Bernard Landais : « La réalité économique française est celle du déclin ; pire : de l’anti-développement »

Ma publication – copie (4)

Les chiffres le montrent abondamment : l'économie française est en déclin. Pour saisir le problème à la racine, il y a urgence à rehausser le niveau scolaire de nos élèves et à leur transmettre le sens de la liberté et le goût du risque. Bernard Landais, professeur de sciences économiques aux universités de Brest, Rennes et Bretagne-Sud et doyen honoraire de la faculté de droit et des sciences économiques de Brest, est l’auteur de Réagir au déclin. Une économie politique pour la droite française. Pour lui, la droite doit, enfin, retrouver une vraie ambition et une vraie doctrine économique.

Existe-t-il vraiment une économie politique de droite et quels seraient les marqueurs de cette politique ?

Oui, sans hésitation, il existe une économie politique de droite, mais c’est probablement un fait dont la droite française elle-même n’a pas une conscience assez claire. C’est l’ambition de cet ouvrage que de l’en convaincre !

La première caractéristique de l’économie politique de droite est qu’elle satisfait au principe général de réalité. Or, la réalité économique française de notre époque est celle du déclin. Pire, même, celle de l’anti-développement. En matière économique, la « vraie droite » se définit par deux caractéristiques claires : elle est d’abord libérale au sens profond du terme. Un libéral est quelqu’un qui aime sa liberté et celle des autres. Elle est nationale, ensuite, car si le salut économique nous vient de la transmission libre de multiples cultures, on ne peut compter sur qui que ce soit d’extérieur pour le faire à la place des Français. L’Europe politique qui s’est mise en place depuis les années 1990 est totalement impuissante face aux défis posés par notre déclin économique et social auquel elle a plutôt contribué.

Quelles politiques ont-elles été menées avec succès précédemment ?

Les politiques économiques à mettre en œuvre dans une perspective de droite sont des « politiques de l’offre élargies ». Elles ont été popularisées sous Ronald Reagan et Margaret Thatcher dans les années 1980 et comportaient surtout un volet fiscal. Mais à cette époque, leurs économies nationales n’étaient pas aussi abîmées en profondeur et les ressorts d’un capitalisme des classes moyennes étaient encore bien tendus. Désormais, il nous faut élargir la stratégie d’offre à une patiente reconstitution des cultures humaines qui nous font défaut. L’une des tâches les plus urgentes est, par exemple, de remettre en place un système éducatif qui rehausse le niveau scolaire mais aussi le sens de la liberté et le goût du risque des nouvelles générations. On devine que le chemin sera long…

Qui, parmi les présidents de la République française ou les gouvernements, a été le plus proche de ce qu'il fallait faire ?

En réalité, ce qui se rapproche le plus de la politique idéale de droite fut celle des années de Gaulle et Pompidou, car on ne doit pas oublier que les dirigeants français de cette époque lointaine avaient lié la libéralisation de l’économie française (traité de Rome) à la défense ardente de son indépendance et de sa puissance. La liberté du commerce et le nucléaire civil et militaire furent alors les deux mamelles de ces nouveaux Sully… dans une France rajeunie !

Parmi les candidats de droite à la présidentielle, avez-vous un favori pour son programme économique et pourquoi ?

Quand j’ai écrit ce livre, les candidats de droite n’étaient pas connus. Mes propositions s’adressent donc d’emblée à tous. Les candidats de droite les mieux placés se saisiront-ils du thème économique ou préféreront-ils enfoncer le clou uniquement sur les questions d’immigration et de sécurité intérieure ? Pour ma part, j’ai la conviction qu’on ne peut faire l’impasse sur le déclin économique car il y a urgence. Mais gageons qu’un mandat présidentiel aussi court que cinq ans est un défi tactique pour quelqu’un qui voudra réagir à ce déclin de quarante ans.

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Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

17 commentaires

  1. Comment peut on redynamiser la France ?
    Dans le domaine des biotechs pratiquement toutes les nouvelles societés ont un siege social en France ,une filiale aux USA et developpent des produits qui ne seront meme pas marqués CE car pratiquement impossible vu les contraintes absurdes des nouvelles normes voulues en partie par l ancien ministre de la santé Xavier Bertrand.
    La France a été un pays precurseur dans les biotechs ,maintenant meme pas dans les 5 premiers en Europe

  2. A toutes fins utiles, et surtout, au delà des généralités économiques, pour cerner le problème spécifique..français qui nous préoccupe, le diagnostic présenté par Agnès Verdier-Molinier dans son livre (paru ce jour même), « le Vrai Etat de la France » est une radiographie précise, appliquée à l’ensemble des secteurs à partir des statistiques officielles incontestables.
    « Les candidats de droite y trouveront là des fiches toutes prêtes pour attaquer le gouvernement  » (Denis Olivennes ) sic.

