Biélorussie : quand le camp américain se fait prendre à son propre jeu
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Dimanche dernier, un vol Ryanair reliant Athènes à Vilnius, en Lituanie, a été obligé de se poser à l’aéroport de Minsk par les autorités biélorusses. Officiellement, celles-ci auraient reçu une alerte à la bombe. La véracité de cette alerte n’est pas encore prouvée et semble douteuse. Si les autorités biélorusses n’ont pas trouvé de bombe à bord, elles ont trouvé et arrêté Roman Protassevitch, militant biélorusse expatrié très actif contre le président en place Loukachenko. Les chancelleries occidentales ont immédiatement dénoncé cet acte de « piraterie aérienne » et exigé la libération du « journaliste » de 26 ans.
Protassevitch, pourtant, n’est pas vraiment un enfant de chœur. En 2014, il participe à la révolution violente Euromaïdan en Ukraine orchestrée par Washington et Bruxelles. Il a ensuite passé un an dans le Donbass en guerre au sein, entre autres, du bataillon néonazi Azov. Il a aussi été le responsable de la chaîne politique Telegram Nexta hébergée en Pologne qui œuvre pour une révolution en Biélorussie. Tadeusz Giczan, rédacteur en chef de Nexta, travaille également pour le CEPA (Center for European Policy Analysis), un think tank violemment antirusse financé par l’OTAN, le Secrétariat d’État américain et les sociétés d’armement américaines Raytheon, Bell et Lockheed Martin... pas vraiment une amicale de boy scouts. Les Biélorusses, victimes d’une tentative de déstabilisation orchestrée depuis l’étranger, ont ouvert des poursuites pénales contre Protassevitch pour organisation d'émeutes de masse et incitation à l'hostilité sociale à l'égard des représentants des autorités et de la police.
Les médias dominants et les politiciens atlantistes poussent des cris d’orfraie sur le vol détourné de Ryanair mais se gardent de rappeler que la méthode employée par Minsk a déjà été utilisée par l’OTAN et ses amis sans provoquer un tel tollé. En 2013, sous pression américaine, la France et l’Espagne ont prétexté des raisons fallacieuses pour fermer leurs espaces aériens et obliger l’avion du président bolivien Evo Morales à atterrir sur un tarmac autrichien parce que Washington pensait que le dissident américain Edward Snowden était à bord. Il y a cinq ans, les autorités ukrainiennes ont obligé un avion biélorusse à faire demi-tour et à atterrir pour extirper de la cabine le militant anti-Maïdan arménien Armen Martirosyan.
Ce dont Minsk est accusé ne correspond pas au comportement d’un État de droit et devrait être condamné dans l’absolu. Mais comment les pays atlantistes peuvent-ils condamner Minsk alors qu’ils emploient les mêmes méthodes ? Comment peuvent-ils réprouver la Biélorussie alors que leur ingérence dans le pays est une des causes de la crise ? Il faut arrêter l’hypocrisie.
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