Barnier à Matignon fait fantasmer LR : malentendu, chance ou piège ?
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Il est un point sur lequel l'extrême gauche, par la voix de Sophie Binet par exemple, et Marine Le Pen sont d'accord : Michel Barnier est une anomalie historique. Il accède à Matignon alors que son parti (où il est d'ailleurs loin d'être majoritaire !) vivote autour de 5 % des suffrages et dispose de 47 députés, sur 577, à l'Assemblée. Pour la secrétaire générale de la CGT, cela donne, au micro de France Inter, ce samedi 14 septembre : « On est en décalage complet avec l'esprit des Français. Emmanuel Macron met en place le Premier ministre le plus faible de la Ve République. » Quant à Marine Le Pen, elle a déclaré le même jour, lors de la rentrée du groupe parlementaire RN : « La France ne peut pas fonctionner avec un gouvernement dirigé par une force politique qui a fait 5 % et qui, précisément, a été choisie pour cela. »
Notre grand pays qu'est la France ne peut pas fonctionner avec un gouvernement dirigé par une force politique qui a fait 5% et qui précisément, a été choisie pour cela.
Nous espérons que cette mandature sera la plus courte possible, pour qu'une majorité claire puisse gouverner. pic.twitter.com/2qRtLJPMep
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) September 14, 2024
À ce sujet — LR est-il encore un « parti de gouvernement » ?
Le paradoxe constitutionnel est éclatant. Comment un parti ultra-minoritaire et en déclin peut-il gouverner ? Et avec quelle majorité ? Certes, l'ex-majorité présidentielle soutiendrait Barnier, mais avec les exigences du groupe le plus fort de cette majorité. Le gouvernement Barnier, peut-être même dès sa formation en ce moment, est donc sous surveillance des macronistes, ceux de l'Élysée comme ceux de l'Assemblée. Et pourtant, depuis sa nomination, un étrange vent d'optimisme souffle chez les LR. Barnier, c'est leur divine surprise. L'occasion inespérée de revenir au pouvoir, alors qu'ils enchaînent les défaites électorales. Un vent qui a même fait tourner une girouette : L'express parle de la « volte-face » de Wauquiez. Il serait passé, en trois jours, d'un non ferme à une entrée des LR au gouvernement à des tractations pour y entrer lui-même : il viserait le ministère de l'Intérieur, en concurrence avec Bruno Retailleau, faisant basculer le groupe LR dans la majorité. On voit bien, après le fantasme estival de la gauche de s'imposer comme seule majorité avec ses 193 députés, que celle qui se dessine, des macronistes à LR et peut-être à LIOT, la dépasserait. C'est d'ailleurs une telle alliance qui a permis à la présidente de l'Assemblée de se succéder à elle-même et à LR de conserver un poids réel dans le bureau. Dès ces élections de juillet, l'accord Macronie-LR était en fait acté.
Mais voilà, l'arithmétique est têtue et si le NFP, avec ses 193 élus, n'a pu imposer sa politique, LR, avec seulement 47 députés, le pourrait-il ? C'est cette réalité que vient de rappeler Marc Fesneau, ministre démissionnaire de l'Agriculture et président du groupe MoDem, dans un entretien à La Tribune Dimanche : « LR, avec ses 47 députés, est en train de se comporter de la même manière que le Nouveau Front populaire qui, cet été, estimait qu’il pouvait imposer sa politique même s’il ne disposait que de 193 voix. » Rappelons que le groupe « Démocrates ! » de M. Fesneau compte, lui, 37 membres... On comprend alors que les barons LR sont en plein fantasme de Restauration, qu'ils souhaitent aussi pousser ses prétendants et ses exigences...
Mais alors, que peut espérer LR de ce retour sur le devant de la scène ? Retrouver sa réputation de « responsabilité » et de « parti de gouvernement ». Pour M. Wauquiez, retrouver audience et exposition médiatiques pour sa future candidature. Oui, dans l'immédiat. Mais quand il faudra rentrer dans le dur ? Du budget, de la recherche de majorités, des décisions impopulaires à assumer ?
En effet, pour un parti coincé entre RN et UDR de Ciotti d'un côté et Macronie de l'autre, le pari est à double tranchant. Il est en effet menacé, en cas d'échec de l'expérience Barnier, d'être emporté avec lui dans l'impopularité. Ou bien, en continuant d'imposer ses exigences de droite, comme les a rappelées Laurent Wauquiez à Annecy lors des journées parlementaires de LR (« Nous avons besoin d’une politique de droite avec plus de sécurité et moins d’immigration »), il aura la possibilité de quitter le navire au moment opportun en prenant l'opinion à témoin. Mais il prendra aussi le risque d'être celui qui fait replonger le pays dans l'instabilité qu'il prétendait conjurer. Pas sûr que ces volte-face à répétition soient portées à son crédit par l'opinion.
30 commentaires
Quand M. Pompidou fût nommé 1 ministre, il ne relevait d’aucun parti et était un parfait inconnu, sauf du Général.
