Bientôt des tests pour les spectateurs maso-culturels ?
On le sait, le monde de la culture - et notamment celui des metteurs en scène et directeurs d’un théâtre dit public, plus souvent captif - est un monde qui déborde de zèle et d’imagination dès lors qu’il s’agit de faire preuve de conformisme servile, d’enfoncement de portes ouvertes ou de propagande idéologique la plus niaise qui soit. Un monde où l’on trouve des artistes plus ministériels que le ministre de la Culture.
Donc, quand la crise sanitaire fut venue, elle a suscité d’abord chez ces artistes fonctionnaires divers mouvements de mauvaise humeur, pareils à ceux de l’enfant gâté ou capricieux qu’on a privé comme Annie de sa sucette à l’anis, mais bien vite, ces garnements sont revenus à de meilleurs sentiments et, sous la houlette de Stanislas Nordey, deux cents d’entre eux, habitués des pétitions tranquilles, ont même proposé leurs bons et loyaux services au ministre, se disant prêts à tendre le bras à la seringue pour montrer l’exemple et à s’engager à ses côtés contre la pandémie et contre un virus que Jany Leroy qualifiait, récemment, de virus d'extrême droite, au vu des noms des signataires.
Et surfant sur cette vague solidaire et collaboratrice, on apprend, par une information de BFM TV (c’est donc du sérieux !), que Roselyne Bachelot, rivalisant d’idées avec ses ouailles, et après avoir déclaré qu’elle est là pour protéger le monde de la culture et pour faire vivre la culture (entendez la culture ministérielle formatée), imaginerait de faire tester les spectateurs, et ce, afin de hâter la réouverture des lieux culturels. Cet échange de bons procédés a abouti à une réunion « où il s’agira de voir comment on pourrait avancer avec des conditions très strictes, qui imposeraient au minimum le fait d'avoir un test négatif pour entrer dans les salles ».
Et l’on imagine bientôt les halls d’entrée de ces lieux, et les spectateurs maso-culturels s’y pressant, avec d’un côte la file pour récupérer son billet, de l’autre la file pour aller se faire tester, une troisième au centre pour se frotter les mains avec du gel ou acheter un masque, une quatrième, enfin, un peu plus loin pour aller chercher ses résultats, enfin, une dernière file pour présenter son billet et entrer dans la salle.
Et de Sibeth Ndiaye à Olivier Véran, en passant par Castex, certes, on en a vu déjà de toutes les couleurs dans le kaléidoscope de l’imaginaire gouvernemental, depuis le début de la crise ; mais force est d’avouer que tout cela est grandiose et l’on est admiratif face à tant d’invention techno-administrative dans la gestion de l’épidémie.
Et même, cerise sur le gâteau, le ministre est allé jusqu’à avancer l'idée de créer un label pour indiquer les lieux culturels pouvant assurer des tests avant de faire entrer leur public. Plus inventif, c’est impossible !
Et, pensais-je, pour aller plus loin encore, et pour un meilleur confinement du monde de la culture, si l’on testait en même temps le degré de contamination des spectateurs aux idées d’extrême droite ou leur réceptivité aux discours populistes ?
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