Vous avez aimé le « voile catholique » de Christophe Castaner ? Vous raffolerez du « prêche en latin » de Jean-Michel Fauvergue !

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La République en marche sur la tête, vous connaissez ?

Toujours plus loin, toujours plus fort. Après le "voile catholique" du ministre Christophe Castaner, voici le "prêche en latin" du député LREM Jean-Michel Fauvergue.

À Virginie Calmels, sur BFM TV, qui réclamait au gouvernement d'agir après l’attentat de samedi soir et suggérait, par exemple, "d'imposer des prêches en français", Jean-Michel Fauvergue a rétorqué : "Il y a des prêches qui se font en latin."

Rappelons que monsieur Fauvergue est l’ancien patron du RAID. Si ses anciens collaborateurs, chargés d’assurer notre sécurité face à la menace terroriste, sont sur la même longueur d’onde, il y a là une vraie aubaine pour certaine option délaissée au lycée, qui va devenir vachement prisée : tu veux travailler dans le renseignement ? Fais ta version de Cicéron. Les flics garderont leur Gaffiot à côté de leur arme de service pour haranguer le preneur d’otage dans le prochain supermarché : Alea jacta est !, pose ton arme hic et nunc, puis éventuellement cave canem (quand arrivera la brigade cynophile).

On en rit pour ne pas en pleurer. Pleurer devant tant de mauvaise foi oiseuse.

On pourrait lui dire qu’il n’y a plus de prêche en latin depuis - non pas Vatican II, comme l’a dit avec assurance Appoline de Malherbe, qui confond les textes de la messe (fixés, dont la traduction française est consultable dans n’importe quel missel) et le prêche (dont le contenu est à la discrétion du prêtre) - le concile de Tours, réuni par Charlemagne il y a exactement 1.205 ans… mais on n’en a même pas envie. Car, évidemment, la question n’est pas là.

Comment un homme, à son niveau de responsabilité, peut-il comparer le latin à une langue étrangère - celle, entre autres, de l’État islamique, contre lequel nul ne niera que nous sommes en guerre — parlée par des imams d’importation, à une communauté de fidèles que l’usage de leur langue d’origine maintient en l’état d’étranger sur le sol français et qui sont, de ce fait, les seuls à comprendre ces exhortations, alors même que l’on sait l’importance capitale de certaines mosquées dans le processus de radicalisation des terroristes ?

Comment peut-il, surtout, comparer, même de façon allusive, les chrétiens avec des islamistes radicalisés ? Combien de chrétiens parmi les terroristes ? BFM TV titrait hier, après l’identification du terroriste tchétchène de l’Opéra : "L’assaillant est un Russe de 21 ans." Mais il n’a pas crié « Vive la sainte Russie », si ? 

Dans le même temps, L’Obs fait sa couverture sur "Bible - Coran : faut-il les réécrire ?" L’argumentaire sous-jacent est toujours le même : puisqu’on ne peut plus nier, on va noyer… dans un vaste tout : le responsable n’est pas l’islam mais la religion. Avec un grand R. Éradiquons-la et tout va s’arranger.

Avant d’aller prêcher - en français ou en latin - la bonne parole aux chrétiens dans le cadre feutré des Bernardins pour, dit-on, se mettre dans leurs petits papiers, Emmanuel Macron ferait bien de commencer par demander à ses ouailles de cesser de les insulter.

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Gabrielle Cluzel
Directrice de la rédaction de BV, éditorialiste

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