Bellamy aux élections européennes : une autre forme du « en même temps » ?

François-Xavier_Bellamy

Un coup de barre à droite - un vrai, celui-ci. Éric Ciotti, après la défection magistrale de Rachida Dati partie booster sa carrière politique sous les ors de la rue Saint-Honoré, ne pouvait faire autrement que confier à François-Xavier Bellamy la tête de liste LR pour les élections européennes. Tout ce que LR compte de centre droit plus centriste que droitier n’en finit plus de passer avec armes et bagages sous la bannière de la Macronie. Et la seule manière, non pas de stopper l’hémorragie (c’est bien trop tard), mais de retrouver un semblant de cohérence avec des valeurs réellement de droite – liberté, autorité, travail, maîtrise de l’immigration et, donc, identité retrouvée –, ne pouvait, du point de vue des Républicains, que s’incarner en la personne de l’ancien professeur devenu, ces cinq dernières années, député européen LR.

Différence des LR avec la Macronie

C’est au Figaro que l’ancien adjoint au maire de Versailles a déclaré officiellement sa candidature. Dans un entretien très formel et pour tout dire un peu vague, François-Xavier Bellamy tient en premier lieu à marquer sa différence avec le magma macronien et tente de prévenir les conséquences désastreuses – envers les électeurs LR, mais surtout envers tous les dégoûtés de la politique politicienne – de la défection de Rachida Dati : « Je suis le candidat de la clarté et de la constance. » Quant à son équipe et sa liste, il précise : « Il faudra une part de continuité, mais aussi, bien sûr, de renouvellement », n’oubliant pas de préciser qu’avec Hervé Morin et David Lisnard, « nous avons partagé ensemble un travail de fond important sur les sujets essentiels pour la vie du pays. »

Ne déviant pas de la ligne LR qui, avec le succès que l’on sait, tente de tenir ensemble la droite libérale – Lisnard – et le centre - Morin -, Bellamy affirme qu’il s’appuiera sur le dernier atout des LR, et non des moindres : « Je veux fonder cette campagne sur l’expérience de ceux qui font que le pays tient debout dans les crises qu’il traverse, les maires et les élus locaux. »

Mais à la Commission européenne ?

Seulement, ce n’est pas d’un scrutin local ou franco-français qu’il s’agit et François-Xavier Bellamy n’aborde pas le sujet qui agite pourtant les chancelleries européennes depuis l’été dernier : quelle majorité parlementaire présidera aux destinées de l’Union européenne et, surtout, qui pour remplacer Ursula von der Leyen à la tête de la Commission ?

En effet, on l’aurait presque oublié, mais si le PPE dont LR fait partie est le premier groupe parlementaire européen, cette formation dite de droite gouverne, dans les faits, avec les élus du groupe Renew dont Renaissance fait partie, et aussi, souvent, avec les voix de la gauche, étant en revanche maintenu ferme et infranchissable le cordon sanitaire autour du groupe ID (Identité et Démocratie) ou CRE (Conservateurs et Réformistes européens).

François-Xavier Bellamy, dont le mandat européen fut actif et même souvent courageux, n’a pas hésité à reprocher son bilan à Ursula von der Leyen, comme lui membre du PPE. En réponse au discours sur l’état de l’Union en septembre dernier, François-Xavier Bellamy dresse en moins de deux minutes le constat d’échec de l’Union européenne et de la gouvernance Ursula : « La Commission n’aura cessé de multiplier les contraintes sur ceux qui travaillent et produisent en Europe. La directive énergétique sur les bâtiments aggravera la crise du logement. La stratégie Farm to Fork fait baisser la production alimentaire. La taxonomie accélère le décrochage industriel. Vous avez longuement parlé d’électricité pour accélérer encore l’implantation d’éoliennes, mais toujours pas un mot sur le nucléaire, première source d’énergie décarbonée et accessible en Europe. » Et de conclure : « Nous pouvons retrouver la prospérité et l’élan de notre continent, mais cela suppose d’ouvrir les yeux sur la réalité. »

Une opposition courtoise, certes, mais une opposition quand même

Sauf que François-Xavier Bellamy, dans un difficile exercice d’équilibriste, tient à faire aujourd’hui campagne dans un mouvement qui, transposé à l’échelle européenne, est tout à fait prêt à appuyer, si l’occasion se présentait, la candidature d’Ursula von der Leyen à sa propre succession. Dès septembre dernier, plusieurs ténors du PPE s’était exprimé en sa faveur pour couper l’herbe sous le pied de ceux qui, au sein même du PPE (Manfred Weber, pour ne pas le citer), semblaient prêts à franchir le Rubicon et discuter avec quelques partis membres des CRE, dont Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni.

