BFMTV : mais qu’alliez-vous faire, M. Zemmour, dans cette galère ?

Mélenchon Zemmour

Dites-le-nous franchement, M. Zemmour, qu’allez-vous faire dans cette galère ? Que cherchez-vous, au juste : un cheval à enfourcher qui ne vient pas ? La ruine de votre vie privée ?

Plus que votre passe d’armes avec un Mélenchon qui oscillait entre morgue et bonhomie, cherchant à se mettre les arbitres dans la poche, la mise en bouche avec les invités de BFM TV suffisait à démontrer la vanité de l’exercice. En un mot, c’est irrécupérable.

Ces gens-là sont venus dire, sur le plateau d’un Calvi de nouveau bien dans le rang de la pensée correcte, tout le mépris qu’ils ont pour vous. Ainsi Erwann Lecœur, politologue et spécialiste du populisme et de l’extrême droite, vous a défini comme « le petit Blanc qui a peur du Noir qui court vite, peur de perdre son statut de maître face à l’esclave ». Tout aussi méprisante, la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina fait de vous « quelqu’un qui ne vient pas d’un parti mais représente le petit peuple », ceux qui fonctionnent « à l’instinct primaire, à l’émotionnel ». Quant au démographe Hervé Le Bras dont vous avez ensuite pointé l’objectivité plus que douteuse, il « ne sait pas si les projections sur le Grand Remplacement sont vraies ou fausses ».

Votre positionnement le cul entre deux chaises est, à l’évidence, de plus en plus difficile à tenir. Être ou ne pas être… candidat. L’exercice de ce jeudi soir a montré que, pour l’instant, vous ne l’êtes pas. Vous êtes « seulement », encore et toujours, un commentateur fort talentueux de l’Histoire et de la chose politique, mais vous avez déjà un pied dans l’arène où se battent des lions rompus depuis des décennies à un autre exercice. Ce qu’on a vu, c’est un Mélenchon qui déroule un programme, fait des propositions certes extravagantes mais concrètes quand votre inconfortable posture vous contraint à commenter ce qui se dit en face.

Vous avez comme programme de sauver la France, de la rendre à son éternité. Vaste programme, en effet, mais là où vous vous aventurez, il faut démonter et démontrer la mécanique. Dévoiler les rouages, dire où l’on mettra l’huile et la graisse pour enclencher le processus. Pour prendre une autre image, vous nous faites rêver devant un gâteau dont on sait qu’il sera une charlotte et pas un baba, mais vous n’en donnez pas la recette.

Le risque, et vous l’avez déjà éprouvé ces jours derniers avec l’opération Match, c’est d’y laisser votre vie – éventuellement pour de bon si, d’aventure, vous poussiez trop loin le bouchon. Etes-vous réellement taillé pour la fosse aux lions ou bien voulez-vous n’être que le chien dans un jeu de quilles, celui qui bouscule les codes ?

Ce qui est apparu dans ce débat, c’est que la politique (dans le sens de course aux élections) est un métier et que ce n’est pas le vôtre.

Vous êtes un polémiste, un commentateur passionnant. Restez-le. Je serais tentée de dire que vous êtes trop sincère, trop fidèle à vos convictions pour affronter des girouettes qui tournent au gré du vent. Ainsi Mélenchon vous dit buté quand il serait, lui, progressiste et amendable, façon de s’arranger avec une veste élimée à force d’être retournée.

Voilà donc, aujourd’hui, « le Merluche nouveau », plus écolo que les écolos, nous prédisant pour demain l’Apocalypse dans la fournaise. Il nous l’assure, il l’a vu dans la boule de cristal du GIEC : « En 2050, la Camargue, le Marais poitevin, Dunkerque et Bordeaux seront sous l’eau. » Et lui toujours candidat à la présidentielle... « Un objectif sans cesse inatteigni », comme il l’a dit pour finir.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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