Bataille de fauves pour la présidence d’un PS croupion : élections, piège à c… ?

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L’élection du nouveau Premier secrétaire du Parti socialiste tourne à l'empoignade fratricide. Ça tangue plus que velu dans la vieille maison autrefois sise rue de Solférino. Rendez-vous compte du psychodrame aux dimensions eschatologiques qui vient de se jouer, ces derniers jours : Olivier Faure affrontait Nicolas Mayer-Rossignol. À côté, le match ayant jadis opposé, en 1974, Mohamed Ali et George Foreman pour la couronne des boxeurs catégorie poids lourds, c’était une partie de belote de comptoir.

Le suspense était au rendez-vous. Insoutenable, tel qu’il se doit. Ne manquaient plus que les violons de Bernard Herrmann, dans la scène de douche du Psychose d’Alfred Hitchcock (1960). Résumons, même si c’est aussi un peu d’une douche froide qu'il s’agit. Dans la nuit du jeudi au vendredi, il est 1 h 30 quand Nicolas Mayer-Rossignol annonce sa victoire à la presse. Quelques minutes plus tard, Olivier Faure fait de même : « Nous avons remporté ce résultat à hauteur des 53,47 % des voix sur 90 % des dépouillés. »

« Dépouillé », c’est le mot, sachant que l’un des deux prétendants semble avoir bel et bien été « dépouillé » de sa victoire : il y a accusations mutuelles « d’irrégularités graves et manifestes ». Il est même prétendu que cinq scrutateurs fauristes auraient été menacés de mort par leurs homologues mayero-rossignoliens, dans le bureau de vote d’Elbeuf (Seine-Maritime), section proche de la mouvance rossignolo-mayeriste. C’est dire dans quel monde on vit.

Finalement, le Parti socialiste annonce dans la foulée la victoire d’Olivier Faure, lui-même fort de 50,83 % des suffrages. Pas tout à fait une élection de maréchal, comme aurait pu dire un certain François Mitterrand, qui s’y connaissait, en matière de maréchal comme d’élections et de manœuvres internes. Mais l’essentiel est ailleurs, à en croire le perdant : « Les Français nous regardent. […] Tout cela donne une image déplorable de notre parti. » Sans blague ? Quant aux Français, on veut bien parier un clou rouillé contre un demi-pneu crevé qu’ils regardaient ailleurs, n’ayant que faire de ce qui peut bien se passer dans ce boutre en folie.


Tout bien réfléchi, il y a finalement plus grave – pour les derniers socialistes, s’entend – que cette partie de chifoumi. Ainsi, aucun des deux candidats ne paraît s’être posé la seule question qui vaille véritablement aujourd’hui : qu’est-ce qu’être socialiste et de quelle façon peut-on l’être en 2023 ? Loin de ces interrogations existentielles pourtant légitimes, la seule ligne de fracture semble avoir consisté à savoir s’il fallait ou non s’allier avec LFI. Un mariage de raison qui lui a certes permis de conserver un groupe de 32 députés à l’Assemblée nationale mais qui, à deux deniers près, aura entériné cette grande trahison et permis d’enterrer ce qui fut naguère l’un des deux grands partis de gouvernement.

La preuve par le 1,7 % de voix récoltées par Anne Hidalgo lors de la dernière élection présidentielle. Le GUD aurait aligné un candidat, il aurait sûrement fait mieux. Et le journaliste Laurent Bazin de noter cruellement : « En 2008, il y avait 232.000 adhérents au PS et une bagarre homérique entre Royal et Aubry avec triche, conférences de presse nocturnes et hurlements. En 2023, il n’y en a plus que 40.000. Mais le parti reste incapable d’organiser un vote sans soupçons ni contestation. »


Que voulez-vous, cher confrère, on ne change par une équipe qui perd.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

24 commentaires

  1. Le socialisme n’est plus ce qu’il a été et persévère dans sa désintégration, c’est bien dommage pour ses militants.

  2. Vaudeville chez les Pauvres Socialos !
    Sortez vos mouchoirs !
    Plus pathétiques « tumeur » incurable !

  3. 40.000 adhérents qui croient encore en ce parti ! Spectacle pathétique ! Pourquoi s’intéressait à ce parti moribond avec un score de 2% environ , Reconquête a, lui, fait 7% ! Ce qui est honorable !

  4. « Le GUD aurait aligné un candidat, il aurait sûrement fait mieux. » Vous m’avez plié! Merci

  5. Bataille pour un trognon d’île perdue dans l’immensité de l’Océan… comment on dit déjà ? Guerre picrocholine ?

  6. Je suis heureux enfin: ces socialistes sont enfin morts. A vingt ans ils m’ont fait chier à l’école nationale, il m’a fallu attendre soixante ans pour les voir mourir, quelle joie …. tardive certes

  7. Les républicains devrait venir en aide au PS, après tout leur cohabitation est possible, on la déjà vue et ils ont la même caractéristique qui est d’avoir plus d’élus que d’électeurs. Ça donnerait LRPS, les Républicains Peu Scrupuleux…

    • On peut se demander s’il n’y a pas eu tricherie aux élections présidentielles. N’oublions pas que M est issue du socialisme, que son papa mentor est Hollande.

  8. Pour une fois, Olivier Veran (ancien PS) m’a fait sourire en déclarant que Faure était faible. Il aurait pu ajouter: pendant que le rossignol chante.
    Heureusement, Hidalgo appelle à une refondation du PS. A suivre avec un GRAND intérêt………..

  9. Rassurez vous les français n’ont rien vu ils regardaient ailleurs , il y a un moment que la majorité des français vous a oublié , avz vous oublié votre score aux dernières élections , pas brillant .

  10. Bataille de fauves !! Comme vous y allez… je dirais plutôt de hyènes ou de rapaces ( et je n’ai rien contre des bestioles)

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