Bientôt, un cours de macronologie à Sciences Po Paris ?
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Vous me direz, pour l'instant, ce n'est que « proposé ». Et puis, sur le campus de Reims, cet hiver, on l’a déjà fait et ça n’avait pourtant pas fait la une. De quoi s’agit-il ? Du séminaire de formation intitulé tout simplement « Macron » et qui se déroulera, l’an prochain, à Sciences Po Paris. Vingt-quatre heures, pas moins, consacrées au phénomène : sa vie, son œuvre, son parcours jusqu’à l’accession à l’Élysée. « L’ascension personnelle et politique d’Emmanuel Macron pour devenir président de la République française en mai 2017 reste un phénomène intrigant et insuffisamment exploré », lit-on dans la fiche de présentation de ce cours. Ah bon ? Un cours qui se voudra au maximum interactif et sera, évidemment, dispensé en anglais.
Lecture recommandée, pour ne pas dire obligatoire (required reading), afin d’aborder dans les meilleures conditions cet enseignement : Macron, un président philosophe, de Brice Couturier. Un livre-portrait, paru en 2017, et que Laurent Joffrin, dans Libération, qualifiait alors « d’un poil hagiographique »... Tout le monde ne connaît pas forcément Brice Couturier, à ne pas confondre, bien sûr, avec le directeur général délégué d’Ipsos Brice Teinturier. Brice Couturier, c’est cet essayiste et chroniqueur sur France Culture qui assume pleinement son soutien à Emmanuel Macron. Pour lui, l’affaire Benalla ? Un « fait divers monté en mayonnaise ». La démission de Nicolas Hulot ? Quelque chose de « banal ». Les gilets jaunes ? Un mouvement derrière lequel « Poutine est à la manœuvre ». D’ailleurs, « une petite guerre civile en France ferait bien ses affaires », tweetait-il en décembre 2018… Ce à quoi Jacques Sapir lui avait gentiment répondu : « Ne changez rien ! Vous êtes un magnifique spécimen de l’Homo macronicus. On vous conservera, dans le formol… » Le mot est dit, Brice Couturier est un Homo macronicus et c’est la lecture de son essai qui est vivement recommandée par Sciences Po à ceux qui voudront suivre ce séminaire.
Dans les lectures complémentaires, pour aborder dans les meilleures conditions ces 24 heures de conférences, la rue Saint-Guillaume recommande - of course - la lecture des discours du grand homme, son livre Révolution, paru en 2016, et Macron par Macron, un livre d’entretiens avec Éric Fottorino (on a connu plus anti-macroniste…). Curieusement, ne figurent pas dans cette bibliographie L’imposture Macron, un business model au service des puissants, ouvrage collectif d’ATTAC, publié en 2018, ou encore Emmanuel Macron, le banquier qui voulait être roi, publié en 2016, de François-Xavier Bourmaud, journaliste au Figaro, qui rapporte cette phrase de Michel Sapin sur Macron : « Il est fait pour être vu, pour prendre la lumière, pour faire du buzz. » Et l’on pourrait citer bien d’autres ouvrages absents de cette bibliographie, comme celui de Philippe Bilger, Moi, Emmanuel Macron, je me dis que... Faut-il que nos étudiants n’aient vraiment plus le temps de lire ? Et puis, nous sommes entrés dans un siècle du visuel. Pourquoi ne pas leur recommander de voir ou revoir le documentaire de BFM TV (pourtant, hein !), « Macron à l’Élysée, le casse du siècle » ? Aurait-on un peu honte, quelque part ?
Tout cela, en tout cas, ouvre de belles perspectives. Pourquoi ne pas créer une chaire de macronologie (ou macrologie, les spécialistes n’ont pas encore tranché) avec délivrance de masters ? Et puis, comme on ne fait jamais les choses à moitié en France, pourquoi ne pas décliner (c’est le mot juste) tout ça tout au long du parcours scolaire ? Un « module » (c’est bien, un module), facultatif ou obligatoire (à débattre), dans le secondaire, finalisé par une option au baccalauréat. À l’école primaire, tous les matins, pendant cinq minutes, la maîtresse raconterait la légende dorée d’Emmanuel : son enfance difficile, sa rencontre providentielle avec Brigitte, la fois où il a guéri les écrouelles, celle où il a sauvé la planète, ses traits de génie, etc. Distribution de bons points à l’effigie du Président ou de Madame aux bons élèves. À la remise des prix de fin d’année, en présence du préfet, de l’évêque et de quelques autres ratons laveurs, les œuvres du Président, reliées en similicuir, seraient offertes aux plus méritants.
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