Bardella contre Mélenchon : deux France face à face

Bardella Mélenchon

Une carte de France aux couleurs du Rassemblement national. Au lendemain du premier tour des élections législatives qui a vu le RN et ses alliés arriver en tête du scrutin (33,4 %), suivi par le Nouveau Front populaire (27,99 %) et la majorité présidentielle (20,04 %), alors que les tractations vont bon train entre les partis et que la majorité absolue semble incertaine, une conclusion s'impose : la France se divise, désormais, en deux camps irréconciliables. D’un côté, la France du Rassemblement national, populaire, rurale et travailleuse. De l’autre, celle du Nouveau Front populaire jeune, citadine et diplômée. Entre les deux, le bloc de la majorité présidentielle accuse un net recul et résiste difficilement.

La France des grandes villes contre la France des campagnes

Le RN, avec un peu plus de 33 % des suffrages, réalise l’exploit d’être en tête dans la majorité des circonscriptions et réussit à faire élire, avec ses alliés, 39 députés dès le premier tour. Un exploit que le parti doit à son électorat de plus en plus fidèle et dont la base ne cesse de s’élargir. Comme le résume l’institut Ipsos, le parti à la flamme bénéficie, aujourd’hui, d’un « électorat plus homogène qu’auparavant, finalement assez proche de l’ensemble de la population homogène ». 32 % chez les femmes, 31 % chez les retraités, 28 % dans les grandes villes… L’électorat RN est l’un des rares à progresser mais, à y regarder de plus près, même si le parti de Jordan Bardella séduit désormais toutes les catégories, force est de constater que son électorat majoritaire appartient surtout à la France des oubliés. Longtemps dévolus à la gauche, les ouvriers votent, en 2024, d’abord pour le RN (57 %), tout comme les employés (44 %). Près d’un non-diplômé sur deux a également glissé un bulletin RN dans l’urne, ce 30 juin. Fait marquant : les femmes ont une nouvelle fois voté en priorité (32 %) pour le RN. Par ailleurs, c’est dans les petites communes, notamment dans les communes rurales de moins de 2.000 habitants touchées par les déserts médicaux et l'abandon de l'État, que Marine Le Pen et ses candidats réalisent leur meilleur score (40 %). Au sein de nombreuses circonscriptions, le RN réalise ainsi son meilleur score dans les communes périphériques plutôt que dans les grandes villes et chefs-lieux.

À l’inverse, le Nouveau Front populaire réalise ses meilleurs scores dans les grandes villes de plus de 200.000 habitants. En Île-de-France, notamment, l’alliance des gauches arrive ainsi le plus souvent en tête ou à la seconde place derrière la majorité présidentielle, tout comme à Lyon, Toulouse et Strasbourg. Seule exception, à Marseille, le NFP est certes souvent qualifié pour le second tour mais, cette fois-ci, derrière les députés du Rassemblement national - sauf dans les quartiers nord où Sébastien Delogu (LFI) a été réélu dès le premier tour. D’autre part, les jeunes se tournent d’abord vers l’alliance des gauches : 48 % des 18-24 ans et 38 % des 24-35 ans ont, ainsi, voté en faveur du Nouveau Front populaire lors du premier tour des élections législatives anticipées. Cette jeunesse qui défile contre le RN depuis le 9 juin dernier ne représente, cependant, pas toute la jeunesse, puisque 33 % des 18-24 ans et 32 % des 24-35 ont tout de même voté pour les candidats RN. Enfin, LFI et ses alliés séduisent surtout les diplômés (bac+3 et plus).

Le RN installé dans la France périphérique

Cette fracture entre ces deux électorats, entre la France rurale et travailleuse du RN et la France citadine et jeune du NFP, est particulièrement criante en Île-de-France. Au cœur de la région, dans la capitale, l’alliance des gauches réussit ainsi à se qualifier dans la quasi-totalité des circonscriptions, soit en première place, soit derrière la majorité présidentielle. Neuf candidats du Nouveau Front populaire, dont Sandrine Rousseau, Aymeric Caron et Danièle Obono, ont ainsi été élus dès le premier tour à Paris. Dans la petite couronne, composée de ville de plus de 200.000 habitants, l’alliance des gauches est encore très haute. En Seine-Saint-Denis et dans le Val-de-Marne, notamment, LFI et ses alliés arrivent en tête. Et plus on s’éloigne de la capitale, plus la ville laisse la place à la campagne, plus le RN progresse. Le parti de Jordan Bardella arrive, ainsi, en tête dans la majorité des circonscriptions de Seine-et-Marne et dans quelques circonscriptions des Yvelines. Un clivage que l’on retrouve également en Bretagne, où le RN réalise une percée au sein même des circonscriptions. Les villes côtières ainsi que les grandes villes sont acquises à la majorité présidentielle et au NFP, alors que les communes rurales plus reculées placent souvent le RN en tête. Sur la carte de France, à l’exception de deux circonscriptions de la Haute-Vienne, la « diagonale du vide » a d’ailleurs voté massivement en faveur du RN.

