Baisse historique de l’immigration en Suède : fin de l’utopie multiculturelle ?

Ulf Kristersson, le Premier ministre suédois. © Ninni Andersson / Government Offices of Sweden
Ulf Kristersson, le Premier ministre suédois. © Ninni Andersson / Government Offices of Sweden

Alors que l’athlète américano-suédois Armand Duplantis vient de battre le record du saut à la perche (6,25 m) et d’être sacré champion olympique au Stade de France sous les couleurs du drapeau suédois, la Suède s’illustre également avec la parution de premières statistiques officielles qui confirment un solde migratoire négatif. Une première, depuis plus d’un demi-siècle.

D’après les premiers chiffres de l’institut statistique national suédois, sur les cinq premiers mois de l’année 2024, l’émigration a été plus importante que l’immigration dans le pays scandinave, dirigé depuis octobre 2022 par le Premier ministre conservateur Ulf Kristersson. Le parti nationaliste des Démocrates de Suède, devenu la première force politique de la droite suédoise depuis les élections législatives de septembre 2022 (20 %), avait été écarté du gouvernement de centre droit - coalisation de droite tripartite constituée des Modérés (19 %), des Chrétiens-Démocrates (5%) et des Libéraux (4 %) - en échange de l'adoption sine qua non d'une grande partie de leur politique migratoire. Depuis, l’engagement du gouvernement suédois à réduire drastiquement l’immigration semble porter ses fruits.

Une politique volontariste

Longtemps considérée comme une terre promise, la Suède accueillait depuis les années 1960 un grand nombre d’immigrants, principalement originaires de régions en proie aux conflits, telles que l’ex-Yougoslavie, l’Afghanistan, l’Iran, l’Irak, la Syrie, l’Érythrée ou la Somalie. Au lendemain du succès électoral des Démocrates de Suède, farouchement hostiles à la politique d’accueil à bras ouverts des anciens gouvernements suédois successifs, l’élan de générosité suédoise n’est plus au goût du jour. Une volte-face politique qui vient couper court au consensus qui a longtemps prévalu dans le royaume. L'utopie suédoise aura donc volé en éclats, brisée par la pression des externalités négatives qu’engendre toute société multiculturelle dès lors que l’autorité de l'État et que le devoir d’assimilation dû au pays d’accueil s’étiolent.

« Avec une politique d’intégration qui n’a pratiquement aucune exigence [envers les immigrants] et aucune incitation à s’intégrer à la société, cette forte immigration a créé une Suède divisée », déplorait Ulf Kristersson, dans une tribune parue dans le quotidien Dagens Nyheter. Une rupture historique, pour le pays, qui lors de la crise migratoire de 2015, survenue en pleine crise syrienne, accueillait sur son sol 163.000 demandeurs d’asile, devenant ainsi le pays européen le plus solidaire proportionnellement à sa population (10 millions d’habitants).

« L’émigration a augmenté parmi les personnes nées dans des pays tels que l’Irak, la Somalie et la Syrie », déclare le ministre de l’Intégration et des Migrations suédoise, Maria Malmer Stenergard, ce 9 août. Une tendance qui devrait se poursuivre, affirme-t-elle. En parallèle de la hausse des émigrations, les demandes d’asile, elles, continuent de diminuer, atteignant leur niveau le plus bas depuis 1997. « Les efforts du gouvernement portent leurs fruits […] Cette tendance à l’immigration soutenable est essentiellement si nous voulons renforcer l’intégration et réduire l’exclusion » fait-elle valoir. Après la réduction du nombre de quotas délivrés aux réfugiés, le 20 octobre 2023, le gouvernement suédois annonçait vouloir durcir l’octroi des prestations sociales et restreindre le cumul des aides de l’État accordées aux migrants non européens afin de dissuader de nouvelles arrivées sur le territoire du royaume. La coalition des droites entendait également mener des réformes pour que les migrants hors Union européenne soient contraints d’occuper un emploi et d’apprendre la langue nationale. Des permis de séjour pourront également être révoqués et l’expulsion prononcée pour fraude à l’aide sociale, dettes élevées ou actes criminels. Une étude, commandée par le gouvernement suédois, se prononcera d’ici janvier 2025 sur les exigences fondamentales retenues pour que « l’intégration des personnes qui veulent vivre en Suède [soit] réussie ».

