Barnier à Matignon : une gauche défaite et… furax !

Capture d’écran © BFMTV
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Trouver un Premier ministre à la France ? La sélection fut encore plus ardue que durant les grandes heures d’À la recherche de la nouvelle star, le radio-crochet télévisé, entre membres du jury appuyant tour à tour sur des boutons bleus et rouges. Michel Barnier ayant été sélectionné pour la finale, c’est le chœur des pleureuses de gauche et leurs polyphonies lacrymales qui, finalement, aura été recalé.

Les émois de la gauche Kleenex™

Ces grandes voix humanistes ont décidément la larme facile et la colère bruyante. Un peu comme ces enfants mal élevés qu’on voit se rouler par terre à la caisse des supermarchés parce que privés par les grands de roudoudous ou de fraises Haribo™.

Lucie Castets, interrogée sur RTL ce vendredi 6 septembre, le dit : « Je suis très en colère, comme des millions d’électeurs français qui se sentent trahis par la décision d’Emmanuel Macron. On a un Premier ministre qui est totalement dépendant du Rassemblement national. »

Sur TF1, l’écologiste Marine Tondelier est tout aussi verte de rage que sa traditionnelle veste : « Emmanuel Macron a fait l’affront républicain. Il a demandé à ses députés de rester bien fermes parce que ça permettait de mettre Marine Le Pen en position de juge et d’arbitre. C’était son approbation qui était recherchée et pas la nôtre. »

Sur LCI, c’est le mélenchoniste exclu du parti qu’il avait pourtant contribué à fonder Alexis Corbière qui remet le couvert : « Monsieur Barnier va mener une politique sous la bienveillance de madame Le Pen. Donc, c’est une victoire idéologique de l’extrême droite, un détournement du sens du vote. »

Carole Delga, présidente socialiste du conseil régional d’Occitanie, elle aussi en délicatesse avec son propre parti, affirme, dans Libération : « Bien que défait dans les urnes, le duo Macron-Le Pen continue son pas de deux entamé depuis 2017, animé par un même mépris du suffrage universel, l’un soufflant sur les braises du malaise démocratique pendant que l’autre espère tirer les marrons du feu. Assez ! »

Olivier Faure se justifie

Au Parti socialiste, Olivier Faure, son secrétaire général, estime que « les Français peuvent se demander légitimement les raisons pour lesquelles on les appelle à aller voter : dans toutes les démocraties européennes, on commence par appeler le groupe arrivé en tête pour gouverner. Mais pas en France. » Surtout, accusé d'avoir bloqué la candidature de Bernard Cazeneuve, il se justifie sur France Inter : « Si le PS avait eu le pouvoir de nommer ou de bloquer qui que ce soit, ce serait Lucie Castets qui serait à Matignon. Il faut arrêter avec cette idée, répandue par le chef de l’État, que la gauche aurait choisi de renoncer au pouvoir. » Cazeneuve bloqué parce que lepéno-compatible ? Il est désormais trop tard pour le savoir.

Et du côté des éditorialistes des quotidiens de gauche ? La même colère, le même désarroi. À tout seigneur tout honneur, Le Monde, arbitre des élégances démocratiques : « Alors que la gauche est arrivée en tête du second tour, c’est un membre des Républicains, dont la formation s’est exonérée de ce réflexe civique, tout en en profitant pour sauver des sièges, qui remporte la mise. Alors que le Rassemblement national (RN), qui dispose encore de 123 élus dans la nouvelle Assemblée, devait être tenu à distance, c’est la formation de Marine Le Pen qui a rendu possible le choix de Michel Barnier en annonçant qu’elle ne le censurerait pas d’emblée. »  Voilà qui est à la fois fourbe, bien peigné et cauteleux. Bref, c’est le quotidien vespéral qu’on ne présente plus.

Et si le véritable Front populaire était lepéniste ?