Au-delà du clivage générationnel et territorial qui n'est pas nouveau mais qui se cristallise aujourd'hui, ces deux France ne partagent plus l’essentiel. D’un côté, les électeurs du RN espèrent préserver la France, son identité, ses racines et une certaine idée de l’ordre. De l’autre, les électeurs NFP assument l’idée d’une France « créolisée » (selon les termes de Jean-Luc Mélenchon) ouverte à l’immigration et laxiste. La France périphérique est-elle prête à prendre sa revanche ? Réponse le 7 juillet.

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

15 commentaires

  1. A propos des jeunes électeurs, vous notez que LFI et ses alliés séduisent surtout les diplômés ( bac+3 et plus ). Cela est significatif du niveau de nos futures « élites »…Ce qui n’est guère rassurant, pour utiliser une litote !

  2. Je ne sais pas si je rêve, mais j’ai l’impression que ce sont les zones habitées par les « sales riches » qui ont le plus voté en faveur du nouveau parti populiste islamo gocho. Bizarre, traditionnellement ce sont les ouvriers qui votaient communistes. Mais il est vrai que Macron a quasiment terminé l’extermination des ouvriers en France. Et qu’avec ce gouvernement, les ouvriers restent au SMIC avec très peu d’espoir de progresser.

    • Les citadins nantis sont éloignés des réalités et votent traditionnellement à gauche par snobisme (restons courtois ) . Volontiers hautains néanmoins vis-à-vis des « gens de rien », ces lecteurs du Monde ont moins de bon sens et parfois de cervelle que bien des ouvriers…Paieront-ils un jour leur stupide collusion avec ceux-là mêmes qui veulent les détruire? On ne leur souhaite même pas…

  3. Je pense que tout ça va faire une excellente campagne pour MLP 2027. Depuis 7 ans le RN monte au fur et à mesure que l’insécurité gagne les plus petits villages (Crepol). Tous ces électeurs qui préfèrent le NFP au RN, ne se sentent pas encore suffisamment concernés. Mais quand, grace à LFI, 20 000 prisonniers seront relâchés dans la nature, les policiers seront désarmés et que les sauvageons, ivres d’impunité, étendront leurs méfaits aux quartiers les plus tranquilles. Quand ce seront des familles de magistrats qui seront touchées comme l’a été en son temps Bernard Tapie lors d’un home jacking douloureux, les bulletins pour le RN vont s’entasser dans les urnes. Et les Français demanderont des comptes à ceux qui auront permis cette situation.

  4. 27,99 % pour 33,4 % en faveur du RN restera pratiquement inchangé de 7 Juillet à 20:00 heure avec une petite hausse pour le RN espérons le. Dans la proposition de Bardella dans un esprit totalement claire d’un débat avec Mélenchon on vois bien d’une part la peur de celui-ci qui ne se sent pas à la hauteur intellectuel mais surtout dans un esprit de bas niveau d’essayer de rabaisser Bardella a un rang inférieur sauf que c’en est grotesque.

  5. Le bastion rosee tient à Montpellier mais toutes les petites communes ou presque de la métropole ont placé le RN en tête. Résultat symptomatique de la déconnexion de la France rurale face à la boboïsation des grandes villes.

  6. Cela servirait-il à quelque chose que je dise: « je l’avais dit avant les élections »? La décision finale, dans une semaine pour tous les Français, en dépit des honteuses consignes de désistements auxquelles nous assistons, est : la France gouvernable pour le RN avec une majorité absolue, ou la France livrée au communisme. Ne cherchez pas, il n’y aura rien d’autre.

  7. Il n’y a qu’une France celle du peuple laborieux et patriote et qui pour rester français compte sur un vote responsable d’une grande majorité en faveur du RN . Le seul drapeau qui doit flotter sur ce pays lundi prochain est bleu blanc rouge . Mobilisons nous en masse pour voir ce drapeau dans chaque ville et village de France .

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