Bac : des professeurs veulent maintenir la culture antique, grec et latin
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Au mois de mars, le ministère de l'Éducation nationale, via le bulletin officiel, publiait les textes mis à l’étude pour les épreuves du baccalauréat des deux années scolaires à venir dans les spécialités de latin et grec ancien. Sauvés, le latin et le grec, socles de notre culture ? En 2016, l’enseignement du grec et du latin était clairement menacé. De nombreuses pétitions ont plaidé pour la sauvegarde de l’excellence de l’enseignement par la transmission de la culture antique.
Gabriel Attal, l'ancien ministre de l’Éducation, avait annoncé, au lendemain de son accession au poste de Premier ministre, que l’école restait sa priorité absolue et que cette priorité le suivrait à Matignon. Certaines mesures témoignaient, en effet, d’une apparente volonté de redresser le niveau scolaire dans les écoles de France. Pour la spécialité LLCA (littérature et langue des cultures antiques), l’Éducation nationale présente un programme ambitieux : « La lecture des œuvres et des textes majeurs de la littérature gréco-latine, situés dans leur contexte, constitue le socle de l’apprentissage. Dans une logique d'exigence disciplinaire et de préparation à l'enseignement supérieur, les élèves sont amenés à approfondir leurs connaissances et à développer un solide niveau de compétences. » Sur le papier, ces déclarations semblent propres à réjouir le cœur des amoureux de la culture, désireux de transmettre à leurs enfants les clefs de la sagesse antique. Sur le papier, seulement...
Chaque œuvre antique est couplée à un texte contemporain
Car la réalité des programmes appliqués est bien éloignée des déclarations officielles. Pour l’épreuve de la spécialité LLCA, les candidats au baccalauréat présenteront dès l'année prochaine un texte en langue antique, couplé de sa traduction et joint à un texte contemporain, censé soulever les mêmes questions et répondre aux mêmes problématiques. Pour les deux années à venir, les élèves en grec et latin se pencheront sur Médée de Sénèque et Manhattan Medea de Dea Loher (1998), une œuvre qui retrace le destin de Médée et Jason, deux... immigrés clandestins vivant à New York. Travestis, suicide, tromperies et meurtres : la fresque est aussi laide dans le fond que sur la forme. D’autres part, L’Assemblée des femmes d’Aristophane est renvoyée dos à dos avec La Servante écarlate de Margaret Atwood. Cette dystopie met en scène un monde où les femmes sont considérées comme des objets de reproduction. Le langage est cru, vulgaire, pornographique parfois, la sexualité déréglée y est quasi omniprésente. Le bulletin officiel décrit cette œuvre comme une « satire burlesque, recourant fréquemment à l’obscénité et à la dystopie glaçante ». Ces textes contemporains complémentaires trahissent l'esprit des textes antiques. Les adolescents transposent les problématiques sociétales et idéologiques actuelles sur ces œuvres de sagesse des anciens.
L'immense danger de ces textes est double
Des professeurs diplômés et expérimentés pour la plupart refusent ce programme et s'expliquent de leur refus de s’adonner à l’étude de ces textes dans leurs écoles : « Nous ne nous soumettrons pas à ce qui détruirait cette identité », préviennent-ils.
Cette identité, c'est la culture qu'ils transmettent à leurs élèves, caractérisée par ces mots : « La vraie culture que nous voulons donner [aux élèves] n’est ni encombrement de connaissances érudites, ni jouissance aussi raffinée que stérile, ni vernis qui permette de briller. Elle est une sagesse, une adaptation vitale et profonde de l’esprit aux valeurs désintéressées de vérité, de beauté, de moralité. » Pour eux, le danger de ce programme est double, d’une part l’importance donnée aux langues antiques est tout à fait diminuée ; d’autre part, les textes contemporains sont fortement idéologisés, voire militants. « Nous y sommes : de la rage de la lutte des classes, nous voici à la lutte des sexes. Le wokisme n’est pas loin », expliquent-ils. Ces textes sont nocifs pour les adolescents, plaident-ils, rappelant utilement que « Tous les crimes et bien des comportements des "héros" proposés aux élèves conduiraient aujourd’hui en correctionnelle, voire à la cour d’assises. » Lors de la réforme du baccalauréat en 2018, l’Éducation nationale se targuait d’une « nouvelle volonté politique de placer les humanités au cœur de l’école et d’ouvrir plus largement l’enseignement des langues anciennes ». Un bel objectif mais... « l’Éducation nationale relèvera-t-elle ce défi ? », demandent ces professeurs. Bonne question.
