« Quand vous bloquez une université, vous dévaluez les diplômes »

Le président de la faculté de Tolbiac vient de demander l'évacuation des locaux par les forces de l'ordre.

Boulevard Voltaire a rencontré un membre du Comité Anti-blocage. Ce groupe, en butte à des violences exercées par une partie de l'extrême gauche, est constitué d'étudiants venus de diverses tendances politiques.

Il appelle les étudiants de toutes les universités à se regrouper pour exprimer leur "volonté de pouvoir étudier librement" et exiger le déblocage des facultés.

Vous étiez présent vendredi soir devant Tolbiac pour demander le déblocage de la fac. De quelle organisation vous revendiquez-vous ?

Je fais en effet partie des gens venus vendredi soir pour demander le déblocage de la fac. Nous étions un groupe informel. Nous nous sommes constitués sous l’étiquette du CAB (le Comité Anti-blocage) pour réclamer le déblocage de la faculté. Cela a été l’occasion de montrer les violences utilisées par l’extrême gauche qui nous a jeté des bouteilles et des cocktails Molotov qui n’ont pas explosé. Nous étions assez contents de voir que le déblocage de la faculté a enfin été demandé.
Nous ne nous revendiquons d’aucune organisation politique. Parmi nous, il y a des gens tout à fait divers. Il y a même des personnes qui ont voté Mélenchon ou la République En Marche. Nous nous sommes tous regroupés autour de la volonté de pouvoir étudier tranquillement et de dénoncer le fait que cette grève n’a pas de sens en milieu universitaire.

Demandez-vous aussi le déblocage des autres universités ?

Absolument. Un blocage n’a de sens que si vous bloquez une unité de production. La faculté n’est pas une unité de production. Quand on bloque une faculté, on emmerde les étudiants et les professeurs. Non seulement on les emmerde, mais en plus on dévalue leurs diplômes et, à terme, on les empêche de s’épanouir librement.
C’est assez paradoxal de revendiquer la défense des intérêts des étudiants et de dévaluer leur intérêt et leur avenir.

Vous êtes arrivés avec des fumigènes et casqués de nuit. Est-ce que le mode d’opération n’était pas un peu violent ?

Il était provoqué par l’ennemi. On savait qu’on avait des gens violents en face de nous. Le casque nous permettait de nous protéger, mais aussi de garder l’anonymat. En voyant comment d’autres ont été accueillis ces derniers jours, nous n’étions pas à l’abri que cela puisse arriver à l’un d’entre nous et de se faire casser le gueule au milieu des couloirs.
Notre démarche a, certes, un aspect provocateur. Il faut quand même noter que face aux bouteilles de bière et aux cocktails Molotov qui nous ont été jetés, les seuls projectiles que nous avions étaient des œufs. Cette disproportion entre des œufs et des cocktails Molotov est assez fabuleuse.

Les forces de police sont intervenues, plusieurs d’entre vous sont placés en garde à vue. Comment la suite va-t-elle se passer pour eux ?

Les charges de violence n’ont pas été retenues pour le moment. Mais le risque de prendre jusqu’à huit ans de prison reste tout de même important. Le traitement médiatique qui a été fait de notre action est, en effet, assez intéressant puisqu’on nous a accusés d’être une vingtaine armés de barres de fer pour aller casser des genoux.

Malgré les conséquences, allez-vous recommencer ?

Probablement pas à Tolbiac, puisqu’elle va être débloquée. En revanche, pour d’autres facultés, il n’y a pas de souci. On appelle tout le monde à se regrouper pour permettre aux étudiants d’étudier librement : encore faut-il qu’il y ait des initiatives contre le blocage des facultés.

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