Bilal Hassani : c’est pas moi, M’dame !
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La semaine dernière, ne pas aimer la chanson Bilal Hassani frisait la correctionnelle, le camp de redressement et tout le toutim. Bilal Hassani ? C’est évidemment le candidat qui représentera la France au concours de l’Eurovision à Tel Aviv le 14 mai prochain. Tout pour lui, ce jeune homme : issu de la diversité et gay. À partir de là, émettre l’idée que sa chanson pourrait être de la daube demande une agilité dialectique assez balaise qui n’est pas donnée à n’importe quel bourrin.
La France tenait son héros et on ne touche pas aux héros. À l’annonce de sa qualification, Marlène Schiappa s’empressait de le féliciter par tweet en citant Oscar Wilde : "Soyez vous-même, les autres sont déjà pris". Effectivement, perso, le 14 mai, je suis déjà pris. Bilal n’a pas vraiment le look franchouillard, diront peut-être certains, mais n’est-il pas un vrai patriote : "Représenter mon pays, c’est quelque chose que je pourrai raconter à mes enfants, à mes petits-enfants", déclarait-il à France Inter, lundi dernier. J’étais à l’Eurovision 2019. Voilà un brave, comme disait Napoléon au soir d’Austerlitz ! Juste croiser les doigts pour que ce concours 2019 ne soit pas la Bérézina. L’an passé, rappelons que la France se qualifia treizième sur vingt-six : "Ce ne fut pas Waterloo mais ce ne fut pas Arcole", comme chantait Jacques Brel dans la chanson « Au suivant » (rien à voir avec l’Eurovision, auquel Brel ne concourut jamais !).
Soyez vous-même, donc, comme disait Marlène Schiappa. Mais qui est donc Bilal Hassani ? Car, là, on ne sait plus, on est perdu, comme chantait jadis Michel Fugain, lui aussi non candidat à l’Eurovision. En effet, la chaîne de télévision israélienne i24news vient d’exhumer des tweets qui ne datent pas du roi Hérode et n’ont pas été rédigés sur papyrus. Des tweets qui remontent à l’an trois avant E.M. (Emmanuel Macron). En 2014, donc, le jeune Bilal, âgé de 14 ans, alors que la guerre faisait rage dans la bande de Gaza, "avait tweeté que les crimes contre l’humanité venaient de l’État hébreu", affirme la chaîne israélienne, qui a récupéré des captures d’écran. Pas certain, alors, que sa venue à Tel Aviv soit du goût de tout le monde. Mais un autre tweet fera peut-être plus polémique par chez nous. Daté du 14 janvier 2014, en pleine affaire Dieudonné autour de l’interdiction de son spectacle à Nantes : "GdJournal Sérieux parlez pas comme ça de Dieudonné alors que vous allez chercher Vos infos dans les poubelles, apprenez la vérité." Évidemment, i24news semble se faire un malin plaisir à rappeler qui est Dieudonné : "humoriste français négationniste aux nombreuses polémiques". Voilà, voilà…
Bon, on ne nous épargnera sans doute pas les explications pédo-psychologiques : le garçon était bien jeune, n’avait pas encore tout compris, etc. Mais Bilal Hassani coupe court à tout cela. Ce vendredi soir, il s’est expliqué dans une vidéo, publiée sur Twitter (décidément !) : "Ces propos, c’est pas les miens. C’est ni mes écrits, ni mes pensées. Quand j’avais 14 ans, mon compte Twitter, j’étais pas le seul à y avoir accès. Il y avait plusieurs personnes qui avaient mon mot de passe et il s’est passé des choses qui étaient hors de mon contrôle et de ma connaissance..." Voilà, voilà, disions-nous. Bon, disons alors que le jeune Bilal donnait son mot de passe à n'importe qui. Dis-moi qui tu fréquentes et je te dirai qui tu hais ! Cela dit, Bilal ne peut pas s’empêcher d’ajouter : "Même si c’était quelque chose qui était vraiment arrivé, ce que je dirais, c’est que j’avais 14 ans et qu’on peut tous faire des grosses, grosses, grosses bêtises. Mais la réalité dans tout ça, c’est que j’ai même pas à vous dire ça [alors, faut pas le dire !] parce que c’est faux et que je n’ai jamais, jamais, jamais dit ou pensé cela."
On aurait gagné du temps s’il s’était contenté de déclarer : c’est pas moi, M’dame !
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