Ainsi, dans un entretien accordé au site Euractiv, Thanasis Bakolas, secrétaire général du Parti populaire européen (PPE), a affirmé que le PPE soutiendrait une candidature bis d’Ursula et préférait continuer à gouverner avec les Verts, les libéraux et les socialistes plutôt qu’avec les partis de la droite de l’échiquier politique, CRE et ID : « Interrogé sur les coalitions post-électorales, Bakolas a souligné qu'il était trop tôt pour entamer des négociations, mais il a précisé que les forces pro-européennes devraient façonner l'agenda politique de l'UE. »

Même le socialiste Pedro Sánchez, en juillet dernier, révèle l’Opinion, s’est dit prêt à soutenir une deuxième candidature d’Ursula von der Leyen, ce même Pedro Sánchez dont François-Xavier Bellamy et Manfred Weber ont dit pis que pendre après les honteuses manœuvres politiciennes du socialiste espagnol pour se maintenir au pouvoir.

Si l’amour de François-Xavier Bellamy pour son pays, l’énergie et l’intelligence qu’il consacre à le défendre ne font aucun doute, on peine à comprendre son attachement à un parti (LR) en proie aux vents contraires et aux alliances douteuses au sein du Parlement Européen. Et l’on serait tenté de le prendre au mot et lui dire « d’ouvrir les yeux sur la réalité », à commencer par celle de son propre parti.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

29 commentaires

  1. S’il s’engage à ne plus côtoyer le groupe Reniew à l’assemblée européenne, cela a un sens. L’Europe part aujourd’hui dans une impasse qu’il est temps de quitter avant que ce beau projet ne devienne un désastre. L’Europe ne sera jamais une fédération au sens strict et il est temps de faire une pose sur son élargissement avant qu’elle n’explose en plein vol.

  2. Comment l’hôtel des Républicains peut-il tenir debout ? Il ne manque pas de piliers comme Ciotti ou Bellami mais n’a plus de murailles : le vent passe au travers comme les sans-papiers au travers de l’Europe. Ses membres sont même obligés à soumission ou compromission pour trouver leur gamelle servie . Il est passé de l’état de lionceau à celui de limace en trente ans . Les L.R. n’ont plus de droite que leur vocabulaire .

  3. Cela m’étonnerait que Bellamy franchisse le Rubicon . Les LR ont de bonnes intentions mais le manque de courage est l’essence même de ce parti qui est devenu exangue seul les électeurs peuvent changer la donne .

  4. Nous sommes prévenus: les qualités propres du candidat Bellamy, et en particulier sa lucidité sur la volonté fédérale d’Ursula, lui vaudront des votes qui seront ipso facto détournés par l’ensemble hétéroclite PPE+libéraux+verts+socialistes. Le vote Bellamy, s’il n’est pas dénoncé pour ce qu’il est, permettra à Ursula de rester à la tête de la Commission, et à l’UE de poursuivre contre les peuples son chemin vers une Europe fédérale.

  5. Décidément on ne s’en sortira pas , voila un homme patriote d’apparence , qui a bien fait son travail jusqu’ici au sein du parlement européen dont on pourrait penser qu’il se situe plus du côté RN où R! , hé bien non , il ne veut pas franchir le pas préférant être tête de liste d’un parti moribond pour , en plus être favorable à un second mandat de l’actuelle présidente , le vampire des nations . Nous sommes dans un tunnel dont on ne perçoit pas le bout .

  6. La dernière phrase de l’article a dû rester dans l’encrier : François-Xavier devrait rejoindre Marion…ou Jordan … gênant dilemne qui explique sans donne la panne d’écriture

  7. Très bon choix, l’un des meilleurs candidat. Qui n’a donc plus rien à faire à LR, regroupement de macronistes et de traîtres prêts à voter confiance après confiance pour conserver leurs places. Il lui faudra quitter ce groupe hétéroclite qui nous a tant trahi.

  8. François-Xavier Bellamy a le cul entre deux chaises. Le PPE et sa « kamarde » Ursula qui n’ont qu’un objectif, une Union fédérale mais plus union que fédérale, les nations réduites à leur plus simple expression, Macron maitre d’oeuvre singulier, et les souverainistes lesquels veulent garder la maîtrise de gestion de leur pays tout en étant inscrits dans l’Union dite « commerciale , le seul argument à créer de la puissance. Les français s’inscrivent en majorité dans cette souveraineté, sauvegarder leurs intérêts, à l’image d’un Organ qui se défend avec bec, ongle et ruse. L’intérêt de Bellamy est de se tourner vers ce clan souverain. Mais il est sous surveillance de son parti. Parti qui va se réveiller douloureusement dans l’insignifiance. Ses électeurs ont depuis longtemps rompu cette fameuse ligne rouge qui ne subsiste que chez des esprits rétrogrades. Donc susceptibles de peu d’aventure, de dynamisme, d’entreprenariat. Les prochaines élections seront éclairantes, voire stupéfiantes.

    • C’est un LR et il n’y a plus rien à attendre de ces gens là ! Ils font partie de ceux qui ont amené le pays là où il en est !

  9. « Si l’amour de François-Xavier Bellamy pour son pays, l’énergie et l’intelligence qu’il consacre à le défendre ne font aucun doute, on peine à comprendre son attachement à un parti, LR, en proie aux vents contraires et aux alliances douteuses au sein du Parlement Européen. »
    Oui, et c’est pour cela que, malgré mon admiration pour FX Bellamy, je voterai RN.

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