Les Balkans dans l’Union : c’est pour demain !

Tenu au mois de juillet de cette année à Trieste (Italie), le quatrième sommet annuel du « Processus de Berlin » se fixait pour objectif de piloter les discussions en vue de l’établissement d’un Marché commun entre l’Albanie, la Bosnie, le Kosovo, la Macédoine, le Monténégro et la Serbie. Une coopération régionale renforcée en forme de sas d’entrée dans l’Union européenne. D’ailleurs, le commissaire européen Johannes Hahn l’a clairement laissé entendre dans un entretien accordé au pure player serbe B92 : "Notre engagement est aussi fort qu’avant."

Le sous-entendu évident pourrait se traduire par « Nous ferons tout pour que les Balkans soient rapidement intégrés à l’Union européenne pour élargir encore un peu plus le marché unique », n’en déplaise aux États membres et à leurs citoyens. Il fallait comprendre, dès le départ, que le « Processus de Berlin » n’était pas une fin, mais bien un moyen. Pour l’heure, seule la Croatie a pu rentrer dans l’Union et atteindre les standards d’admissibilité. Nul doute, pourtant, que ceux-ci devraient encore une fois être abaissés pour accélérer l’arrivée des États issus de l’atomisation de feu la Yougoslavie, comme les instances eurocratiques l’avaient déjà fait dans les cas de la Bulgarie, de la Roumanie ou bien de Chypre.

Qu’avons-nous à gagner à pareille opération ? Rien, mais nous avons beaucoup à y perdre. D’ailleurs, Ubu semble roi dans l’Union européenne de 2017. Ainsi, les feux rouges sont devenus des feux verts pour le think tank OBC Transeuropa qui juge que les Balkans doivent être rapidement intégrés, non pas parce qu’ils ont progressé, mais parce qu’il faudrait les sauver des nombreux fléaux qui les menacent, tels que "des industries en déliquescence, l’emballement de la dette extérieure, un taux de chômage élevé, des investissements insuffisants, une administration pléthorique". Ajoutez à cela des problèmes institutionnels graves, des législations en deçà des standards européens, une corruption endémique, le non-respect des droits de l’homme ou des tensions politiques qui pourraient dégénérer entre le Kosovo et la Serbie !

Des problématiques majeures qui ne seraient pas complètes sans évoquer les difficultés que pose la présence d’un islam djihadiste au Kosovo et en Bosnie, voire dans certaines franges de la population albanaise, trois pays soumis aux influences des grands Frères musulmans du Moyen-Orient, et surtout au paternalisme de la Turquie d’Erdoğan pour laquelle ces régions sont naturellement destinées à revenir dans le giron d’Istanbul, sortes d’enclaves ottomanes ou de marches au cœur du continent européen !

Emmanuel Macron peut gesticuler sur « l’Europe à plusieurs vitesses », les vrais décideurs s’en moquent. Au Parlement européen, les députés votent en chœur tous les rapports proposant une plus grande intégration, une extension sans fin du domaine du marché unique. C’est, du reste, la volonté de Jean-Claude Juncker, l’actuel président de la Commission européenne, militant pour une Europe des 32 : "Le fossé entre l’Ouest et l’Europe centrale risque de se creuser davantage. Il est préférable de jeter des ponts entre eux." Pour lui, comme pour les députés français du Parlement européen qui votent toujours favorablement, droite et gauche ensemble, à l’exception de vos députés du groupe Europe des nations et des libertés (ENL), les choses sont simples : tous les pays de l’Union ont vocation, à plus ou moins brève échéance, à rejoindre l’euro, l’Union bancaire, l’espace Schengen, la défense ou la coopération policière. Vous voilà prévenus !

Dominique Bilde
Dominique Bilde
Députée européenne du FN

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