Aux côtés d’Israël, l’Amérique face à la montée des périls
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Face à l'horreur du terrorisme islamiste qui vient de frapper Israël, les mots de Joe Biden ont été forts et sans ambiguïté. Lors d’une allocution prononcée mardi dernier, le président américain a commencé par décrire les exactions dont le peuple israélien avait été victime : des familles entières massacrées, des femmes violées, des bébés tués.
Il s’agissait, dès le départ, de bien faire comprendre que cette guerre n’était pas comme les autres. « La brutalité du Hamas – cette soif de sang – rappelle le pire – les pires déchaînements de l’État islamique. C'est du terrorisme », a déclaré Joe Biden. « Le Hamas ne défend pas le droit du peuple palestinien à la dignité et à l'autodétermination. Son objectif déclaré est l’anéantissement de l’État d’Israël et le meurtre du peuple juif », a-t-il ajouté, en réponse à tous ceux qui tenteraient de donner des justifications politiques à de tels actes.
« Nous sommes aux côtés d’Israël. Et nous veillerons à ce qu’Israël dispose de ce dont il a besoin pour prendre soin de ses citoyens, se défendre et répondre à cette attaque », a par la suite affirmé le président américain. Un soutien plein et entier des États-Unis à son allié historique rendu d’autant plus nécessaire qu’on dénombre plus d’une vingtaine de citoyens américains tués dans l’attaque et environ dix-sept disparus dont on ne sait pas s’ils sont actuellement retenus en otages par le Hamas.
La crainte d’une extension du conflit
L’annonce, par Joe Biden, du transfert vers la Méditerranée orientale d’un groupe aéronaval avec le porte-avions Gerald-Ford se voulait un premier message dissuasif à l’intention de « tous ceux qui envisagent de profiter de cette situation ». « Ne le faites pas », a-t-il insisté. La crainte est forte, en effet, d’un embrasement généralisé du Moyen-Orient. Comme en Ukraine, où il s’efforce d’éviter une confrontation directe avec la Russie, Joe Biden fait face au défi de s’engager aux côtés d’Israël sans provoquer une guerre régionale qui pourrait opposer les États-Unis à l’Iran.
L’Iran qui est dans toutes les têtes depuis que le Wall Street Journal a publié un article suggérant que les Iraniens étaient derrière l’attaque barbare du Hamas. « Les responsables de la sécurité iranienne ont aidé à planifier l'attaque surprise du Hamas contre Israël samedi et ont donné leur feu vert à l'attaque lors d'une réunion à Beyrouth lundi dernier, selon des hauts responsables du Hamas et du Hezbollah, un autre groupe militant soutenu par l'Iran », affirmait le journal, le 8 octobre dernier.
« Nous n’avons pas encore vu de preuves que l’Iran a dirigé ou était derrière cette attaque particulière », temporisait, dimanche, le secrétaire d’État américain Antony Blinken.
Éviter un drame humanitaire
L’autre péril auquel fait face Joe Biden est celui des conséquences, pour les populations civiles, d’une opération terrestre israélienne dans Gaza. Avec la crainte d’un retournement de l’opinion internationale qui affecterait la posture morale des États-Unis et de son allié israélien. « Crise humanitaire à Gaza », titrait, ce jeudi, le Washington Post alors que le secrétaire d’État Antony Blinken arrivait à Tel Aviv.
« Les hôpitaux fonctionnent à pleine capacité. Il n’y a pas de place pour soigner les blessés des frappes aériennes israéliennes », s’est plaint, cette semaine, le ministère de la Santé de Gaza, qui a également dénoncé l'embargo sur l'électricité, l'eau et le carburant imposé par « les forces d'occupation israéliennes ». La guerre de l’information tourne à plein régime. Le Hamas, tout en exploitant les images de ses atrocités pour terroriser ses adversaires, a bien l’intention d’instrumentaliser au maximum les images des victimes civiles palestiniennes pour légitimer son combat et fédérer autour de lui le monde arabo-musulman.