22 commentaires
Maintenir le grec et le latin…? Malgré cette salade politique actuelle, il y aurait donc quelques espoirs ! Super!
Mais où sont ces fameuses bonnes soeurs ? c’était seulement une image de style ? dommage.
BRAVO à ces religieuses enseignantes qui refusent de saboter la valeur culturelle induite par l’étude des ‘humanités’ classiques
Pour comprendre le présent il faut connaître le passé. Les racines de la langue française sont basées en générale sur le grec et le latin. Actuellement il semble que l’on veuille détruire tout ce qui est français. En raison des réseaux sociaux sur Internet, la langue internationale est l’anglais. En France on parle français, donc on doit continuer à enseigner le grec et le latin si l’on veut préserver notre culture ou plutôt ce qu’il en reste. La suppression de l’instruction de notre langue s’inscrit probablement dans la suppression de l’identité française en douceur et profondeur faveur du grand remplacement programmé.
Victorine31
Il faut bien aboyer avec les loups. Ces hauts fonctionnaires sont largement responsables de la crise de l’éducation. Leur aveuglement depuis quarante ans a conduit à une catastrophe éducative et au niveau lamentable de beaucoup d’élèves. Ils sont complices de la mort de Samuel Patty par leur silence et leur lâcheté. Ils ont abandonné les chefs d’établissement face à la folie islamiste et à ses complices de LFI comme à Neuilly-sur-Marne. Eh bien si vous voulez désobéir désobéissez mais sans salaire et puis si cela vous chante allez gagner votre salaire dans une société privée, vous n’aurez pas le temps d’avoir des problèmes de conscience.
Excellent article qui montre bien la décadence occidentale, donc la décadence française.
Lorsque j’ai étudié le latin et le grec, nous devions lire et comprendre Cicéron dans le texte, de même que Lucrèce! Cela nous permettait de comprendre (prendre avec) non seulement les cultures anciennes, mais nous permettait aussi d’approcher petit à petit la philosophie (aimer la sagesse) des anciens, et ces cultures dont nous avons hérité en partie. Il ne faut pas oublier que rien qu’en ce qui concerne l’éthique, nous mettons Aristote en avant. Cela nous permet aussi de savoir que pour les grecs anciens, la bonne mort (d’où vient le mot euthanasie) est celle qui nous fauche sur le champ de bataille les armes à la main pour défendre notre patrie et notre culture, par exemple .
Donc bravo à ces religieuses.
Bravo et de l’avis de ces religieuses .oui aux langues anciennes .
Bravo à ces religieuses, dont le seul souci semble être l’éducation, une culture saine, offertes à nos têtes blondes !
je lis ci-dessous un commentaire de VERT 100, sur un appel à la désobéissance de fonctionnaires de l’éducation nationale : c’est bien la seule administration qui se permet de refuser d’obéir aux consignes reçues. Il faut donc sanctionner conformément à l’échelle des sanctions prévues dans la fonction publique et aller jusqu’à l’exclusion en cas de persistance dans la désobéissance. Il faut dégraisser le mammouth !
On s’éloigne depuis 40 ans de la culture classique. Il sera difficile d’y revenir car les enseignant n’ont plus cette culture. Elle restera pour quelques puristes comme l’image argentique ou le microsillon. Je le regrette puisque j’ai fait du latin et que cette langue fait mieux comprendre le français
une explication politique aux très mauvais résultats européens, des élèves français ; ce nivellement culturel par le bas est préoccupant et doit cesser ; votons pour le respect de notre culture.
Bravo aux religieuses dominicaines.Quel courage..