Le Paradis suédois à l'épreuve des faits

En proie à l’islamisation et à une résurgence des actes antisémites, la Suède envisage également de rétablir des contrôles frontaliers avec le Danemark, face à la recrudescence de la guerre des gangs, véritable fléau qui mine le pays sur fond de trafic de drogue et d’échange de tirs par armes à feu. Des actes criminels et de délinquance qui s’exportent progressivement sur le territoire danois via le détroit d’Øresund, qui relie la capitale danoise Copenhague à Malmö, troisième plus grande ville suédoise.

Le peuple suédois craint pour la pérennité de son modèle social et culturel. Après plusieurs décennies de solidarité migratoire universelle, le gouvernement d'Ulf Kristersson est contraint, sous la pression du mécontentement populaire, de s’occuper du service après-vente. Il est temps, pour l’immigration irrégulière, de faire ses cartons. Plus largement, le 31 octobre dernier, les cinq pays nordiques s'étaient mis d'accord pour renforcer leur coopération concernant l'expulsion des migrants se trouvant en situation irrégulière sur leur sol, pour un objectif de « zéro réfugié ».

Anna Morel
Anna Morel
Journaliste stagiaire. Master en relations internationales.

Vos commentaires

50 commentaires

  1. L’immigration est globalement un fléau, l’intégration une illusion, et le vivre ensemble une utopie.

  2. Comme quoi c’est possible et pourrait l’être en France si nos dirigeants s’en donner la peine !

  3. Les migrants qui ne vont plus en Suède , et qui en partent , vont ailleurs en Europe , ou l’herbe est plus verte , et le climat plus doux pour les envahisseurs , en France par exemple.

  4. la Suède , pays ou la criminalité était la plus faible d’Europe dans les années 70 , avec sa population homogène , a vu sa criminalité monter en flèche avec la migration de masse de populations extra-européennes .

  5. La Suède n’a pas un passé colonial comme la France ou l’Angleterre , sa langue est peu parlée à l’extérieur , son climat froid est très loin du climat méditerranéen . Et pourtant elle a attiré par idéologie des milliers de migrants , en leur donnant un pognon de dingue .
    Mais en Suède comme ailleurs ils ne venaient pas qu’avec des intentions de paix et d’amour , leur religion parti politique totalitaire leur demandait de conquérir l’Occident , Occident globalement coupable par ailleurs de la colonisation en général .
    Résultat une minorité s’est intégrée , le reste a constitué des enclaves étrangères sur le sol suédois , voir les émeutes à Stockholm , Malmö avec ses 30 % de musulmans qui demandent de se gouverner en califat ,

  6. Des mesures de bon sens ! Mais nous avons eu, avons encore un gouvernement le plus bête du monde !
    Mais il fallait faire barrage au RN, donc assumons !

  7. Cela s’appelle le réel, soit nous réagissons efficacement, soit nous disparaissons. Nos sociétés ne pourront pas supporter encore bien longtemps le rythme et les changements qui leur ont été imposés. Nous avons le choix entre l’effondrement ou la survie. La Suède a fait le choix de la survie. Ce n’est pas gagné pour autant, mais au moins ils ont compris et tentent de faire quelque chose, tandis que nous sommes dans le déni et nous enfonçons dans une situation de plus en plus inextricable et catastrophique. La situation politique actuelle de la France n’est que le reflet de cette incapacité à nous adapter au réel. En France, l’idéologie est aux commandes, en Suède c’est le bon sens qui prévaut.

  8. Après l’échec du communisme, l’échec du socialisme, l’échec du communautarisme précède l’échec du wokisme dont on voit les prémices. Un peu de patience.

  9. Quand on veut on peut , la preuve . Bel exremple à suivre mais pour cela il faut changer de gouvernement .

    • J’irais même jusqu’à dire toute la classe politique à commencer par les élus locaux, friands de leur ré-élection grace à la politique des « grands fréres » !

  10. Nous allons ramasser tous ceux que les Suédois ne veulent plus .On ne peut pas dire quelle chance pour nous !

  11. 55 % des Français d’accord avec Zemmour sur la création d’un “ministère de la Remigration”

    Un sondage d’OpinionWay. L’enquête, menée par l’institut OpinionWay du 23 au 24 mars (sur un échantillon de 1058 personnes selon la méthode des quotas), montre qu’une majorité de Français se positionne en faveur de cette idée. 55 % des Français se déclarent ainsi  favorables à la création d’un tel ministère, qui serait chargé de l’expulsion des étrangers clandestins, délinquants, criminels ou fichés S. Contacté par Valeurs actuelles, Éric Zemmour accueille ce résultat comme une victoire, mais assure ne pas être surpris : « Cela ne m’étonne guère. Ce sont les médias et les politiciens qui disent que nos propositions sont clivantes. Dans le pays, elles sont consensuelles. »