Une pression psychologique et politique qui, ce n’est pas un hasard, contrecarre les projets américains d’accords de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite dans le prolongement des accords d’Abraham lancés par Donald Trump. La froide raison du réalisme géopolitique est emportée par les passions qu’engendrent la guerre et ses violences.
Une Amérique divisée
Le front intérieur n’est pas moins complexe pour l’administration Biden, qui est confrontée à un nouveau risque de paralysie budgétaire dans les prochaines semaines après la destitution du président républicain de la Chambre. Les démocrates et les faucons républicains voudraient bien profiter de la situation au Moyen-Orient pour faire passer une nouvelle aide à l’Ukraine avec une aide d’urgence à Israël, mais ce n’est pas gagné. Des républicains du Congrès appellent, à l’inverse, à rediriger les financements prévus pour Kiev vers l’État hébreu.
Si l’Ukraine continue à profondément diviser le camp républicain, Israël et la question palestinienne pourraient en faire de même, côté démocrate. En début de semaine, Karine Jean-Pierre, la porte-parole de la Maison-Blanche, a été contrainte de recadrer des membres de l’aile radicale du parti. « Tant que notre pays fournira des milliards de dollars de financement inconditionnel pour soutenir le gouvernement de l’apartheid, ce cycle de violence déchirant se poursuivra », avait déclaré, dimanche, la représentante démocrate Rashida Tlaib.
On notera également l’évolution de l’électorat sur ce sujet. En mars dernier, un sondage Gallup montrait que, pour la première fois, davantage de démocrates exprimaient leur sympathie pour les Palestiniens que pour les Israéliens au Moyen-Orient. Une fracture que le conflit actuel pourrait élargir, fragilisant d’autant plus Joe Biden.
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17 commentaires
Je comprends fort bien l’attachachements quasi visceral des juifs à la terre d’Israël, mais il s’avère que le problème n’a pas de solution viable dans la durée à moins d’une éradiction de l’un des protagonistes. J’ai un vague souvenir que l’Allemagne avait pensé un moment à envoyer les juifs à Madagascar. Les israéliens sont très habiles à transformer les terres arides en terres fertiles. Il ne manque pas de pays du tiers-monde qui ne demandent qu’à être mises en valeur comme le Botswana, Madagascar, le Zimbabwé ou certaines zones de Russie totalement inexploitées.
ben alors ça moi qui croyait que joe biden était convaincu que l islam était une religion de paix d amour et de tolérance….comme on peut se tromper…
Merci pour votre excellent éclairage.
M. Blinken a déclaré sur NBC dimanche 8 : “L’Iran a malheureusement toujours utilisé et concentré ses fonds pour soutenir le terrorisme”
Donald Trump asphyxiait le régime des mollah et avait suspendu l’aide financière à l’AP, en apprenant que M. Abbas versait de généreuses pensions aux familles de terroristes tués ou détenus.
Joe Biden a défait ces deux mesures, et nous contemplons le résultat. Il s’est d’ailleurs hâté de suspendre le versement de 6 milliards à l’Iran qu’il avait débloqué le mois dernier. Amateurisme.
« l’aile radicale du parti » ? C’est bien aimable, ces parlementaires s’illustrent régulièrement par leurs propos haineux.
« contrecarre les projets américains d’accords de normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite »
Si certains doutent que l’Iran est bel et bien derrière ces attaques, voilà un indice de taille. Il faut toujours chercher à qui le crime profite.
Qu’il s’agisse d’une intention ou d’un résultat, le fait qu’Israël , à Gaza, affame les civils, les laisse sans électricité, les prive d’eau potable et empêche les hôpitaux de soigner les malades et les blessés – de soigner ceux qu’Israël a bombardés – est une politique génocidaire. Les dirigeants occidentaux le savent fort bien. Pourtant Biden, Sunak envoient plus d’armes à Israel. Lors de l’établissement du siège de Gaza, en 2007, le vice-ministre de la défense de l’époque, Matan Vilnai, a affirmé qu’Israël était prêt à perpétrer une « Shoah » – le mot hébreu pour Holocauste – sur Gaza. Il semble bien que l’occasion de le faire est arrivée.
