Black Panther : la nouvelle farce antiraciste ?
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Comment vivraient les ligues de vertu antiracistes si, par malheur pour elles, le racisme n’était plus ? Fort mal ou plus du tout, malgré l’argent du contribuable déversé par wagons entiers. Et comme les racistes – les ligues en question devraient d’ailleurs s’en féliciter – ne courent pas les rues, force est d’en inventer quand les stocks viennent à manquer.
Ainsi quelques petits plaisantins se sont-ils amusés à bousculer les algorithmes de Google. Résultat de la blagounette : les internautes qui cherchaient des informations sur le film Black Panther se retrouvaient sur le site Allociné, certes avec la bonne affiche, mais accompagnée du titre La Planète des singes : suprématie. On espère que, le soir du drame, Michel Leeb avait un alibi plus solide que celui consistant à prétendre avoir joué au poker toute la nuit avec des amis corses.
Il n’en fallait évidemment pas plus à Rokhaya Diallo, militante antiraciste connue pour sa participation à l’émission "Touche pas à mon poste", un "Apostrophes" en plus pointu, animée par Cyril Hanouna, un Bernard Pivot en moins trivial, monte au créneau ; au risque de ruiner sa carrière ? "Bonjour @allocine comment expliquez-vous le fait que la recherche d’une salle de ciné mène à votre site qui référence le film #BlackPanther sous le titre de « la planète des singes : suprématie » ? #racisme."
C’est qu’elle a du flair, la môme vert-de-gris – c’est une expression, on précise –, pour traquer l’hydre raciste dans les tréfonds du Net, illustrant ainsi l’adage voulant qu’on n’apprenne pas aux vieux sages à faire des grimaces comme aurait pu le dire Gabin dans Un singe en hiver. Chez Google, entreprise citoyenne comme chacun sait, les excuses ont tôt fusé. C’est qu’ils ont une réputation à tenir, ces humanistes de combat : espionner des milliards de petits Terriens, oui. Être suspects du racisme le plus sournois, le plus fourbe, non. Plus définitif, encore, que Bourvil pour qui l’alcool, c’était non, et l’eau ferrugineuse, oui.
D’ailleurs, pour Rokhaya Diallo, tout est question de pédagogie. D’où le titre de son best-seller, Racisme : mode d’emploi, autre entreprise citoyenne. En effet, le racisme, ça s’apprend, surtout quand on débute dans le métier. Il y en a qui pratiquent la discipline en simples amateurs ; grâce à Rokhaya Diallo, ils pourront passer au stade professionnel, diplôme à l’appui. Elle a raison de veiller sur l’avenir de son bizness, car l’antiracisme sans racistes, c’est le dépôt de bilan assuré, tel qu’expliqué en début d’article.
Et ce Black Panther, au fait ? Rokhaya Diallo n’était pas née quand Stan Lee, le grand manitou de la Marvel Comics, inventa ce super-héros, à la fin des années soixante. Il fallait alors surfer sur la vague du mouvement éponyme : le capitalisme n’a pas son pareil pour récupérer la rébellion et, ainsi, mieux digérer ses ennemis ; la chose est connue depuis que Dennis Hopper, le très hippie metteur en scène d’Easy Rider, a fini au parti républicain.
Car les Black Panthers, les vrais, ceux d’Eldridge Cleaver, ne se promenaient pas en collants moule-roupettes, ne faisaient pas tapisserie sur les plateaux télévisés, mais prenaient les armes au nom du Black Power. Leur lutte identitaire n’était pas de carnaval. Ils comptèrent de nombreux morts dans leurs rangs. En face d’eux, il y avait un véritable racisme institutionnel, hérité de l’esclavage et de la ségrégation raciale.
Leur combat était tragique. À juste titre, Malcolm X fut tenu pour un héros par nombre de ses frères de race. Alors que Rokhaya Diallo, ce serait plutôt Zézette épouse X.
En tout cas, la fille est gonflée. Comme Vahiné ?
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