    Fortement contesté par l’ensemble de ses adversaires dans cette campagne présidentielle, son projet est pourtant plébiscité par de nombreux sympathisants, à droite notamment. Sans surprise, 93 % de l’électorat d’Eric Zemmour se prononce en faveur de la création d’un ministère de la Remigration. Les partisans de Marine Le Pen (76 %) et de Valérie Pécresse (61 %) sont, eux aussi, majoritairement favorables à la proposition. Plus surprenant, bien que réelle, l’opposition des sympathisants de gauche n’est pas aussi prononcée qu’attendue. 34 % des électeurs de Yannick Jadot et de Jean-Luc Mélenchon affirment être en accord avec la proposition défendue par Eric Zemmour.  « Le fait que 48% de l’électorat d’Emmanuel Macron soit favorable à la création d’un ministère de la remigration n’était pas intuitivement attendu, souligne le vice-président d’Opinion Way Bruno Jeanbart. Cela prouve que sur les thématiques régaliennes, un consensus s’est imposé dans l’opinion, désormais demandeur dans sa majorité d’une politique de fermeté

    • Oui mais ces Français qui sont massivement contre l’immigration dans les sondages , une fois dans l’isoloir , ne votent pas massivement pour les partis qui proposent de limiter l’immigration ?

    • Macron et d’autres avant lui, méprisent les Français, et se fichent éperdument de ce qu’il peut penser. Ce peuple qui ne comprendrait rien selon eux, aux intérêts qu’aurait la France a laissé prospérer une l’immigration de masse. Mais surtout aux immenses profits que cela procure à quelques multinationales, associations, voire quelques patrons mal intentionnés. Cela dit, a la lumière des récentes élections, de l’antagonisme, et de l’inconstance politique de certains, je pense que nos dirigeants ont plutôt raison de ne pas se priver, puisqu’il leur suffit de dire selon Goscinny et Uderzo que « le ciel va leur tomber sur la tête » s’ils persistent à vouloir voter pour la droite patriote, alors les sondages !.

  12. Laurent Obertone : « Le “vivre ensemble” est avant tout un multi-séparatisme. Nous sommes à l’aube d’une crise de grande ampleur

    • Les Suédois ont bien de la chance d’avoir un gouvernement à l’écoute de leurs problèmes. Le futur nouveau gouvernement de Jupiter ferait bien de s’en inspirer avant qu’il ne soit trop tard.

    • Pourquoi à l’aube ? Je pense que nous y sommes déjà depuis des années, même si ce n’est que le commencement. Cela va s’accélérer et probablement très rapidement. La situation économique de la France est très inquiétante, de là découlera peut-être tout le reste. Sans argent, nous sommes finis, car notre modèle sociétal repose là dessus.

  13. Le vivre ensemble est une fumisterie de gauchiste.
    La seule manière que le « vivre-ensemble » puisse fonctionner de manière apaisée c’est de respecter ces 3 règles :

    Les minorités allogènes/étrangères doivent reconnaître et respecter le statut particulier, premier, majoritaire, historique des indigènes/locaux/natifs/desouche (appelez-les comme vous voulez) et de leur culture.

    La majorité indigène ne doit pas être  menacée démographiquement, culturellement ou sécuritairement par les minorités allogènes. Les minorités allogènes doivent donc rester… très minoritaires et exemplaires.

    Les minorités étrangères doivent se comporter de manière discrète dans l’espace public en cultivant leur différence au maximum dans la sphère privée, n’avoir aucune revendication particulière et apporter par leur présence plus d’avantages que d’inconvénients grâce à leurs qualités globales.

    Autrement dit tout l’inverse de ce qui se passe en France… sauf pour les diasporas asiatiques.

    À titre exceptionnel, des individus allogènes peuvent finir par être reconnus comme part de la majorité indigène mais cela demande un effort conséquent, une envie, une compatibilité, un mérite exemplaire (légion étrangère, apport remarquable…), l’abandon et la non-transmission de sa culture indigène et du temps (parfois plusieurs générations) en fonction de la proximité culturelle.
    Mais il n’est pas nécessaire de rejoindre la communauté indigène majoritaire pour pouvoir vivre sur son territoire si les 3 premiers points (reconnaissance, in-nocence, discrétion) sont respectés.

    • Le « vivre ensemble » est une fumisterie de gauchistes » et également d’une grande radio !

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