On peut souscrire à l’idée d’un Etat palestinien. »Y’a qu’un truc »: comment créer un Etat frontalier d’Israël soutenu par des gens qui veulent sa destruction. Que l’Iran et ceux qu’il soutient renoncent clairement à cette idéologie et après, on pourra avancer.
L’Amérique a une politique qui met le feu partout. Et elle se croit l’incarnation du Bien.
Ils sont les plus mal placé pour parler de paix, faudrait il rappeler le nombre de pays dans lesquels ils n’ont semé que chaos et désolation dans le seul but de défendre leurs intérêts…
Peut-être qu’une solution vraiment viable, respectueuse des droits de chaque partie, permettra à la partie constamment brimée de ne plus vouloir la destruction. La paix, la vraie.
La stratégie n’était pas claire…maintenant tout se précipite…
Est ce une fausse voix qui a parlé pour le président….?,
Il me semble avoir lu que les armes utilisées étaient ukrainiennes, ou plus exactement des armes occidentales envoyées en Ukraine.
D’autre part, je me pose la question de savoir pourquoi et comment les EU qui ont l’un des plus grands centre de renseignements de la planète n’ont rien vu, rien su et n’ont pas prévenus leurs alliés donc Israël des préparatifs du Hamas, Israël qui, lui aussi a un service de renseignements hors normes.
En effet, je trouve cela fort curieux, car un groupe de terroristes comme le hamas devait être surveillé, enfin, je l’espère!
Les Gazaouis, incapables de vivre indépendants, bénéficient de l’eau, électricité, gaz et … vivres fournis par Israël, sans compter l’emploi journalier des gazaouis dans les entreprises israéliennes. En remerciements, ils ont tués, ou plutôt massacré 1200 Israéliens dans des conditions barbares dignes d’Attila et fait près de 3000 blessés, beaucoup, encore, en urgence vitale engagée.
Depuis des années que les Israéliens ont quitté la bande de gaza, rien dans les infrastructures nécessaires à un pays n’a été entrepris. Et ce n’est pas faute d’argent puisqu’ils reçoivent « un pognon de dingue » en aides « humanitaires » en provenance de … l’occident dont l’UE est la principale source ! La preuve nous étant rapportée récemment par l’utilisation de tuyaux sensés être installés pour acheminer l’eau potable et détournés pour la fabrication de roquettes que le hamas envoie (généreusement) sur le territoire israélien. Le proverbe qui dit : « fait du bien à Bertrand, il te le rend en ch… » est appliqué à la lettre par les palestiniens.
Et comme l’Amérique n’est pas dirigée, du moins en façade par le pantin exécutant Biden, par des « democrats », rien d’autre que des « warmongers » bellicistes, où cela s’arrêtera-t-il ?
Pas de nouveauté partout ou une guerre éclate les USA sont présents et toute de suite derrière l’UE les deux continents en pleine déconfiture et criblés de Dette mais toujours aussi prétentieux à vouloir dominer le monde alors que souvent ils sont à l’origine certes déjà lointaine mais à l’origine de tous ces problèmes à vouloir imposer leur culture et mode de vie désastreux et irresponsable.
Cerise sur « l’american pie » c’est un sénile qui est à la Maison Blanche . Demandons lui dans un premier temps de situer Gaza sur une carte du Moyen Orient
Il confond déjà sa droite de sa gauche alors la géographie…
On ne demande ni à Biden ni à Macron de pleurnicher sur les morts israéliens (quand il meurt des civils palestiniens on les entend tellement moins) mais d’œuvrer pour une vraie paix. Ils sont des dirigeants, la paix du monde vaudrait bien qu’on sorte de soixante dix ans de leur « géo politique » volontairement inefficace pour quelque chose qui marche enfin.