Avec la création du Rassemblement marseillais, rentrée schismatique chez LR

Le groupe Rassemblement Marseillais.
Le groupe Rassemblement Marseillais.

Les élections européennes et les législatives anticipées étant passées, tous les regards politiques marseillais se tournent désormais vers la prochaine échéance : les municipales de 2026. Une élection ô combien importante pour la droite locale qui espère reprendre son bastion. Problème : elle semble avoir explosé en vol.

Sa chute a commencé en 2020. Après une ère Jean-Claude Gaudin longue de vingt-cinq ans, Marseille, commune dite imperdable, vire à gauche. Le contexte est particulier, crise du Covid oblige, mais si Les Républicains ne sont pas parvenus à garder la cité phocéenne, c’est aussi et surtout parce que plusieurs erreurs ont été commises. La première est à porter au crédit de Bruno Gilles, qui a mené une liste dissidente et a ainsi pris des voix à la candidate désignée par ses pairs, Martine Vassal. La seconde, tout aussi importante, vient des équipes de cette dernière, suspectées dans une affaire de procurations frauduleuses qui sera jugée très prochainement.

Les municipales de 2020, le début de la fin

L’union des gauches, appelée le Printemps marseillais, et sa tête de liste, Michèle Rubirola, alors inconnue au bataillon, n’ont plus qu’à se baisser pour ramasser les voix. Ils remportent cinq mairies de secteur et s'offrent la mairie centrale. Au vu du taux de participation - 32 % au premier tour et 35 % au second -, cette belle prise n'avait en apparence rien d’une victoire écrasante. Elle l’a finalement été, tant elle a conduit à l’éclatement du bloc droit local.

Éclatement qui démarre très rapidement lorsque Martine Vassal cède sa place de tête de liste à Guy Teissier lors du vote des conseillers d’arrondissements. Une partie des membres de son groupe est en désaccord avec cette décision et le fait savoir. En novembre 2021, la scission se poursuit via Renaud Muselier, qui annonce se rapprocher de la Macronie. Pour autant, malgré ces deux épisodes douloureux, la droite marseillaise ne perd pas la face. En 2022, elle enregistre même le retour de Bruno Gilles, ce qui laisse entendre qu’elle est de nouveau unie. La dissolution de l’Assemblée nationale, en juin 2024, va tout changer.

Les LR marseillais se divisent à nouveau. Localement comme nationalement, l’alliance entre Éric Ciotti et le Rassemblement national fait des dégâts. L’accord passé avec Sabrina Agresti-Roubache pour ne présenter aucun candidat face à elle, aussi. En interne, les premières tensions se font sentir. Du côté des électeurs, la division est également inévitable. Des LR-Renaissance aux LR-RN, il y a un fossé. La marque n’est plus identifiable. Résultat : aucun candidat des Républicains ne se qualifie pour le second tour. C’est la débâcle.

Les législatives de 2024, l’ultime désaccord

C’est aussi la débandade. Entre les deux tours, Jean-Baptiste Rivoallan, jusqu’alors président du groupe « Une volonté pour la Métropole » (LR), quitte ses fonctions et le groupe municipal « Une volonté pour Marseille ». Il confie à BV : « À partir du moment où j'avais pris position pour le RN et les ciottistes, il fallait que je sois en accord avec mes engagements. » Pour lui, il est hors de question d’appartenir à un groupe qui soutient une candidate Renaissance aux législatives et qui en aurait aussi probablement fait de même pour les municipales si son résultat décevant ne l’avait pas exclue de la course à la mairie.

Dans sa mairie de secteur des XIe et XIIe arrondissements, avec tous ceux qui ont été déçus par le maire, Sylvain Souvestre, soutien inconditionnel de Sabrina Agresti-Roubache dès 2022, Jean-Baptiste Rivoallan crée, en ce début du mois de septembre, le groupe Rassemblement marseillais. Composée de sept élus LR et de quatre élus du Rassemblement national, cette alliance acte officiellement la scission de la droite héritée de Jean-Claude Gaudin. Ceux qui ont été élus ensemble en 2020 sous la bannière « Une volonté pour Marseille » forment aujourd’hui deux groupes distincts. L’un penche vers la Macronie ou ce qu’il en reste, l’autre vers l’union des droites qui a pris le nom de Rassemblement marseillais, « une maison commune dans laquelle toutes les droites peuvent venir, avec leurs propres sensibilités, leurs propres tendances ».

Jean-Baptiste Rivoallan, très impliqué dans le démantèlement des LR, refuse néanmoins d’employer le terme « explosion », lu dans la presse, çà et là. Il parle de « clarification ». En créant le Rassemblement marseillais, il se désolidarise d’une droite qui, à force de « compromissions, a perdu son âme et s’est diluée dans un centrisme catastrophique » tout en revendiquant être toujours un membre des Républicains. En d’autres termes, il fait à l'échelle locale ce qu’Éric Ciotti a fait à l’échelle nationale. Six élus de la majorité de la mairie de secteur où il est élu - Jessy Nakache, Aurélie Sciara, Roger Guichard, René Coulet, Anne-Marie Barthes et Michèle Emery - ont fait de même. D’autres ralliements, dans d’autres secteurs, sont attendus et espérés. Peut-être même dès ce vendredi, lors du conseil municipal de la ville. Jean-Claude Gaudin n’est plus, la droite qu’il incarnait non plus.

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