Autonomie de la Corse ? Le RN est contre. Reconquête est pour. Et les autonomistes ?

Capture d'écran X
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Par nature, tout est toujours compliqué sur l’île de Beauté. Surtout quand le gouvernement tente de trouver un énième accord sur son éventuelle l’autonomie. Il s’agirait donc, à en croire Gérald Darmanin, que « la présente écriture constitutionnelle puisse prévoir la reconnaissance d’un statut d’autonomie pour la Corse au sein de la République, qui tienne compte de ses intérêts propres liés à son insularité méditerranéenne, à sa communauté historique, linguistique, culturelle ayant développé un lien singulier à sa terre. » Dans la nuit de lundi à mardi, Gérald Darmanin a annoncé que le ministère de l’Intérieur et les élus corses avaient trouvé un accord définissant les modalités d’une réforme constitutionnelle modifiant le statut de l’île.

Et le ministre de l’Intérieur d’ajouter : « Il n’y pas de notion de peuple [corse] mais de communauté culturelle. » On a déjà lu plus clair ; même si l’existence d’un « peuple corse », que cela plaise ou non, a tout d’une évidence, pour qui s’est un jour rendu dans l’île en question. Une remarque qui vaut d’ailleurs pour d’autres « peuples » de France, antillais, breton, réunionnais, basque, savoyard ; et encore doit-on en oublier.

Les LR sont contre…

Immédiatement, Bruno Retailleau, patron du groupe LR au Sénat, poste sur X :

Même son de cloche chez Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, quoique plus prudent en la matière, lequel se contente de dire qu’une telle initiative pourrait créer « un précédent », même si, sur les « grands principes », il se montrerait plutôt « favorable à une forme d’autonomie ». Bref, notre homme, avec sa réponse de Normand, ne se mouille pas plus que ça.

Celui qui, en revanche, est autrement plus direct, demeure le représentant local du Rassemblement national, François Filoni, interrogé par nos soins : « La main tendue par Gérald Darmanin à la Corse a tout de celle qu’on tend au noyé. Les lois sur la décentralisation suffisent bien au développement de notre île. Pour résumer, cette décentralisation déjà en œuvre, c’est l’autonomie avec les moyens. Alors que l’autonomie consisterait à une décentralisation qui n’aurait même plus les moyens. »

Car en l’état, François Filoni estime que toutes les conditions sont déjà réunies pour assurer un meilleur avenir à la terre de ses ancêtres : « Il suffirait seulement de se débarrasser du mille-feuille administratif, des rentes locales et du clientélisme dont tant d’autonomistes profitent allègrement. » Pour lui, seul l’État français est à même d’assurer cette continuité territoriale propre à éviter que la Corse ne devienne une « société à deux vitesses », comme tant d’autres îles « victimes de leurs visées émancipatrices, Nouvelle-Calédonie et Polynésie » au premier chef.

Un RN plus républicain que jacobin ?

Et quand on lui fait le procès en « jacobinisme », souvent instruit contre le RN, François Filoni préfère s’affirmer « républicain » que « jacobin ». Un discours auquel ses compatriotes sont de plus en plus nombreux réceptifs, à l’en croire : « Aux dernières élections législatives, nous sommes montés à 13 %, alors que nous devions nous contenter, au précédent scrutin, de seulement 3 %, tandis que Marine Le Pen totalisait 58,08 % au second tour de l’élection présidentielle. » Pour autant, poursuit-il, « Marine Le Pen est on ne peut plus favorable à l’apprentissage de la langue locale, à condition, toutefois, que nous ne quittions ni la République et encore moins la France. » Corses et Français d’abord, en quelque sorte.

De son côté, Marie-Pierre Cesari, représentante locale de Reconquête, affirmait en ces colonnes : « Marion Maréchal est favorable à l’autonomie corse alors que Marine Le Pen est contre. » Aujourd’hui, elle affine son propos : « Si l’autonomie va dans le bon sens, pourquoi pas ? Mais quid de la lutte contre l’immigration ? En est-il fait état dans le texte de Gérald Darmanin ? Je ne crois pas. » Et comme là-bas, tout se corse vite, Nicolas Battini, chef de file de Palatina, mouvement néo-autonomiste, toujours interrogé en ces mêmes colonnes, en appelait à son identité insulaire tout en confirmant son attachement à la mère patrie, assurant au passage : « Nous avons rompu avec les anciens nationalistes devenus des bourgeois de gauche et qui qualifient désormais "d'extrême droite" toute forme de revendications identitaires. »

Autant dire que le débat est loin d’être clos.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

37 commentaires

  1. C’est aux Corses, et à eux seuls, de se prononcer sur leur avenir, comme cela s’est produit pour la Nouvelle Calédonie et Mayotte !