Un 1 ministre devrait être choisi pour ses capacités et non en fonction de son appartenance à une formation politique. Que le gouvernement soit ensuite composé en tenant compte de la majorité globale, soit.
Comme disait Éric Zemmour, c’est le retour des partis charnières, ceux qui permettent de constituer une majorité. LR aux yeux des électeurs est vu comme un parti qui fait la jonction entre le macronisme et le lepenisme. Pour le moment l’UDR est vu comme un parti aspiré par le RN. Les français ne semblent pas défavorables à un gouvernement qui prend le meilleur du RN et le meilleur du macronisme (je ne fais pas partie de ceux qui considèrent que tout est à jeter de l’action du gouvernement Macron mais j’ai davantage de désaccords).
Je n’ai plus confiance en ces LR, que j’ai soutenus par le passé mais qui sont devenus de vraies girouettes. Comme la majorité de nos politicards, malheureusement leur préoccupation ce n’est pas l’intérêt de la France mais le souci de préserver ou d’obtenir des postes bien au chaud, avec plein de privilèges et où l’on n’est jamais responsable de rien. Le contraire du Smicard qui se lève tous les matins pour aller bosser, qui peut se faire « jeter » sans aucune indemnité en cas de faute grave et qui, au bout du compte, n’arrive même plus à subvenir à ses besoins les plus élémentaires.
Les problèmes s’amoncellent, un gouvernement oui mais quand ? Il a fait fort Macron !
Le LR a montré son incapacité à gouverner le pays alors qu’il était en place. Contre toute attente, il a fait une politique de gauche. Nous faire croire qu’il va pouvoir le faire en étant minoritaire relève de l’exploit, mais rien n’est impossible. Donnons la chance, une seule fois, ensuite mettons-nous au travail pour réparer 60 ans d’incompréhension politique. Ca va être dur de remettre au travail des gens habitués à ne travailler que 35h/semaine alors qu’il faudrait en faire peut-être 48 !!!
Il suffit d’observer Wauquiez pour comprendre que c’est un compatible avant tout, d’ailleurs, n’en a t-il pas l’apparence !
Absolument aucune confiance, au même titre qu’un Edouard Philippe que l’on essaie de nous vendre depuis des années, tout en occultant sa servilité auprès de Macron.
De belles éoliennes ces LR mais qui comme leur nom l’indiquent ne produisent que du vent et peu
d’énergie. Leur seul fait d’arme et pas le meilleur est la trahison de leurs électeurs. Ne cherchez pas plus loin pourquoi ils sont parti au RN.
Au sujet du RN, il est intolérable qu’il continue à avoir l’étiquette d’extrême droite, ce parti est de droite, n’en déplaise aux bien-pensants et autres.
Observez les déplacements de Barnier et regardez ceux qui s’empresser autour de lui avec des sourires hypocrites. La leche est de mise. Pauvre France tu n ‘es pas sortie de l’orniere.
Sans oublier « Bruno Le Maire » , lors des primaires, avait obtenu un petit score (2% ?) et pourtant s’est retrouvé ministre de l’économie (sic)
J’en reviens toujours aux critères dans le cadre de la 5 ème République car c’est bien la seule qui a fonctionné durant ces 66 ans mais au fil du temps s’est avachie . La famille des LR n’a pas fait un travail de réflexion sur ses 66 années et continue encore aujourd’hui à vouloir gouverner avec un centre gauche et droite qui néglige les problématiques cruciales que vivent les français lambdas . Le régime présidentiel c’est fichu il va falloir partager le travail et le gâteau et de toute évidence revenir aux urgences régaliennes et s’appuyer sur une Assemblée Nationale responsable et ne plus faire et défaire des lois . Le seul hic reste la réforme des institutions judiciaires avec des juges intègres qui n’interviennent plus politiquement. Vastes chantier ou il faut du courage et de l’abnégation, chose que les LR ont perdu.
Très juste
le plus petit commun multiple, le plus grand commun diviseur, la proportion de ciment dans le béton,… : il faut être au point stratégique, c’est tout (mais pas suffisant !) un certain Guy Mollet, en son temps, n’avait pas gagné les élections, c’était Mendès-France (un allié, tout de même), mais a été le président du conseil le plus long de la IV : pas évident pour ce régime particulièrement instable, un cas !
On a des nouvelles de l’ancien maire de Valenciennes, jean louis Bordeaux ?
LR n’est pas une solution, mais un mal nécessaire. Nous savons que la principale qualité des LR est la trahison. Ils disent quelque chose et font l’inverse. Emplâtre sur une jambe de bois, espérons que Barnier choisira parmi des compétents, LR ou non. Mais les compétents accepteront ils de venir écoper dans un bateau qui coule ? Seuls les amoureux de la gamelle ne répondront-ils pas présent ? Nous aurons, à nouveau, un gouvernement d’incompétents.
Mais n’avaient-ils pas juré craché qu’il ne participeraient pas à ce nouveau gouvernement.? Les mêmes qui considéraient Eric Ciotti comme un renégat. C’est déroutant et téméraire en diable, si j’ose dire.