Bélâbre (Indre) : le projet de CADA bientôt enterré ?

@Gémes Sándor/SzomSzed/Wikimedia commons
@Gémes Sándor/SzomSzed/Wikimedia commons

Après Callac (Côtes-d’Armor), le nom de Bélâbre, petit village de 900 âmes dans l’Indre, pourrait bientôt devenir le nouveau symbole de la résistance contre la répartition des migrants en zone rurale. En cette fin d’année 2024, les opposants au centre d’accueil pour demandeurs d’asile ont bon espoir de voir le projet de Bélâbre abandonné. Une victoire pour ces Français qui se mobilisent depuis près de deux ans.

Un projet abandonné ?

« Comme quoi, 100 ou 200 clampins qui se mobilisent ou manifestent peuvent faire pression. Tout est possible. » Contactée par BV, Ludivine Fassiaux, présidente de l’Union bélâbraise, collectif qui lutte contre l’ouverture d’un CADA dans la commune de Bélâbre, ne cache pas son soulagement. Souvenez-vous, c’était en février 2023. BV révélait alors que le conseil municipal de Bélâbre, sans avoir manifestement tenu informé ses administrés, avait voté en faveur de l’ouverture d’un centre pour migrants. Ce centre devait être géré par l’association Viltaïs, qui avait d’ailleurs acquis une ancienne chemiserie désaffectée à cet effet. L’annonce de l’ouverture prochaine du CADA avait, alors, déclenché une levée de boucliers dans le village. De nombreux riverains refusaient de voir leur tranquillité éprouvée et leur sécurité mise à mal. Manifestations, pétition, recours en justice…. Les opposants à ce projet de CADA ont, pendant plusieurs longs mois, tout mis en œuvre pour décourager la préfecture et faire plier la mairie. Après deux ans, leurs efforts semblent payer.

« En interne, nous avons reçu la confirmation de l’abandon du projet, nous explique ainsi Ludivine Fassiaux. Les quelques places originellement prévues pour être ouvertes à Bélâbre devraient être réorientées vers les deux centres de l’Indre déjà existants ». Elle en veut pour preuve les récentes déclarations de Thibault Lanxade à la presse locale. Le préfet de l’Indre explique, en effet, à nos confrères que « toutes les places accordées au département de l’Indre sont pourvues. […] Le projet de Bélâbre ne progressant pas, la pérennisation des deux autres dispositifs me semble pertinente. » Le préfet souligne, en outre, que « l’association [Viltaïs] n’a pas les moyens financiers de mener à bien ce projet. C’est la seule raison pour laquelle il n’avance pas. » Et il appelle à ce que « Bélâbre retrouve de la sérénité ».

Grand soulagement 

Pour l’heure, aucune confirmation officielle de l’abandon du projet n’a été communiquée. Le maire de Bélâbre n’entend pas baisser les bras et devrait rencontrer le préfet, ce 18 décembre, pour le convaincre de maintenir ce projet de CADA. Contactée par BV à ce propos, la préfecture de l’Indre nous indique que « des réunions sont prévues dans la semaine, nous communiquerons après celles-ci ». Mais pour Ludivine Fassiaux, l’abandon prochain du projet ne fait plus de doute. Car aux annonces du préfet s'ajoute un recours devant le tribunal administratif de Limoges. Elle évoque le « grand soulagement » des nombreux habitants de Bélâbre qui se sont opposés à ce CADA. « Ils sont dans l’apaisement. Ils attendent de pouvoir retrouver la vie qu’ils avaient avant. »

« Bien sûr, certains restent encore méfiants », note-t-elle tout de même. En cause, l’« acharnement » du maire à vouloir faire naître ce CADA quoi qu’il arrive. En octobre, l’Union bélâbraise s’inquiétait, ainsi, que la mairie et l’association en charge, pour contourner les recours en justice effectués contre le premier projet de CADA, puissent ouvrir ce centre dans une maison de la commune et non plus dans l’usine désaffectée. Mais sans le soutien de la préfecture, la municipalité ne peut rien faire.

« Ce projet a divisé la commune, même si une majorité des habitants étaient contre, souligne Ludivine Fassiaux. Maintenant, il va falloir recréer une entente locale pour que le village refonctionne. » De son côté, la présidente de l’Union bélâbraise entend se mettre au service d’autres communes confrontées aux mêmes problèmes. « Je vais tenter de mettre à profit l’expérience de Bélâbre, notre réseau d’avocats, notre travail juridique… pour aider des villages désœuvrés face à des projets de CADA. »

Picture of Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

3 commentaires

  1. Notre département est économiquement et humainement sinistré , il existe encore un hôpital au Blanc ,mais il n’a d’hôpital que le nom ,pour nous faire soigner il nous faut aller très loin, Châteauroux ou Poitiers .Quel serait l’intérêt pour des migrants de venir s’installer dans un coin de France sans aucun débouché, à moins d’admettre clairement que ces migrants ne viennent pas pour s’intégrer ,et qu’ils pèsent lourd sur les finances du pays,réalités que nous connaissons depuis longtemps mais que l’on se garde de dénoncer dans les milieux bien-pensants.

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