Autonomie de la Corse ? Le RN est contre. Reconquête est pour. Et les autonomistes ?
Par nature, tout est toujours compliqué sur l’île de Beauté. Surtout quand le gouvernement tente de trouver un énième accord sur son éventuelle l’autonomie. Il s’agirait donc, à en croire Gérald Darmanin, que « la présente écriture constitutionnelle puisse prévoir la reconnaissance d’un statut d’autonomie pour la Corse au sein de la République, qui tienne compte de ses intérêts propres liés à son insularité méditerranéenne, à sa communauté historique, linguistique, culturelle ayant développé un lien singulier à sa terre. » Dans la nuit de lundi à mardi, Gérald Darmanin a annoncé que le ministère de l’Intérieur et les élus corses avaient trouvé un accord définissant les modalités d’une réforme constitutionnelle modifiant le statut de l’île.
Ce soir, avec les représentants politiques corses, nous avons trouvé un large accord institutionnel conforme aux exigences fixées par @EmmanuelMacron. Cet accord sera prochainement débattu par l’Assemblée de Corse avant de prendre le chemin des consultations politiques… pic.twitter.com/6GaUrqD29A
— Gérald DARMANIN (@GDarmanin) March 12, 2024
Et le ministre de l’Intérieur d’ajouter : « Il n’y pas de notion de peuple [corse] mais de communauté culturelle. » On a déjà lu plus clair ; même si l’existence d’un « peuple corse », que cela plaise ou non, a tout d’une évidence, pour qui s’est un jour rendu dans l’île en question. Une remarque qui vaut d’ailleurs pour d’autres « peuples » de France, antillais, breton, réunionnais, basque, savoyard ; et encore doit-on en oublier.
Les LR sont contre…
Immédiatement, Bruno Retailleau, patron du groupe LR au Sénat, poste sur X :
Contrairement aux proclamations officielles, le projet sur la #Corse revient bien à constitutionnaliser le communautarisme. Reconnaître « une communauté historique, linguistique et culturelle » revient bien à reconnaître la notion de peuple corse comme l’affirmait le 25/2 dernier…
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) March 12, 2024
Même son de cloche chez Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste, quoique plus prudent en la matière, lequel se contente de dire qu’une telle initiative pourrait créer « un précédent », même si, sur les « grands principes », il se montrerait plutôt « favorable à une forme d’autonomie ». Bref, notre homme, avec sa réponse de Normand, ne se mouille pas plus que ça.
Celui qui, en revanche, est autrement plus direct, demeure le représentant local du Rassemblement national, François Filoni, interrogé par nos soins : « La main tendue par Gérald Darmanin à la Corse a tout de celle qu’on tend au noyé. Les lois sur la décentralisation suffisent bien au développement de notre île. Pour résumer, cette décentralisation déjà en œuvre, c’est l’autonomie avec les moyens. Alors que l’autonomie consisterait à une décentralisation qui n’aurait même plus les moyens. »
Car en l’état, François Filoni estime que toutes les conditions sont déjà réunies pour assurer un meilleur avenir à la terre de ses ancêtres : « Il suffirait seulement de se débarrasser du mille-feuille administratif, des rentes locales et du clientélisme dont tant d’autonomistes profitent allègrement. » Pour lui, seul l’État français est à même d’assurer cette continuité territoriale propre à éviter que la Corse ne devienne une « société à deux vitesses », comme tant d’autres îles « victimes de leurs visées émancipatrices, Nouvelle-Calédonie et Polynésie » au premier chef.
Un RN plus républicain que jacobin ?
Et quand on lui fait le procès en « jacobinisme », souvent instruit contre le RN, François Filoni préfère s’affirmer « républicain » que « jacobin ». Un discours auquel ses compatriotes sont de plus en plus nombreux réceptifs, à l’en croire : « Aux dernières élections législatives, nous sommes montés à 13 %, alors que nous devions nous contenter, au précédent scrutin, de seulement 3 %, tandis que Marine Le Pen totalisait 58,08 % au second tour de l’élection présidentielle. » Pour autant, poursuit-il, « Marine Le Pen est on ne peut plus favorable à l’apprentissage de la langue locale, à condition, toutefois, que nous ne quittions ni la République et encore moins la France. » Corses et Français d’abord, en quelque sorte.
De son côté, Marie-Pierre Cesari, représentante locale de Reconquête, affirmait en ces colonnes : « Marion Maréchal est favorable à l’autonomie corse alors que Marine Le Pen est contre. » Aujourd’hui, elle affine son propos : « Si l’autonomie va dans le bon sens, pourquoi pas ? Mais quid de la lutte contre l’immigration ? En est-il fait état dans le texte de Gérald Darmanin ? Je ne crois pas. » Et comme là-bas, tout se corse vite, Nicolas Battini, chef de file de Palatina, mouvement néo-autonomiste, toujours interrogé en ces mêmes colonnes, en appelait à son identité insulaire tout en confirmant son attachement à la mère patrie, assurant au passage : « Nous avons rompu avec les anciens nationalistes devenus des bourgeois de gauche et qui qualifient désormais "d'extrême droite" toute forme de revendications identitaires. »
Autant dire que le débat est loin d’être clos.
