défense armée © Facebook Armée française - Opérations militaires

On apprend, ces jours-ci, que le budget envisagé par le gouvernement Barnier risque d’être le plus austère depuis bien longtemps : hausses d’impôts au programme dans le pays le plus taxé du monde, ainsi qu’une quarantaine de milliards d’euros d’économie à trouver – on ne sait où. Bref, il faut des sous… et c’est peut-être au ministère des Armées qu’on va les demander.

Un article du Figaro se penchait, le 10 octobre, sur le devenir de la loi de programmation militaire, annoncée comme une évolution historique, à grand renfort d’annonces tonitruantes. Trois ministères ont fait l’objet de telles lois de programmation, dans les dernières années : la justice, la Recherche et les Armées. Ces ministères, comme l’a dit Michel Barnier dans une interview accordée à nos confrères de La Tribune Dimanche« devront fournir leur part d’effort, notamment par des redéploiements, même si les lois de programmation seront globalement préservées ». Ou quand, à force de vouloir apaiser les Français, on finit par les endormir. La loi de programmation militaire LPM 2024-2030, malgré des budgets qui semblent faramineux (413 milliards d’euros sur sept ans), ne contient, de l’avis de tous les experts, aucune marge abusive. Les munitions coûtent cher, surtout celles qui sont employées dans des campagnes d’artillerie comme celles qui font rage en Ukraine depuis 2022, et le surcoût induit par les opérations extérieures n’a pas encore été abordé. Il se monte à 2 milliards, au lieu des 750 millions initialement prévus. Si ce surcoût n’est pas assumé en interministériel, la quasi-totalité des 3 milliards supplémentaires prévus cette année sera absorbée par le poids financier des OPEX.

Une armée « bonne de guerre », un objectif très hypothétique

Bref, ça part mal. Si l’on ajoute à cela le soutien à l’Ukraine (3 milliards d’euros), devenu un enjeu médiatique avec la formation de la brigade ukrainienne « Anne de Kiev » dans l’est de la France, on comprend que cet écartèlement ne pourra pas durer trop longtemps. L’enjeu, pour la France, qui aspire à peser dans l’OTAN, est aussi d’être un allié crédible. L’armée de terre, par exemple, affirme qu’elle veut disposer d’une division au format OTAN, « bonne de guerre », c’est-à-dire apte à l’engagement, pour 2027. Comment les armées tiendront-elles cet engagement si on leur rabote leurs crédits ? Mystère.

Le problème structurel des relations entre le gouvernement et son armée est peut-être à chercher encore plus loin. En 1958, l’opération « Résurrection », montée par les paras français, porta de Gaulle au pouvoir. Des soldats français avaient saisi la Corse. Des consignes étaient données pour que Paris soit pris d’assaut en cas de besoin. Trois ans plus tard, l’homme du 18 juin abandonnait l’Algérie et déjouait une tentative de putsch. Depuis cette période troublée, les armées ont intériorisé leur soumission. Tout au plus certains généraux attendent-ils, parfois, d’avoir toutes leurs annuités pour se révolter avec un panache quelque peu artificiel. Le pouvoir sait que le budget de la Défense se prête mieux que d’autres (l’Éducation, par exemple) à des coupes drastiques : un militaire ne fait pas grève. Malheureusement pour nous, l’ennemi le sait aussi, et il y a fort à parier que la situation budgétaire est suivie de près, à Moscou, Pékin et même Washington ou Bruxelles…

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Arrêtrez un peu les annonces et scoops à caractère stressant. C’est loin d’être nouveau, cela fait plus de 30 ans que c’est du pareil au même. Un gouvernement fait intervenir son armée quelque part, c’est elle qui doit généralement payer les frais y afférents, sauf les rares cas où un budget rectificatif les prend généreusement, mais presque toujours partiellement, en charge.

    • Si l’on observe la haute valeur de nos gouvernements, il y a fort à parier que les chefs étoilés de nos armées, nommés par les premiers, soient de même acabit (les valables étant partis). Donc, au prochain conflit, la débandade prévisible ne sera pas uniquement la conséquence d’un budget amputé.

  2. Les armées sont hélas une nécessité dans un monde troublé tant au dedans qu’au dehors. Les économies à faire se situent plutôt dans la suradministration du pays qui crève sous les agences, les hauts comité et les comités Théodule, sans oublier un nombre d’élus pléthorique à souhait, un code de procédure pénal délirant sans oublier un code du travail prompt à faire renoncer une start-up de se développer en France. Mais il est plus facile de créer un impôt et tellement subtil de concocter des taxes pour satisfaire les cohortes de ministres en tous genres dont même le nom de leur ministère est tellement abscon qu’on en arrive à oublier et les uns et les autres. Sauf que ça coûte un « pognon de dingue » les créateurs de zinzins. Enfin si on consacrait un peu l’argent payé par les français pour s’occuper en priorité des français, la situation financière de leur pays s’améliorerait très probablement.

  3. « Si l’on ajoute à cela le soutien à l’Ukraine (3 milliards d’euros), devenu un enjeu médiatique avec la formation de la brigade ukrainienne « Anne de Kiev » dans l’est de la France, on comprend que cet écartèlement ne pourra pas durer trop longtemps »

    Enfin une bonne idée, faire 3 milliards d’économies afin d’arrêter une guerre qui ne nous concerne pas, et en plus, aider le mauvais côté.

  4. Alors que pour tenter l’impossible de boucler le budget nous continuons nos largesses vers l’Ukraine à croire qu’en définitif les milliards d’aide que ce pays reçois servent plus a enrichir certains qu’a l’effort de guerre évidement perdue. Tandis qu’en France Macron augmente les budgets ce n’est que pour maintenir leur fonctionnement vue l’augmentation du cout de fonctionnement.

  5. Une économie à faire, sans douleurs : le non remplacement de 130000 fonctionnaires (au bas mot) partant à la retraite. Montant 4 milliards !! Quel gouvernement aura le courage de faire le ménage dans les « régiments » qui pullulent dans les administrations ?

  6. Et Macron veut envoyer 5000 de nos soldats en Ukraine… Il veut couper les livraisons d’armes à Israel, mais continue à envoyer à Zelenski des armes et des munitions pour une guerre perdue d’avance… Qui peut croire que la Russie, avec son arsenal va se laisser manger ? Par contre, ça peu se terminer en guerre nucléaire à nos portes. Et avec les moyens qui nous restent… peu d’armes, pas d ’argent… Poutine crève peur… En même temps on laisse les soutiens du Hamas et du Hezbollah faire la loi en France. La cohérence de notre Predident est insondable.

  7. Voici quel est le coût annuel du diabète pour l’Assurance maladie:
    a) (certifié) 2015: 7.595.317.435 €;
    b) (certifié) 2021: 9.576.449.624 €, soit une augmentation annuelle de 4,35 %;
    c) (extrapolé) 2024: 10.825.391.013 €.
    En résumé, l’Assurance maladie dépense annuellement, pour le diabète, près de onze milliards d’€, chiffre en croissance annuelle de 4,35 %. Si vous investissez quelque euros pour développer le sport, il est possible de réduire la dépense de 1 à 2 milliards.

  8. Il faut être réalistes. La Russie se retient, car si elle le voulait elle écraserait l’Ukraine. Elle en a tout à fait les moyens. Les milliards que l’on donne à l’Ukraine ne servent à rien d’autre qu’à faire durer un conflit perdu d’avance…..ce sont donc des milliards jetés à l’eau, et des morts ukrainiens inutiles.

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