Aux grands maux les grands remèdes : devant la menace RN, LREM changerait de nom !

guerini

Selon la nouvelle rendue publique ce jeudi 20 mai, ça cogiterait sévère, à l’Élysée. Pour remettre la France en ordre de marche ? Pas exactement, s’agissant seulement de savoir s’il faut ou non rebaptiser le parti présidentiel. But de la manœuvre ? « Arriver à se regrouper, c’est mieux parce que plus lisible et, donc, ça permet de durer », à en croire un macroniste s’exprimant en volapük, cité par France Info.

Seulement voilà, s’agit-il seulement de « durer », ou tout simplement de survivre ? C’est toute la question. Laquelle est d’ailleurs posée par le MoDem et Agir, ces deux groupuscules macrono-centristes, l’un mené par François Bayrou et l’autre par des dissidents de l’UDI, pas forcément heureux d’apprendre que leurs formations auraient désormais pour seul destin que de se fondre dans un nouveau parti à vocation « social-démocrate ».

De son côté, Stanislas Guerini, patron de LREM, lequel ressemble comme deux gouttes d’eau au jeune marié du réjouissant film Le Sens de la fête, d’Éric Toledano et Olivier Nakache, demeure sceptique, faisant référence à Benoît Hamon et son résultat à la dernière élection présidentielle : « Raisonner en confédération, ça ne fait pas bouger un électeur. Ceux qui pensaient qu’une bannière faisait un capital de voix ont fini à 6 %. »

En ligne de mire, il y a évidemment la création de l’UMP, devenue modèle de circonstance. En effet, l’historique parti de droite a changé de raison sociale comme de chemise et de ligne politique. D’abord RPF puis UNR. Ensuite UDR et RPR pour finir en LR. Une marche triomphale que rien n’a su ou pu arrêter, tel qu’en témoigne le résultat de François-Xavier Bellamy aux dernières élections européennes : 8,48 %.

Le problème, c’est que l’UMP n’a été créée par Jacques Chirac qu’après son élection de potentat africain, en 2002. Et même si certains souhaitaient le voir en prison quelques semaines auparavant, il demeurait en position de force face au diable lepéniste ; ce qui n’est plus tout à fait le cas d’Emmanuel Macron, pour lequel un second tour face à Marine Le Pen n’est plus forcément l’assurance-vie qui sauva naguère le scalp de son prédécesseur.

La preuve en est ce sondage publié par le magazine Challenges, confirmant « l’implacable poussée » de la présidente du Rassemblement national. Ainsi, pour un second tour l’opposant à Emmanuel Macron, l’écart se resserre dangereusement, n’étant plus que de 6 % : 53 % contre 47 %, alors qu’en 2017, il était de 66,1 % contre 33,9 %. Pour tout arranger, le socle lepéniste se renforce, 90 % de ses électeurs entendant reconduire leur vote l’année prochaine. Plus intéressant encore, sa prétendue « incompétence en économie », héritée du débat de l’entre-deux-tours de la présidentielle de 2017, s’estompe peu à peu, sachant qu’elle demeure à peu près la même chez ses compétiteurs. « Une incompétente comme les autres », note Challenges, non sans malice.

Autre matière à inquiétude chez les stratèges du château, « Marine Le Pen écrase le président-candidat dans les catégories populaires », toujours selon la même source ; mais le distance également dans les votes féminins (28 %), celui des 18-24 ans (24 %), des 25-34 ans (28 %), des 35-49 ans (37 %) et des 50-54 ans (28 %). Dans les zones rurales, les chiffres sont aussi significatifs, avec 35 % d’intentions de vote. Et elle ne cède du terrain que face au traditionnel terreau macroniste, celui des Bac+2, avec seulement 18 % d’intentions de vote, contre 36 %.

Quant au changement d’intitulé, les paris demeurent tout aussi ouverts. Mais il n’est pas sûr que de passer de La République en marche à En marche pour la République soit susceptible de provoquer un début d’électrochoc électoral. Et c’est peu dire…

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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