  3. « il y a urgence à rehausser le niveau scolaire de nos élèves et à leur transmettre le sens de la liberté et le goût du risque. »

    Euh, mais alors, « on » va faire comment pour leur refiler un faux vaccin ou autres smartphones à la mode, hein, s’ils apprennent à raisonner et veulent être libres, quitte à prendre des « risques » (enfin le risque de ne pas enrichir B Gates et autres Bourla)

  4. Et n’oublions pas : 1er salon de la délocalisation organisé à Paris en novembre 1981, inauguré par Stoleru, ministre au plan de Mitterand et père de la ministre actuelle Wargon ….

  5. L’avenir est à la décroissance accompagnée de la dépopulation avec alongement du départ à la retraite travail avec robotisation et réduction du temps travail progressive. Il faut encourager la contraception en Asie et Afrique et limiter drastiquement l’immigration, cessez l’aide aà ceux qui multiplient les enfants sans être capable de les nourrir ou élever correctement. ILs faut qu’ils apprennent à se responsabiliser. C’est cela l’ Economie pas les théories fumeuses qui ont échoué

  6. Hé oui c’est sûr, il faut que nos jeunes (re)trouvent le goût de la liberté d’entreprendre, celui du risque également. Maintenant, quand c’est un professeur d’économie qui le dit… salaire garanti, vacances garanties, emploi à vie, aucune prise de risque à part traverser la rue…. Entreprendre n’est pas dans la culture française malheureusement. Une carrière dans la (haute si possible) fonction publique ou salariée dans une entreprise du CAC40, cela fait plus rêver…
    Un ex-entrepreneur.

  7. Avec un travail taxé à ce point, des aides sociales détournées de leurs objectifs et distribuées à bout de bras au monde entier : peut-on être compétitif ? Il faut réduire ces prélèvements confiscatoires, utiliser l’argent du contribuable pour soutenir et rapatrier nos industries plutôt que de le verser dans la chaussette trouée de l’assistanat mondial, diminuer drastiquement le nombre de fonctionnaires, pas les infirmiers, policiers, etc., mais les porteurs de parapluie, cireurs de pompes, etc

  8. On a un président qui a tout misé sur un rêve celui d’une Europe politique forte, qui a délaissé la France, celle-ci n’étant plus qu’une région européenne à ses yeux, un tremplin à ses ambitions personnelles, qui par idéologie mondialiste a vendu Alstom aux USA entre autres, n’a rien fait pour stopper la désindustrialisation.
    Résultats de cette gestion catastrophique, le pays est économiquement et financièrement en chute libre.

  9. Il ne cite pas de nom de candidat de droite mais il les connaît bien. Le seul pourrait être Zemmour, mais il n’est pas spécialement économiste et le quinquennat qui a été un sabotage de la Vème le paralysera.

    • Le président, un responsable en général, n’est pas obligé de connaître tous les dossiers à fond : un homme intelligent sais qu’il ne peut pas tout faire tout seul et sait s’entourer de gens honnêtes et compétents.

  10. Nous avons un Bruno Le Maire qui nous a vanté les mérites de la fusion Alstom/G.E. Une fusion qui devait créer 1000 emplois ! On attend encore le premier . Je viens de voir que Airbus va créer en CHINE une filière pour démanteler les avions ! On ne peut pas le faire en France ? En chine ,on est certainement moins regardant sur la pollution . La société Next Safe fabricant de masques chirurgicaux , écartée des appel d’offre, trop cher par rapport aux chinois .qui tient compte du cout global ?

  11. “ce qui se rapproche le plus de la politique idéale de droite fut celle des années de Gaulle et Pompidou“ Tout est dit.
    L’auteur pourrait s’interroger sur son impossibilité de citer un nom plus récent.

  12. A Cyrano24
    Rien à rajouter, sauf que les veaux pétris de peur ont déjà un pied dans la tombe. Comme dit Blondin dans le Bon la Brute…. Toi tu creuses, et les français feront comme la Brute, dans le trou, mais comme pour la brute mérité. A la différence que eux , c’est la trouille qui les y enverra.

  13. La droite a failli á son ADN , UMP ou LR aujourd’hui, aucun dirigeant n’a porté un courant libéral sur le plan de l’économie….Macron est un homme de gauche, mais il est souvent classé á tort á droite pour avoir effectivement initié une politique économique et sociale libérale ( réforme du code du travail, de la SNCF, suppression de l’ISF, réforme de l’assurance chômage…) dont les résultats ont permis de réveiller l’attractivité de la France pour les investissements étrangers.

  14. Nous avons un ministre de l’économie qui vient de la droite pourtant, qui est « super » intelligent nous dit-on et qui, chaque jour, vante la très bonne santé économique du pays. Tartufferie immonde d’un pays qui bat des records de déficit en matière de commerce extérieur. 200/400 milliards ou plus, dépensés pour protéger 67 millions de français d’une gripette alors qu’il fallait se concentrer sur les plus fragiles. Mais l’essentiel est de vacciner, vacciner encore vacciner. France : clap de fin!

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