Bardella admet son échec, au contraire de LFI : pour mieux rebondir ?

© Jordan Florentin
© Jordan Florentin

En politique comme en amour, il y a l’art et la manière. D’un côté, les mélenchonistes arrivent en terrain conquis, comme si la France était leur ; il est vrai qu’il y a peu, Jean-Luc Mélenchon assurait que la République, c’était lui. Bref, on oublie les préliminaires, quitte à prendre Marianne à la hussarde.

De son côté, Jordan Bardella semble être un soupirant un brin plus délicat. D’où cette mise au point effectuée hier, sur TF1. Et là, il assume ses propres manquements. Oui, « il y a eu, sur les 577 candidats qui ont été investis, quelques erreurs de casting qui ont donné une mauvaise image de notre mouvement. […] Nous allons encore travailler, toujours travailler. »

À la gauche, tout est permis ; à la droite, tout interdit !

À l’autre extrémité de « l’arc républicain », ces pudeurs ne sont évidemment pas de mise. Mathilde Panot, à propos de Raphaël Arnault, nouveau député d’Avignon : « Je suis fière d’avoir des forces antifascistes dans notre Nouveau Front populaire. […] Je suis fière de cette candidature et c’est un choix assumé. »

Ce qui confirme ce que nos lecteurs savaient depuis longtemps : à droite, rien n’est jamais pardonnable, tandis qu’à gauche, tout est toujours excusable. La preuve en est que Gilles Pennelle, responsable du recrutement des députés RN, vient de présenter sa démission aux instances de son propre parti. Dura lex, mais sed lex… Responsable avéré ou coupable potentiel, telle est la loi : ceux qui ont plus ou moins failli doivent payer le prix de leurs manquements. En l’occurrence, c’est probablement injuste, mais logique : un parti aux portes du pouvoir n’est pas une garderie d’enfants.

L’alliance de Macron avec la gauche de la gauche…

Hormis cette bonne tenue du Rassemblement national dont ces collègues Insoumis feraient bien de s’inspirer en leurs propres écuries, dignes de celles d’Augias, Jordan Bardella n’a pas tort de rappeler : « Emmanuel Macron a pris la décision de jeter le pays dans les bras de l’extrême gauche, avec qui il a fait alliance durant cette élection. Il y a un climat d’incertitude, d’ici un an, le président de la République, ce sont nos institutions, ne peut pas dissoudre l’Assemblée. Je ne sais pas ce qui va se passer dans les prochains mois. »

En attendant, faut-il savoir que France Info, pas spécialement lepéniste, remet l’église au cœur du village en affirmant : « Si la campagne a écorné l’image lisse du RN, elle n’a en rien freiné sa dynamique électorale. À l’arrivée, en prenant en compte les seuls partis – et non les blocs politiques –, ce mouvement sera le mieux représenté au palais Bourbon, avec 126 élus. […] De fait, le long travail de dédiabolisation et de normalisation continue de porter ses fruits. » Toujours selon la même source, il est encore dit que « par contraste avec la stratégie des insoumis à l’Assemblée, le RN opte pour une attitude plus lisse, avec une gestion parfois très verticale de ses troupes. À sa droite, les discours et les programmes plus radicaux d’Éric Zemmour participent aussi à adoucir l’image du parti de Marine Le Pen, qui a d’ailleurs tenu à ne plus siéger avec le parti d’extrême droite allemand AfD. »

Quand Bardella rebondit au Parlement européen…

La preuve en est que pendant que les mélenchonistes savourent leur victoire en trompe l’œil – 77 députés, contre 126 au RN, il n’y a pas non plus de quoi danser la Carmagnole –, Jordan Bardella vient d’être nommé à la présidence du troisième groupe politique au Parlement européen, Les Patriotes. Là, il convient de laisser la parole à Jean Quatremer, correspondant de Libération à Bruxelles et Strasbourg, et fin spécialiste de la question : « Jordan Bardella, président du Rassemblement national qui ne se présentait pas aux élections législatives, a trouvé un beau lot de consolation au Parlement européen. L’ex-futur Premier ministre de la France devrait, en effet, présider le nouveau groupe politique d’extrême droite "Les Patriotes pour l’Europe" [...] Un poste prestigieux, à la fois en termes de pouvoir et d’exposition médiatique, d’autant plus qu’il devrait être, avec 84 eurodéputés, le troisième par ordre d’importance après les conservateurs du PPE (188) et les socialistes (136). C’est la première fois dans l’histoire du Parlement élu au suffrage universel depuis 1979 que l’extrême droite parvient à se hisser à une telle place. »

Comme quoi, malgré les désillusions électorales d’un jour, l’avenir commence toujours demain.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 10/07/2024 à 23:04.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

41 commentaires

  1. Bravo Monsieur Bardella vous faite honneur à votre partis le RN qui soit dans la ligne très droite de la France et bravo aux 10 millions de Français qui ont voter pour le RN et aussi pour Mr Ciotti.

