Les banques centrales détiennent le tiers des obligations échangeables dans le monde !

De nos jours, jouer les Cassandre n’est pas très difficile ! Il suffit de dire la vérité et avancer des chiffres incontestables, contrairement au « mainstream » des journaux économiques de la pensée unique !

C’est ainsi que le chercheur en finances Philippe Herlin nous apprend, sur le blog de Liliane Held-Khawam du 6 septembre dernier, que, selon Goldman Sachs, sur les 54.000 milliards de dollars d’obligations (souveraines et privées) échangeables dans le monde, les banques centrales en détiennent aujourd’hui 18.000 milliards, soit exactement un tiers. Elles sont passées devant les très risqués "hedge funds" (28 %), dont la seule vocation privée est de « faire », de gagner de l’argent en prenant des risques.

Des banques centrales comme celles du Japon et de la Suisse n’hésitent même plus à acheter directement des actions. Le volume monstrueux des obligations détenues par les banques centrales est la seule raison pour laquelle les taux d’intérêt dans le monde sont artificiellement et ridiculement bas. Nous en sommes au point que si les banques centrales arrêtent d’acheter des obligations, c’est la remontée immédiate des taux d’intérêt avec un krach mondial immédiat à la clé !

Lorsque j’étais étudiant en sciences économiques, on m’avait toujours enseigné qu’à l’actif des banques centrales, il pouvait y avoir de l’or, des devises étrangères, des bons du Trésor et des effets commerciaux à moins de 90 jours, mais rien d’autre ! Et surtout pas des obligations à long terme et encore moins des actions.

Des investissements financiers risqués à long terme à l’actif d’un bilan de banque centrale ne peuvent pas représenter des contreparties sérieuses pour des établissements dont la mission est d’assurer la sécurité, la valeur et la confiance de la monnaie émise par leurs soins. Les banques centrales pouvaient, dans les années 60/70, seulement escompter des effets des banques ou intervenir sur le marché « open market » en achetant ou vendant des effets commerciaux, des bons du Trésor afin de pouvoir alimenter ou, au contraire, restreindre la liquidité des banques et du marché monétaire.

Mais la pensée unique aux abois et sans scrupules est passée par là ! Cela montre à quel point nous vivons avec des innovateurs états-uniens et des imitateurs européens complètement paniqués et déboussolés.

À Chypre, en Grèce les banques sont sous respiration artificielle. Les crises systémiques pointent en Espagne et en Italie, les banques de ces pays ayant à leur actif la bagatelle de 350 milliards de créances douteuses. Lorsqu’on voit toutes les difficultés qu’ont connues l’Espagne, avec Banco Popular de Santander, et l’Italie, avec Monte dei Paschi et des banques vénitiennes sur le point d’être absorbées pour un euro par Intesa Sanpaolo, soit un coût global d’environ 20 milliards d’euros pour le Trésor italien, on imagine les sommes que devrait trouver le gouvernement italien si toutes les banques concernées par les créances douteuses étaient, suite à une crise financière, menacées de faillite immédiate !

Aujourd’hui, les dettes, les déficits budgétaires, les balances commerciales déséquilibrées, les produits dérivés bancaires et le montant des actifs des banques commerciales tout comme ceux des banques centrales dans le monde ont atteint des niveaux extravagants. Les produits dérivés, par exemple, dépassent les 1,2 quadrillion (1.200.000.000.000.000) de dollars en valeur absolue. Lorsque l’on sait que le risque financier réel est d’environ 10 % de ce montant pour les banques, on commence à prendre conscience que nous vivons sur un volcan si l’on met en face leurs ridicules capitaux propres.

Depuis l’an 1500, il a été établi que la durée de vie moyenne des devises papier, c’est quarante ans. Or, cela fait maintenant 46 ans, depuis 1971, que Nixon a imposé la monnaie dollar-papier devenue inconvertible en or.

Les marchés actions ont plus que triplé depuis 2009. Les obligations sont en hausse continue depuis 36 ans et représentent l’une des plus grosses bulles de l’Histoire. Quant à l’immobilier, suite aussi aux ridicules bas taux d’intérêt, la bulle a dépassé son pic de 2006.

Rappelons-nous ces phrases prophétiques de Nietzsche : "Qui n’est pas d’accord ira à la maison des fous. Autrefois tout le monde était fou, disent les derniers hommes et ils clignent de l’œil."

Marc Rousset
Marc Rousset
Économiste - Ancien haut dirigeant d'entreprise

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