Des cadres de l’Éducation nationale qui annoncent qu’ils n’appliqueront pas les directives ministérielles, c’est rare. Et pourtant. 41 inspecteurs, inspectrices, chef·fes d’établissement, inspecteurs et inspectrices général·es ont prévenu : si l’extrême droite prend le pouvoir, ils entreront en désobéissance. Ils et elles ont lancé une pétition, ils et elles étaient un peu moins de 300 dimanche soir.
« Fonctionnaires d’État, en conscience et en responsabilité nous n’obéirons pas
Nous sommes des femmes et des hommes à la tête d’établissements scolaires, dans les écoles, les collèges ou les lycées de France.
Nous sommes Inspecteurs ou Inspectrices de l’Éducation nationale.
Nous sommes des cadres de l’Éducation nationale, chargé.es de faire appliquer les orientations gouvernementales.
Nous le faisons depuis des années, parfois des dizaines d’années.
Nous le faisons avec loyauté, sérieux, impartialité et rigueur.
Nous le faisons sous des gouvernements de droite, de gauche, du centre.
Nous le faisons sous l’autorité de ministres de droite, de gauche, du centre.
Nous le faisons en fonctionnaire, en serviteur de l’État.
Le 8 juillet prochain, l’extrême droite peut être au pouvoir.
Demain, peut-être, notre prochain ministre issu de ses rangs exigera des cadres que nous sommes d’appliquer des directives, de mettre en œuvre des politiques ou d’organiser un enseignement en opposition avec les valeurs républicaines qui fondent nos métiers et justifient nos engagements.
Nous ne l’accepterons pas. En conscience et en responsabilité, nous n’obéirons pas.
Il faudra un jour qu’on m’explique ce que sont les valeurs républicaines. Jeune connais que les valeurs de la France.
Idem. Je ne connais que de valeurs morales et valeurs guerrières. L’école de la République de mon papa n’en évoquais pas d’autres..
Il faudrait peut être faire un cours d’histoire à ces enseignants pour leur définir »l’extrême droite » nommée à tout vent dès que quelque chose dérange, en particulier pour la sauvegarde des valeurs républicaines, très altérées en ce moment, en 1er lieu par leur propre travail !
si d’aventure le prochain ministre de l’E N venait des rangs d’une droite constamment traitée de » fachiste » par principe, sa seule prérogative serait de réinstituer les savoirs de bases : lire – écrire – compter et s’exprimer en bon Français, pas en charabia et en grossièretés – et donc les fameux fonctionnaires du textes ci dessus s’y opposerait ?? Quel aveux !
l’éducation nationale est bien la seule administration qui ne respecte par les ordres ou consignes reçus, il faut sanctionner conformément à l’échelle des sanctions de la fonction publique et aggraver la sanction en cas de récidive.
Une armée d’imbéciles qui ne savent même aps ce qu’est la res publica = La chose publique est un concept qui se réfère à un État gouverné en fonction du bien du peuple, par opposition à un État gouverné en fonction du bien privé des membres d’une classe ou d’une personne unique.(je rajouterai = et en fonction d’une idéologie que ces gouvernants, pour leur plaisir, veulent imposer au peuple )
Cette culture n’est pas ‘antique’ mais ‘ classique ‘. Je reconnais avoir souffert en faisant du thème latin ou grec. Mais j’ai compris – bien plus tard – tout ce que cela m’avait apporté. Et pas seulement l’accès aux grands auteurs, à la plus grande des philosophie de tous les temps et de tous lieux, et à l’histoire sempiternelle. Car l’étude des langues classiques est une gymnastique de raisonnement non mathématique. Or dans la vie réelle, pour 100% des gens, ce sont des raisonnements non mathématiques à base de mots qu’ils faut savoir maîtriser. A part l’arithmétique, seuls 0,4% des gens font des maths pour leur profession !
C’est justement ce que les idéologues qui nous gouvernent veulent voir disparaitre : la faculté de comprendre notre langue, de raisonner, de savoir décortiquer la propagande qu’on veut nous faire avaler. Il faut des esclaves, pas des esprits éveillés. Le latin et le grec m’ont également beaucoup apporté.
C’est tout à leur honneur que de refuser ces textes et de vouloir enseigner le grec et le latin mais pas celui , pervers , de l’éducation nationale . Un changement de gouvernement devient vraiment urgent dans ce pays .