  2. Attendons nous à ce le 93 demande son autonomie puis son indépendance. Ce département doit être le dernier à ne pas avoir numérisé et mis en ligne la totalité des registres d’état civil anciens. Pourquoi ? Parce que les habitants actuels du 93 sont en grande partie issus de pays arabes ou de pays sans civilisation écrite. Ce département qui parle un français approximatif pourrait devenir un « Kossovo » c’est à dire une région ne répondant plus à la France tout en détenant la basilique St Denis là où sont enterrés les rois de France.

  3. « qui tienne compte de ses intérêts propres liés à son insularité méditerranéenne » La Corse est devenue Française il y a plus de deux siècles et demi et les intérêts de la France ne sont pas à négliger comme le suggère Darmanin. Vu précisément sa situation insulaire en Méditerranée occidentale c’est d’un intérêt stratégique dont il s’agit, la Corse c’est en quelque sorte (et pas que, bien sur) un deuxième porte-avion qui surveille ce territoire maritime.

  4. Encore une fois de plus, le peuple français n’est pas convié à se prononcer, encore moins les corses eux-mêmes, qui je suis sûr sont contre toutes formes d’autonomie ou d’indépendance.

  5. Après la Corse, la Bretagne, le Pays basque, l’Occitanie sans oublier bien sûr, parsemé par ci, par là, sur tout le territoire le peuple islamique qui fait déjà sa loi dans quelques enclaves de France avant d’en prendre le contrôle total !!

  6. Voila étalé au grand jour l’idéologie de ce président, donner une soit disante autonomie aux Régions, maintenant qu’elles ont été redimensionnées aux normes européennes, en faire des régions autonomes, mais membre de l’EU en lien directe, sans avoir besoin de passer par « Paris » en somme, le glas de la Nation France. la victoire de l’UE.

  7. La Corse précédera la Bretagne les Basques peut être aussi l’Auvergne, bon, pour l’île de France vaste sujet pour plus tard faudra consulter un voisin du Sud avec l’ambassade de France à Marseille.

  8. Venant du pays Basque, qu’en est il de l’autonomie du Pays Basque, qui lui aussi a sa langue et très ancienne.

  9. L’autonomie c’est l’indépendance déguisée ! On connaît d’avance et par expérience les résultats, toujours plus de fonds déversés sans contrôle, paralysie totale de l’administration française, etc… allons carrément vers l’indépendance ou rien !

    • Quels sont donc les « avantages » accordés au Corses ? Une tva réduite à 13 % sur les produits pétroliers et l’énergie, ce qui n’empêche pas un prix de vente supérieur de 10 % par rapport à celui du continent… Une détaxe sur les vins corses consommés en Corse, ce qui ne va pas bien loin. Et des droits de succession limités à 50 % (alors qu’ils étaient gratuits, suite à décision impériale d’il y a deux siècles)… Bref quelques broutilles pour diminuer le coût de la vie, bien plus élevé sur une île. On parle d’inégalité ? Pourquoi alors ne pas avoir aussi supprimé les avantages dont bénéficie l’Alsace-Moselle : continuité du Concordat signé en 1801 entre l’empereur Napoléon et le pape Pie VII, abrogé pour le reste de la France en 1905 ; règles de droit local toujours en vigueur…

  10. Et une autonomie de l’Alsace , la Bretagne , la Vendée et tous les autres c’est pour quand …..

  11. L’autonomie, partout où elle est passée, a donné lieu à des prévarications. Copinage, favoritisme, l’attribution de l’argent versé par la Métropole va suivre des trajets opaques. Avec de belles exemptions fiscales, déjà réclamées ce matin à la radio par le maire de Sisco: exempter de taxes les maisons des Corses qui n’habitent pas en Corse car travaillant sur le continent. Et taxer à fond les maisons des touristes. Le tour est trouvé en appelant les premières « maisons patrimoniales » et les dernières « maisons secondaires ». Et pourquoi pas une telle exemption nationale pour les expatriés? Gageons que les Corses lambda ne seront pas ceux qui profiteront le plus de cette autonomie.

    • Je le crains aussi. Tant qu’à faire, je préférerais l’indépendance… et qu’on n’en parle plus.

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