  2. Reconnaître ses erreurs, c’est bien mais c’est encore mieux de ne pas en commettre. En politique, l’amateurisme se paie cash…

  3.  » Il n’y a pas de réussite facile, ni d’échecs définitifs ». Marcel Proust
    C’est le courage de continuer qui compte, fidèle à ses convictions.
    Reconnaître ses erreurs, ses échecs est une preuve d’intelligence et d’humilité. Qualités très rares dans cette classe politique peuplée de  » gamelards et d’opportunistes, imbus de médiocrité.
    Bardella est jeune et talentueux. Je pense qu’il a un vrai destin politique.

  4. Défaite? RN (et alliés) : 10 600 000 voix au premier tour, 33,22% . Et au second tour : 10 100 000 voix et 37,07% (il y a moins de circonscriptions) , le tout avec 66% de votants. Loin devant tous les autres(25,6% au second tour pour NFP, 23% pour Macron, 5,5% pour LR) . Le RN gagne 50 députés malgré un scrutin antidémocratique et a la chance de n’avoir pas à gérer les chaos extrême qui attend notre pays. La victoire en 2027 est au bout d’un chemin tout droit: ne pas la manquer!

  5. Votre stratégie de dédiabolisation sert les intérêts de la gauche et nuit gravement au rassemblement de toutes les droites. En laissant accréditer l’idée selon laquelle Reconquête est un dangereux parti extrémiste, vous vous tirez une balle dans le pied. Vous cherchez toujours à plaire à la gauche, vous vous chiraquisez, sans pour autant plaire aux descendants de ce parti. Vous êtes toujours à la recherche de cautions à gauche. Jean Quatremer, France Info. Vous êtes prêt pour faire la génuflexion devant l’autel de la bienpensance ….

  6. Badella a fait une très bonne campagne et personne ne pouvait faire mieux que lui sauf qu’il n’est pas responsable de cette immorale report des voix mais a bien y regarder ce sont les électeurs qui acceptent de reporter leurs voix et en cause des paroles de candidats bon pour être mis en examens bien relayés par les médiats nationaux.

  7. Pennelle responsable, c’est une évidence. Il aurait du être viré bien avant les élections mais il était bien protégé. Maintenant il va falloir virer celui qui le soutenait. Ca va être un peu plus compliqué. Bardella, Marine Le Pen et certains candidats ont cru que c’était gagné au soir du 1er tour et ont passé leur temps à former un gouvernement pendant que les autres faisaient une grosse campagne de 2ème tour.

  8. Objection : le RN n’est pas l’extrême-droite, c’est la vraie droite, le PPE étant un parti de centre-gauche (on le voit avec son collectivisme assumé)

  9. « Never complain, never explain » Jordan Bardella et son parti devraient s’inspirer de cette maxime de la famille royale UK pour ne jamais fournir d’argument à leurs détracteurs.

  10. On peut lire la constitution d’une manière différente et réaliste : le Président de la République nomme comme
    1er ministre un membre de la formation politique qui a obtenu le plus de voix au second tour !

  11. Excellente analyse d’autant plus que ce NFP ne tardera pas à montrer ces divergences de partis.

  12. Il y a une chose importante que le RN n’a pas perdu, l’honneur, et ça, ça ne s’échange pas.

    • Ils n’ont pas perdu l’honneur, mais ils ont perdu tout le reste, en particulier leur programme … abandon du Frexit, de la sortie de l’Euro et de l’OTAN, de l’arrêt de l’immigration, de l’accès prioritaire des citoyens francais aux prestations sociales et aux logements sociaux, au train où ca va, ils vont devenir une grosse annexe des LR, et puis bon, un 1er ministre de 28 ans, ce n’est peut-être pas top pour inspirer confiance aux electeurs, qui ont déja pris une douche froide avec un cas psychique de 39 ans à son election, et un premier ministre qui a l’air de sortir d’une cour de récré. Mais on attend bien sûr un 3e essai de MLP en 2027, qui va essayer de faire mentir l’adage « jamais 2 sans 3 ». Franchement, ce RN est un éternel challenger bien pratique pour le système, sans compter qu’une partie de leurs candidats présentés n’avaient visiblement pas le niveau. Ils ont vraiment besoin de se remettre en question avant 2027, sinon ils n’y arriveront pas !

  13. Les veaux sont en route pour l’abattoir virtuel. Qu’ils saignent profondément, virtuellement bien sûr. Je n’irai ni les aider, ni les plaindre. Faut assumer dans la vie.

  14. Echec avec le nombre d’électeurs qui ont voté pour lui surement pas , un grand vainqueur . Les autres ont gagné par la magouille et des alliances indécentes . Le peuple n’oubliera pas ceux qui l’ont trahi en s’alliant avec l’ennemi .

    • « Le peuple n’oubliera pas ceux qui l’ont trahi en s’alliant avec l’ennemi » En attendant, ce peuple que le général de Gaulle assimilait à des veaux s’est mué en castors. Quand ce peuple en est à sa deuxième voire, troisième génération de constructeurs de barrage, c’est qu’il adore ça et qu’il en redemande. On peut le déplorer autant que l’on veut, ça n’en reste pas moins la réalité. Continuer à croire que l’on finira un jour par transformer des ânes en chevaux de course est une illusion. Ces ânes sont irrésistiblement attirés par ceux qui en feront du saucisson.

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