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37 commentaires
Tout ça n’est que de l' »enfumage » macronien, pour ne pas parler des vrais sujets qui fâchent avant les élections. Gageons qu’ils en trouveront d’autres quand celui ci aura fait long feu
Autonomie de la France en Europe, oui, mais autonomie de la Corse en France, là, non…
On veut faire l’Europe mais on divise les départements, une vraie fumisterie.
Des corses, il aurait pu y avoir des franco-corses par mixité ethnique et sociale; un grand nombre de corses dans l’armée et dans l’administration de l’hexagone et de nombreux hexagonaux implantés en Corse et mieux avec nombreux mariages franco-corses. Il me semble que cela avait déjà germé dans la tête de Napoléon. Du coup, plus de problèmes d’autonomie ou d’indépendance.
Napoleon ..au secours ..ils sont devenus fous ..vous qui avez tant aimé la France …messieurs ne touchez pas aussi à ma Bretagne …bretonne de souche et fière ..
Ah ! cette autonomie Corse, que d’encre va se déverser encore une fois sur ce sempiternel sujet, et récurent ?
Moi j’attends avec impatience que les bretons prennent le relai ainsi que les basques puis les alsaciens/lorrains, puis les creusois, les corréziens, les lozériens, les nîmois . Bref, chacun qui en a marre des frasques de celui qui a été placé au sommet de l’Etat, et qui est en train de finir de le ruiner. Va t’il être capable de nous faire passer au-delà des 3000 Milliards d’€ de dette ?…
Alors haut les cœurs ! et pensez à demander votre « libération » régionale, c’est la période des soldes…
en clair leur autonomie, c’est je garde les recettes vous payez les dépenses, cela ne s’appelle pas de l’autonomie, ça s’appelle de la faiblesse de l’état, ou ils sont autonomes à 100% ou ils ne le sont pas, sans cela ce n’est pas de l’autonomie. Il ne reste plus qu’à la bretagne à demander aussi, le Nord, l’Alsace c’est fait aussi en partie, les Savoie, le Puy de Dôme, et retour au Moyen Age ou le pays France n’était que l’Ile de France.
Ah tous ces « français de papier » qui détricotent la France !
Indépendance de la Flandre, vite !
Bonjour Les élections en vue
“En politique, rien n’arrive par hasard. Chaque fois qu’un événement survient, on peut être certain qu’il avait été prévu pour se dérouler ainsi.”
Franklin Roosevelt
Pour une fois je suis en désaccord avec Reconquête.
L’autonomie de la Corse et la Souveraineté de la France ne sont pas compatibles.
Et qu’en pense le peuple de France d’ailleurs?
Il est possible de se revendiquer nationaliste et défendre l’autonomie qui n’est qu’une sauvegarde de sa gouvernance, de son devenir, de sa survie, d’une protection contre des fournitures étrangères non conformes à ce qui est attendu. Le mieux serait d’ajouter la souveraineté ce qui protègerait de cette nasse européenne qui veut enfermer les territoires dans un multiculturalisme non souhaité, source d’insécurités ou qui veut contraindre à accepter une culture trop différente de la nôtre, des normes à dormir debout. En quelque sorte, rester corses, sauvegarder un territoire merveilleux, ne pas se laisser imposer des dogmes et coutumes inadaptées. Je défends donc ces corses qui souhaitent s’extraire de cette pieuvre Europe qui ne fera que détruire l’identité des autochtones, leur culture et la beauté de leur territoire.
La Corse libre va-t-elle devenir le Cuba de Poutine, d’où il pourra lancer ses missiles à longue portée sur l’Élysée ? S’ils sont tous partis en Ukraine, la Macronie aura-t-elle encore suffisamment de soldats pour débarquer sur les plages du golfe de Calvi ?
Autonomie de la Corse, pas de problème, si la majorité des autochtones y est favorable… Mais attention, aautonomie financière aussi. Que l’on fasse un référendum.
Il n’est pas même sûr que l’hypothèse d’une vraie autonomie trouve une majorité en Corse. Ils se connaissent trop bien entre eux.
La macronie, à force de baisser son pantalon devant toutes les minorités agissantes, va finir par ne plus le remonter, ça fera gagner du temps. Que ne feraient ils pas pour grapiller des voix de ci de là? Lamentable!
Encore une magouille macronienne afin de mieux diviser et de faire oublier la litanie des échecs précédents.