Autriche : la victoire du FPÖ est celle d’un homme, Herbert Kickl

Herbert Kickl (au centre) fête les résultats des législatives. 
Source: Compte X
FPÖ @FPOE_TV
Herbert Kickl (au centre) fête les résultats des législatives. Source: Compte X FPÖ @FPOE_TV

Le FPÖ (Freiheitliche Partei Österreichs), « l’extrême droite autrichienne » comme dit la presse internationale, est arrivé en tête des élections législatives ce 29 septembre avec 29,1 % des suffrages, devant l’ÖVP (chrétien-démocrate) et le SPÖ (social-démocrate, centre gauche). Le programme du FPÖ - « Forteresse Autriche - Forteresse de la liberté » - a séduit les électeurs.

Dans cette forteresse, la lutte contre l’immigration tient une place importance, avec le renforcement des frontières, la suspension du droit d’asile, la fin du regroupement familial, la lutte contre le travail illégal ou la remigration des criminels. De quoi horrifier les bonnes consciences, d’autant que le FPÖ souhaite aussi lutter contre « les gangs de jeunes migrants » qui agressent filles et jeunes femmes et mettre fin à la « propagande queer » en milieu scolaire et à « l’endoctrinement » que favorisent des médias univoques.

Qui est donc Herbert Kickl?

Ce succès électoral est celui de Herbert Kickl, qui a pris la tête du FPÖ en juin 2021 et qui rejoint les politiques émergeants à la façon d'Alice Weidel en Allemagne, ou de plus installés comme Geert Wilders ou Viktor Orban. La presse qualifie volontiers Kickl de « provocateur d’extrême droite » qui mettrait en péril l’Etat de droit. Des éléments de langage qui invitent à y regarder de plus près. Kickl a une longue expérience de député (octobre 2006 à décembre 2017), il est ensuite ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de coalition ÖVP-FPÖ. Il tente d’alerter les pays de l’UE sur les dangers de l’immigration : suffisant pour faire de lui un épouvantail. En mai 2019, l’Autriche est secouée par l’Ibizagate qui fait tomber le chef du FPÖ et vice-chancelier Heinz-Christian Strache, entraînant la démission des ministre FPÖ, dont Kickl.

Mais celui-ci rebondit très démocratiquement: Il est réélu député dans la foulée. Grand créateur de slogans - « Daham statt Islam », qu’on pourrait traduire par « on est chez nous, pas en islam » est un des plus célèbres -, Herbert Kickl séduit les foules par une prise de position à contre-courant lors de l’épidémie de Covid. Dénonçant le confinement et la vaccination obligatoire, et sans nier les risques de la propagation de la maladie, il en appelle à la raison avec des mesures moins radicales. Pour ce qui est de la guerre russo-ukrainienne, il refuse de financer l’armée ukrainienne : « L’Autriche devrait utiliser son argent pour sa propre armée », dit le programme du FPÖ.

La reductio ad Hitlerum toujours de mise

Dans toute l’Europe, contre l’adhésion populaire aux partis qui veulent lutter contre l’immigrationnisme, prévaut la reductio ad Hitlerum. Séduisant de plus en plus d’électeurs, le RN, l’AfD, le FPÖ, en sont victimes. Un exemple concernant Herbert Kickl ? Toute la presse reprend en chœur qu’il souhaite se faire appeler « Volkskanzler » (chancelier du peuple), s’il accède à la fonction. Comme Hitler, disent les médias. Ils pèchent par omission, car d'honorables chanceliers d'après-guerre auraient voulu prendre ce titre, comme Ludwig Erhard en Allemagne, ou ont été surnommés de la sorte par popularité, comme Bruno Kreisky en Autriche.

Il revient au président autrichien Alexander van der Bellen de nommer un chancelier, mandat normalement attribué au chef du parti vainqueur. En déclarant dimanche soir qu’il veillera à ce que soient respectés « les piliers fondamentaux de notre démocratie libérale », à savoir « l’État de droit, la séparation des pouvoirs, les droits de l'homme et des minorités, l'indépendance des médias et l'adhésion à l’UE », et pour qui lit entre les lignes, le président ne nommerait donc pas Herbert Kickl. Au mépris des usages. Si une coalition doit se faire, ce sera plutôt le deuxième sur le podium, l’ÖVP, qui aura des atouts pour la mettre sur pied. Les électeurs du FPÖ se feront-ils voler la victoire ? Il n'empêche : « Après les scrutins italiens, néerlandais et français, cette lame de fond qui porte la défense des intérêts nationaux, la sauvegarde des identités et la résurrection des souverainetés, confirme partout le triomphe des peuples », a tweeté Marine Le Pen en saluant la victoire du FPÖ.

Samuel Martin
Samuel Martin
Journaliste

Vos commentaires

2 commentaires

Laisser un commentaire

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois