Bernard Arnault (LVMH) lâche Macron et mitraille l’UE : panique à bord

Arnault décrit une Europe boulet assortie d’un État français qui fait du zèle règlementaire. Le ras-le-bol des patrons.
Capture d'écran BFM Business
Capture d'écran BFM Business

Et de deux ! Lors de l’annonce des prochains résultats trimestriels de LVMH, le gouvernement français et les fonctionnaires de Bruxelles descendront aux abris. Bernard Arnault prend en effet goût aux messages chocs. Pour la deuxième fois, il n’a pas résisté à la tentation de balancer, à l’occasion de ce rendez-vous avec les marchés d’ordinaire très normé, quelques vérités en forme de gifle dans la figure des adorateurs de l'UE, en commençant par les gouvernants français et européens.

Ce 17 avril, le premier recruteur privé en France (dit-il lui-même), propriétaire de 120 sites de production dans l’Hexagone où il a investi près de 2,5 milliards d’euros l'an dernier, a fait à nouveau grincer des dents. Celles du ministre de l'Économie : le fallot Éric Lombard précise que c'est à une commissaire européenne inconnue de négocier pour toute l'Europe... Sans tenir compte, donc, de l'intérêt de la France. Exactement ce que Trump refuse : il ne veut parler qu'aux nations. Et ce que Meloni tente de contourner.

Une leçon de Marine Tondelier à... Bernard Arnault

On peut aussi compter, pour éclairer les grands enjeux économiques, sur la sagacité de Marine Tondelier, qui se permet de donner quelques conseils de placements à Bernard Arnault, sur X, en toute modestie : « Après s'être plaint des méchants impôts dont il est victime, Bernard Arnault adopte la rhétorique complotiste de l'extrême droite. On se passera des "leçons" politiques d'un PDG tellement clairvoyant dans son allégeance à Trump qu'il a perdu des milliards depuis son investiture. » Dorénavant, Arnault passera un coup de fil à Tondelier avant tout investissement significatif.


Plus sérieusement, l'industriel du luxe, très libre, semble désespérer de l’UE : première provocation. « L’Europe n’est pas dirigée par un pouvoir politique mais par un pouvoir bureaucratique qui passe son temps à éditer des réglementations qui s’imposent malheureusement à tous les États membres », envoie la troisième fortune dans le monde. Comme nombre de petits entrepreneurs, Bernard Arnault décrit une Europe boulet assortie d’un État français qui fait du zèle règlementaire : deuxième provocation. « Quelquefois, la France en rajoute au passage pour compliquer encore un peu plus la réglementation, explique très clairement le patron de LVMH, ce qui pénalise beaucoup nos secteurs d’activité. » Il cite un exemple : non pas celui des grands industriels, mais celui des… agriculteurs. « Il ne se passe pas une semaine sans qu’on leur colle une nouvelle réglementation », s’agace Bernard Arnault, qui donne ainsi raison à la colère des chefs d’entreprises agricoles en butte à la tenaille von der Leyen-Emmanuel Macron.

Enfin, troisième provocation, Bernard Arnault valide le calcul douanier de… Trump. « Si les droits de douane sont élevés, comme une partie de notre production est faite aux États-Unis [il cite Tiffany), on sera amenés à augmenter notre production américaine pour éviter les droits de douane. » Précisément ce que recherche le président américain, qui entend redonner de l’emploi à ses électeurs des classes modestes. CQFD. Dernier coup de pied de l’âne et quatrième provocation ? Bernard Arnault pointe bien les responsabilités : « Il ne faudra pas dire que c’est la faute des entreprises, ce sera la faute de Bruxelles, si cela devait arriver [les délocalisations vers les USA]. » Et une dernière, pour la route ? « Il faudrait que les États européens réussissent à maîtriser cette négociation, qu’ils ne la laissent pas à des bureaucrates. » Ca va être compliqué...

L'Europe et les écolos tuent nos entreprises

Fin janvier 2025, en rentrant des États-Unis où il avait assisté au sacre de Donald Trump, Bernard Arnault avait déjà souligné le « vent d’optimisme qui régnait là-bas ». On a vu plus féroce opposant. Soutien de la Macronie en 2017, le patron de LVMH a apparemment tourné casaque : « Quand on revient en France, c’est un peu la douche froide », disait-il encore, en janvier. Il dénonçait la « taxe du made in France » qui incite à la délocalisation.

Comme les Français, les grands patrons constatent ou découvrent que l’homme élu pour sauver l’économie la laissera dans un état de dégradation jamais atteint jusqu’ici. Et que l'Europe tue nos entreprises plus qu'elle ne les défend. Les grands capitaines d’industrie français lâchent logiquement un pouvoir qui taxe toujours plus, des municipalités hostiles et une Europe qui entrave l'entreprise chaque jour davantage. Ainsi du patron de Safran, Olivier Andriès, qui « ne veut plus investir dans les villes écolos », comme le soulignait récemment Clémence de Longraye. Ainsi du patron de Michelin Florent Ménegaux, qui constatait, en janvier, devant le Sénat, que son usine de pneumatiques agricoles de Troyes était concurrencée par « un manufacturier indien qui produit en Inde et exporte massivement en France », alors même que l'Inde… interdit l’importation de pneus ! Encore une preuve de l'efficacité du tandem France macroniste-UE pour défendre notre économie. Et on n'a pas demandé son avis à Vincent Bolloré...

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

139 commentaires

  1. Encore un , même si il a raison sur le coup qui a misé sur le  » bon  » cheval en 2017 et qui a très certainement récidivé en 2022 , quand aux cruches affolées qui réagissent , elles ne connaissent rien à l’économie et ça voudrait donner des conseils , le constat est : qu’il faut sortir du carcan européen .

  2. Il arrive que des gens intelligents prennent des décisions stupides. Certains organisent une coupe du monde football au Qatar, Bernard Arnault a soutenu Macron en 2017. Et Macron a voulu être président. D’aucune appellent ce comportement « le piège de l’intelligence ».

    • La présidence Hollande a été tellement négative pour la France que beaucoup ont cru au petit banquier macron donné, par certains, comme un génie de la finance…mais il y a des bons génies et des mauvais…pas de chance nous sommes tombés sur un très mauvais et nous payons notre erreur depuis huit ans.

  3. Il y a une chose qui nous a bien été implantée dans nos « disques durs mentaux » par cette gauche soit disant proche du petit peuple, c’est ce rêve communiste de prendre aux riches pour donner aux pauvres.
    Dans la légende de Robin des bois, ça passe bien pour le coté « aventure », mais dans la vraie vie, il faut que le petit peuple dont je suis, doit impérativement rejoindre la réalité et se dire que si chacun de nous avait l’opportunité de devenir « patron », ce ne serait pas forcément pour le bien des autres, et que l’employé doit avant tout, produire afin de générer son salaire et les charges qui vont avec, le salaire du patron et ses propres charges, ainsi que le fond de caisse qui fait tourner l’entreprise. Bref, une économie facile à comprendre dès qu’on veut bien y réfléchir sans écouter ceux qui ne pensent qu’aux congés, et autres RTT, et journées de maladie, sans oublier les grèves… Alors si on ne se remet pas au boulot, ceux qui peuvent nous en donner partiront ailleurs, et feront des profits, mais sans nous…

    • Lorsque j’ai commencé dans la vie active le temps de travail hebdomadaire était de 48 heures soit huit heures quotidiennes six jours sur sept et je pense que grâce au travail de tous nous avons relevé l’économie de notre pays après la guerre. A l’époque il n’y avait ni RTT, ni jours d’absence pour enfant malade, ni 35 heures…etc, Les écrans n’existaient pas ni même le téléphone à domicile (luxe réservé à quelques privilégiés) et quand il y avait un décès dans la famille nous allions au bureau de poste envoyer un télégramme. Je ne dis pas que nous étions plus heureux mais plus courageux c’est certain et nous ne nous plaignons pas pour des broutilles.

  4. Trump remet les pendules à l’heure et ça fait des méchantes vagues dans le cartel d’Ursula ! Voyons la suite, mais il faut s’attendre à un raidissement des bureaucrates de l’EU, un dernier spasme avant la fin….

  5. Pour ce que j’en connais ( assez peu, comme beaucoup, je suppose ), je trouve les propos de M. Arnault plutôt valables et intéressants. Il sait de quoi il cause. Ses détracteurs ( professionnels ; « politiques » qui récitent leurs mantras ) sont navrants comme d’habitude. Quant à M. Leclerc ( qui se fait sa pub gratis, en pontifiant sur les plateaux ) il serait bien inspiré de traiter les petits producteurs de fruits et légumes ( les autres aussi ) avec beaucoup plus de considérations ( de compassion aussi ). Il est effrayant de constater ( il n’est pas les seul ) que sur les étals des Hyper et supermarchés les fruits et légumes ne venant pas de France sont de plus en plus nombreux. Il y a des solutions ! ( M. Leclerc avait dit envisager de se lancer en politique ; qu’il annonce son programme pour nos paysans éleveurs, agriculteurs etc ).

    • Ces milliardaires ce sont plantés c’est la vie et face à Macron, ce charmeur, tout le monde ne s’est pas fait avoir, étonnant que des personnes de ce niveau n’aient rien vu venir.
      Son bilan sera à marquer dans les annales voir le livre des records!

    • C’est sûr , mais entre les moyens déployés ( d’où sont-ils arrivés , venus ? ) par l’illusionniste lui même et on peut même aussi imaginer , croire la permanence de messages subliminaux radio télé pour que mes tristes compatriotes aient recommencé en 22 , pas curieux , pas renseignés , peinards dans leurs petites habitudes ou manies , inconscients d’être tenus , conduits par le bout du nez grâce aux peurs que les officiels leur balancent , santé climat , Europe ,….
      Alain Proviste

  6. Revirement salutaire de B. Arnault ? Dés son arrivée au pouvoir Macron lui avait pourtant fait allégeance: suppression de l’ISF et raclage des fond de poches des plus pauvres par le rabais de 5€ de l’aide au logement. C’était net Le peuple de France avait – pour une fois voté – ( ne pas confondre élire et voter) contre cette Europe là et Sarkozy lui a enfilé par derrière. Et même B. Arnault en a mal aujourd’hui. Sa parole, légitime, sera t elle entendue? j’en doute fort!

  7. Marine Tondelier qui donne des leçons d’économie à Bernard Arnault… c’est quand même la meilleure de l’année !!
    Elle n’a vraiment pas peur du ridicule cette fille !…
    Quand des grands patrons disent ouvertement que l’Europe tue les nations, ils rejoignent ce qu’une grande majorité ds français ressent, à l’exception notable de nos politiques qui admirent, béats, les directives bruxelloises. Faut dire aussi qu’on y a recasé tous les ratés de la republique qui y pantouflent tranquillement

  8. Enfin un discours d’un chef d’entreprise internationale
    Arnault a parfaitement raison , et in n’est pas le seul (Michelin , Safran etc …) sans compter les nombreuses PME , PMI
    la résilience a un Etat a une Nation a ses limites , dommage mais nos politiques font tout pour accélerer le processus
    Du pain des jeux , voila ce qu’ils savent nous servir nous proposer

      • Vous attendiez mieux de macron ? rappelez vous la première fête de la musique à l’Elysée, le lancement des JO n’est que le prolongement de l’immoralité de la tête de l’état.

  9. Mr ARNAULT n’est certainement pas un « Saint » mais combien de personnes vivent grâce à ses entreprises ??
    Combien verse ce Patron dans les caisses de l’état ,certainement beaucoup !! Que ces « parasites » qui vivent par nos Impôts car tous issus de la fonction publique viennent donner des conseils et se permettent de juger ce Monsieur est indécent !! Lui il a fait ses preuves et eux ne peuvent pas en dire autant !!

  10.  » Et que l’Europe tue nos entreprises plus qu’elle ne les défend. » L’Europe de Jean Monnet, employé de la CIA, a été créée sur ordre des USA non pour mettre en place des concurrents mais des consommateurs, ce qui implique la destruction de sa production agricole et industrielle. Chose parfaitement terminée par Macron, Young dirigeant américain passé par Rotchild. Et voilà-t-ilpas que Bernard Arnault découvre la lune!

  11. Pas besoin d’être grand patron ou grand économiste pour constater que, depuis longtemps, « l’union européenne (et non pas « l’Europe » qui est un continent) tue nos entreprises plus qu’elle ne les défend ».
    Tout cela au service d’une élite mondialiste richissime, le plus souvent étatsunienne, qui exploite les peuples – bref, la définition de l’extrême droite (la vraie, pas celle inventé par F. Mitterrand).
    Mais les gens préfèrent fermer les yeux et se boucher les oreilles et que la France reste dans sa servitude à l’u.e…. Tant pis pour eux !

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