BHL face à l’étoile jaune de la marche contre l’islamophobie : l’instrumentalisation jusqu’au bout
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On dit souvent que le peuple français est un peuple sans mémoire. Il faut, sans doute, croire que oui. La polémique, provoquée sciemment par les organisateurs de la manifestation « contre l'islamophobie » du 10 novembre concernant le port d’une étoile et d'un croissant islamique de couleur jaune, étoile dans laquelle il était inscrit la mention « Muslim », ne désenfle pas. En effet, beaucoup se sont étonnés d'une similitude, tout de même évidente, avec l'étoile de David que devaient porter les citoyens juifs d'Europe sous le nazisme, en Allemagne puis dans les pays occupés durant la Seconde Guerre mondiale.
Irrémédiablement, il fallait que le philosophe Bernard-Henri Lévy s'en mêle en signant le tweet suivant : « Cette mise en scène est ignoble. Qu’une sénatrice la cautionne est indigne. Il n’y a pas d’autobus place de la Contrescarpe. Pas de Vél d’Hiv ni d’étoile jaune contre les musulmans. Ce mélange de relativisme et de cynisme est effroyable. » Il est vrai que notre intellectuel de terrain sait flairer la poudre là où elle se trouve, en empruntant la voie la plus rapide, pour ne pas dire la plus démagogique.
En l’occurrence, l'auteur de La Barbarie à visage humain (1977) fait montre de mauvaise foi ou de manque de mémoire : comment peut-il avoir oublié la main jaune qu'arboraient les membres de SOS Racisme, dès sa création en 1984 ? Sous la houlette du conseiller en communication du Président Mitterrand, Jacques Pilhan (1943-1998), et du (déjà) néo-trotskiste Julien Dray, cette main jaune se déclinait en produits dérivés (badges, tee-shirts…) pour convoquer, de façon sordide, la mémoire de ces Juifs sommés de coudre une étoile jaune sur leurs vêtements, évidemment dans une logique d’humiliation de la part des nazis. Parce que la gauche, experte en manipulation des masses, n’a jamais reculé devant la pudeur ou la décence. Avec elle, ce sont d’abord les vivants qui gouvernent les morts. L'historien Max Gallo, pourtant homme de gauche et qui avait été ministre de Mitterrand, du reste, n'avait pas hésité à écrire dans son livre Fier d'être Français : "De l’étoile jaune à la petite main jaune de SOS Racisme, on créait la première de ces confusions historiques qui allaient empoisonner les débats français".
Et qui était un des fers de lance de cette vaste opération, si ce n'est l'auteur de L'Idéologie française (1981), dans le seul but de répandre une peste brune imaginaire et de diviser, par là même, la droite en front libéral et en front national ? On sait, depuis, quel front a remporté brillamment la victoire...
Dans tous les cas, les obsédés de l’Histoire sont toujours prompts à revisiter cette dernière à leur manière. Toujours est-il que ce point Godwin ne cesse d’être savamment utilisé à des fins bassement idéologiques, autrement dit ouvertement électoralistes, par une gauche qui ne veut plus s’adresser à sa première cible sociologique parce que vouée à disparaître : l’ouvrier français.
Dans ce climat nauséabond de victimisation frénétique, tout martyr vaut de l'or : pour BHL, le Bosnien, le Libyen, le juif, le musulman, etc. Le leader de l’ordre germanopratin (notamment dans l’édition) persiste à penser qu’il a raison contre tous, sans vouloir admettre qu’il est devenu le Docteur Frankenstein de la société française de ces quarante dernières années.
Car, à force de vanter le droit à la différence, c’est finalement la différence, à présent, qui entend imposer son droit. En fin de compte, que la morale et la politique ne font pas bon ménage !
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