Chez ses parents pauvres de Libération, c’est un peu la même chanson. En plus clair, sa une étant de la sorte titrée : « Barnier à Matignon. Approuvé par Marine Le Pen. » A contrario de son propre journal, Dov Alfon, l'éditorialiste maison, ne semble pas sombrer dans l’hystérie ambiante, puisqu'il note, plus sobre : « Arrivé en 2021 troisième de la primaire d’un parti qui n’a recueilli que 5,41 % des suffrages lors des dernières législatives, Michel Barnier est maintenant qualifié de "grand négociateur", de "grand élu local", de "grand diplomate". Beaucoup de grandeur pour un poste qui consistera surtout à ne fâcher ni Le Pen, ni Macron, et à réconcilier Bercy et Bruxelles dans une position contraire à celle qu’a connue le nouveau Premier ministre lors des négociations sur le Brexit. »

Certes, tout cela est bien joli. Mais, au fait, qui a appelé à voter Emmanuel Macron contre Marine Le Pen, à l’élection présidentielle de 2022, si ce n’est Jean-Luc Mélenchon, Le Monde et Libération ? Qui, ensuite, a redonné vie au « front républicain », appelant les gosses de riches macronistes à donner leurs suffrages à d’autres fils de famille mélenchonistes, si ce n’est l’ensemble d’une classe politique se lamentant aujourd’hui de la nomination d’un Michel Barnier à Matignon ? Les uns doivent leurs sièges de députés aux autres, et inversement. Bobigny et Le Vésinet ? Même combat ! À ces enfants trop gâtés par la vie, ne dites surtout pas que le seul Front populaire qui tienne est finalement celui mené par Jordan Bardella. Ils pourraient s’en aller refuser de finir leur crème caramel avant d’aller se coucher et d’avoir rangé leur chambre. On a les révoltes, les colères et les larmes qu’on mérite.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Le groupe arrivé en tête! vous appelez ça un groupe? Disons plutôt un ramassis de partis prêt à de dévorer entre eux. Remettez les tous à leur place à l’assemblée, parti par parti et comparez les au groupe du RN. Ils redeviennent tout petits et insignifiants. Je suis anti Macron, mais pour une fois, il a bien fait, sinon, c’était le bordel complet.

    • Veuillez me dire au titre de quoi retirez-vous le droit au chapitre au bloc des 193 NFP qui a remporté la législative loin devant les 166 macronistes d’Ensemble et les 142 coalisés RN-LR Ciotti ? Je ne parle même pas des LR-canal Wauquiez végétant en queue de peloton avec 47 députés, ce qui n’a pas empêché Macron de désigner Premier ministre Barnier issu de ce parti devenant de plus en plus microscopique à chaque élection.
      Maintenant avec Macron, la nouvelle mode est de choisir dans la minorité perdante et pas dans la majorité. Après tout me dira-t-on, n’est-ce-pas l’Evangile selon Matthieu qui dit que « Les premiers seront les derniers, et les derniers seront les premiers » ?
      Pour ma part, je suis anti-gauche, mais l’honnêteté intellectuelle m’oblige à reconnaître la victoire du NFP, en partant du principe arithmétique que 193 c’est plus que 166. En cela, mon raisonnement est exactement le même que celui d’aussi dangereux révolutionnaires gauchistes-islamiques-wokistes que les gaullistes JL Debré (ancien président de l’assemblée nationale et du conseil constitutionnel), D. de Villepin (ancien premier ministre) et H. Guaino (ancien conseiller spécial du président).

  2. Le petit sourire pour dire qu’ils nous aurons encore grugés . Un type qui encaisse une retraite et éprouve encore le besoins d’encaisser un salaire de 1er ministre avec l’ensemble des avantages alors que le pauvre français peine a arrondir les fin de mois c’est tout simplement une honte. Notre pays est au fond du gouffre et ces gens n’ont qu’une ambition : se remplir les poches et la destruction de la France.

  3. Mais il faut le dire: tous celles et ceux dont vous citez les noms sont tellement bons, intelligents, cultivés et raisonnables qu’ils auraient dus eux et leurs troupes être élus à la majorité des votants. En réalité, malgré les magouilles et les turpitudes de beaucoup le premier groupe de l’AN est, avec ou sans leurs alliés ciotistes, le RN, et aucun autre.

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