« Baby crash » 2021 : de l’urgence vitale d’une politique familiale sans « en même temps »
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La natalité française s’effondre, le baby-boom prévu à l’issue du confinement, avec force plaisanteries gauloises sur les vertus fécondes de l’ennui et de l’enfermement, s’est révélé chimérique. La France fait face à un baby-crash qui s’inscrit dans le déclin démographique français et européen en cours depuis les années soixante-dix. 53.900 bébés sont nés en janvier 2021, soit neuf mois après le début du confinement. Une baisse de 13 % par rapport à janvier 2020. La forte baisse constatée dès décembre s’est donc accentuée.
À plusieurs reprises, notamment dans les colonnes du Figaro, le géographe Laurent Chalard et le démographe Gérard-François Dumont ont alerté sur l’effondrement démographique de la France, et plus largement de l’Europe. Le baby-crash de 2021 est, en réalité, une accélération de la baisse des naissances en France qui est continue depuis six ans. Et aujourd’hui, en France métropolitaine, il naît désormais 100.000 enfants de moins qu’il y a dix ans.
Les causes ? Principalement, pour les derniers chiffres, une absence de confiance dans l’avenir : les crises s’accompagnent toujours d’une récession démographique ainsi que d’un appauvrissement des classes populaires. Logiquement, la baisse de la fécondité s’est déclenchée plus tôt dans les classes sociales modestes.
Pour le dire autrement, entendre tous les soirs, pendant des mois, Jérôme Salomon égrener ses litanies des morts du Covid-19, voir en boucle sur toutes les chaînes info les images d’usines fermées, de rideaux baissés et de pas-de-porte à vendre n’incite pas à la confiance. Ajoutez à cela une navigation à vue de l’urgence sanitaire comme de la crise économique et vous obtenez un climat tellement anxiogène qu’il en est paralysant. D’autant que, très prosaïquement, les mesures de chômage partiel, si elles ont pour le moment pu sauver des emplois, signifient également une baisse substantielle des revenus.
C’est d’ailleurs un phénomène qui est européen : ainsi, le Financial Times mettait récemment en relation la chute brutale de la natalité en Espagne, en Italie et en France, soit les pays les plus touchés par l’épidémie et où, vraisemblablement, le moral des ménages est à la baisse. Mais il convient aussi de rappeler que c’est depuis 2012 qu’il y a moins de naissances que de décès dans l’Union européenne.
Nos deux spécialistes n’oublient pas, cependant, de rendre à César ce qui est à César : le massacre, par François Hollande, de la politique familiale française, à savoir « la fin de l’universalité des allocations familiales, la diminution de l’équité fiscale, la réforme du congé parental rendant celui-ci considérablement moins attractif, la forte diminution de l’autonomie fiscale des collectivités locales contraintes de revoir à la baisse leurs systèmes de garde de jeunes enfants », rappelle Gérard-François Dumont. Ils évoquent également la tension que cet hiver démographique fera peser sur le système des retraites, ainsi que - ce qui est rarement souligné - sur le poids géopolitique de la France, sans parler évidemment de son dynamisme économique. Cela vaut également pour l’Europe, vieillissante.
Avec lucidité, Laurent Chalard invoque un salutaire changement dans les mentalités : tant que l’enfant sera considéré comme un poids matériel, un poste de coûts et non « comme le moyen de transmission d’une culture héritée des générations qui nous ont précédés afin qu’elle se perpétue dans le futur », la démographie sera en panne.
Faudrait-il, alors, suivre l’exemple hongrois où, sous l’impulsion d’une politique familiale ambitieuse, la natalité a augmenté de 20 % entre 2011 et 2016 ? « Une communauté qui n'est pas capable de se maintenir démographiquement ne croit pas en son futur et à son droit à exister », disait Viktor Orbán.
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