Beaune sur la GPA : l’aile gauche de la Macronie prise de transports

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Clément Beaune, ministre des Transports, se sent pousser des ailes. Dans un entretien accordé à L’Obs, il donne ses idées sur l’écologie, la décarbonation par les taxes, toutes choses relevant de son domaine de compétence ministérielle, mais aussi sur la défense des droits LGBT. Il se prononce, notamment, sur la GPA. La chose n’est ni à l’ordre du jour ni du ressort de son portefeuille. C’est, de plus, pour tout politique, une question délicate, piégeuse, car elle touche à des convictions profondes, à l’éthique, « à la dignité humaine », comme le dit lui-même le ministre. Il a pourtant fait part de ses convictions personnelles. Quelle mouche l’a piqué ? « On vous attend sur plein de sujets, pas sur celui-ci », lui décochait Sonia Mabrouk, jeudi, sur Europe 1.

Une prise de position qui tranche

À la question « faut-il légaliser la gestation pour autrui (GPA) ? », le ministre, ancien conseiller et proche du Président, réponds : « Je le pense, oui. » Il est pourtant membre d’un gouvernement qui s’est, majoritairement et officiellement, exprimé en défaveur d’une telle légalisation. Les débats soulevés par la loi Bioéthique adoptée en 2021 avaient donné l’occasion de fixer des limites relativement claires, de donner des garanties en ce sens.

Lors de la campagne présidentielle en 2017, Emmanuel Macron s’était clairement déclaré opposé à l’inscription de la GPA. Depuis, le Président semble maintenir le cap. Le 15 novembre 2021, un entretien du garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti accordé à Femme actuelle nous donne à voir un ministre déclarant solennellement : « La GPA est une ligne rouge que nous ne souhaitons absolument pas franchir. » Et d’ajouter, plus loin : « Un pays comme le nôtre ne peut pas accepter cela. » Enfin de conclure : « L’État est là pour protéger mais pas pour valoriser des pratiques contraires à l’éthique, aux droits humains les plus élémentaires. » Quelles pratiques ? La GPA dans l’absolu, ou telle qu’elle est pratiquée dans certains endroits du monde ? L’anathème n’est pas précis, mais il semble qu’on puisse trouver là une certaine cohérence du discours du gouvernement.

Une unité que vient troubler Clément Beaune

À vrai dire, son opinion sur le sujet n’étonne guère, puisque le ministre vient d’une gauche progressiste. Il précise d’ailleurs sa vision du combat pour les droits, plus loin dans son entretien dans L’Obs : « Le progressisme, notamment dans l’histoire de la gauche française, s’est toujours articulé autour de cette idée de combiner social et sociétal. Le sociétal, c’est le nom compliqué de la bataille pour les droits, ne l’oublions pas. »

Le nouveau champion de l’aile gauche ?

En cela, cet ardent défenseur des droits ne se positionne-t-il pas clairement à gauche du spectre politique de la Macronie ?

Si la question de la légalisation de la GPA trouve généralement son écho le plus favorable de ce côté de l’échiquier politique, elle ne fait cependant pas l’unanimité. Si Yannick Jadot s’était montré disposé à « réfléchir aux conditions d’une GPA éthique et aux contours d’une possible régulation » lors de la dernière présidentielle, Jean-Luc Mélenchon y reste quant à lui fermement opposé, ne croyant pas « en une GPA éthique et bénévole ». Le sujet n’en demeure pas moins explosif. On se souvient de l’épisode de juin dernier concernant François Ruffin. Le député LFI de la Somme avait eu le malheur de dire qu’il lui semblait que le sujet était secondaire par rapport à la question du travail, du partage des richesses, de la démocratie. L’avalanche médiatique s’était immédiatement abattue sur lui. Il avait piteusement battu en retraite.

Le sujet ne fédère donc pas. Il divise. Mais, pour Clément Beaune, s’en emparer est évidemment un moyen, un peu grossier il est vrai, de faire parler de lui, de se démarquer dans la valse des prétendants engagée depuis que tout ce beau monde a fait sa rentrée. Entre Darmanin et Attal caracolant à droite et Beaune débouchant sur la gauche, voici Macron pris en sandwich. À moins que tout cela ne relève finalement du « fameux en même temps » !

Jean de Lacoste
Jean de Lacoste
Journaliste stagiaire à BV, étudiant en master d'histoire du droit.

Vos commentaires

23 commentaires

  1. Ne voudrait-il pas tenter d’imiter certain magnat de l’audiovisuel, et acheter des enfants à l’étranger sans en rougir de honte ?

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