Blanquer : Totem et tabou(s)
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Des syndicats d’enseignants appellent à une grève de la surveillance des épreuves de philosophie – premier jour des épreuves du baccalauréat (le 17 juin) – afin de marquer leur opposition à la réforme du lycée assumée par Jean-Michel Blanquer, le froid et raide ministre de l’Éducation nationale de la Macronie.
Ce dernier n’est, en effet, rien de mieux que le totem de la droite dite « républicaine » en charge de diriger le « mammouth » dénoncé, naguère, par le socialiste Claude Allègre. Dès l’automne 2017, la presse, classée traditionnellement à droite, ne loupait pas une occasion de porter aux nues le biographe officiel de Michel Baroin (père de François, né en 1930 et décédé en 1987), une des grandes figures du Grand Orient de France. Pas de doute, Blanquer a été à bonne école pour savoir habilement répondre par « ni oui ni non » à une question qui demande une réponse claire et tranchée.
Sa réforme du lycée, très complexe dans la forme, n’est qu’un vaste projet que l’Éducation nationale avait laissé dans les cartons en attendant une occasion propice pour le lancer. Blanquer a su se rendre indispensable à tous les postes qu’il a occupés dans l’appareil d’État français : directeur de l’Institut des hautes études de l'Amérique latine de Paris III-Sorbonne (en 1998), recteur de l’académie de Guyane (en 2004), directeur adjoint du cabinet ministériel de Gilles de Robien (première entrée à la rue de Grenelle, en 2006), recteur de l’académie de Créteil (en 2007), directeur général de l’enseignement scolaire (en 2009) et directeur général du groupe ESSEC (en 2013). À l’image d’une araignée, Blanquer tisse sa toile de sorte qu’elle soit aussi large et aussi souple que possible.
Ce cacique de la technocrature française ne fait que poursuivre la dissimulation des tabous de l’Éducation nationale. Mais comment ne pas voir la salafisation rampante et des salles de classe et des salles des professeurs dans une multitude d’établissements scolaires ? On oublie souvent que la sociologie (au sens large) des élèves se poursuit nécessairement avec celle des professeurs : ces derniers enseignent, le plus souvent, là où ils habitent et là où leurs valeurs se retrouvent. Inéluctablement, le peuplement tend à être homogène. Le géographe Christophe Guilluy le voit clairement dans Fractures françaises (2010) : « Entre 1968 à 2005, la part des jeunes d’origine étrangère est passée de 22 à 76 % à Clichy-sous-Bois […], de 30 à 71 % à Garges-lès-Gonesse […], de 16 à 63 % à Bondy […] » Ainsi, des stages comme ceux organisés par le syndicat SUD Éducation 93 contre l’islamophobie (comme l’atteste Clément Pétreault sur le site du Point, le 11 mars dernier) se multiplieront.
Et comment être aveugle à la mainmise d’une gauche californienne sur les programmes scolaires, une gauche parfaitement représentée par les inspecteurs académiques ? D’où l’échec retentissant du récent #PasDeVague. À l’instar des universités américaines, l’obsession de ces élites mondialisées n’est rien d’autre que le genre ainsi que la race.
En bien des points, Blanquer n’est pas le destructeur de l’esprit 68 mais bel et bien un énième catalyseur. En outre, il accélère le remplacement des leçons du maître par les programmes des ordinateurs : il se prononce en faveur de l’usage de l’intelligence artificielle dans les écoles dès août 2017 (dans Les Échos). À tous les niveaux, les élèves ne sont plus que des variables d’ajustement. Il convient, alors, de percevoir Blanquer comme une forme d’appendice française de la Silicon Valley. Un malin génie ni franc ni maçon.
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