Le bonnet d’âne est pour Marlène Schiappa
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Jonathann Daval a été mis en examen pour le meurtre de son épouse. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité.
L'enquête a été remarquablement menée, avec efficacité et discrétion, sous l'autorité d'une procureure de la République compétente et mesurant le poids de ses mots.
Les parents de la victime ont choisi un avocat de haute volée, Maître Jean-Marc Florand, dont l'intervention médiatique a été toute d'honnêteté intellectuelle et de sagesse judiciaire. Rien de trop. Rien qui prétende se situer au-delà du présent de sa communication. Aucune supputation hasardeuse.
Il a dit du bien du conseil de Jonathann Daval, Maître Randall Schwerdorffer, et j'ai tendance à lui faire confiance.
Ce dernier, depuis quelques jours, est critiqué parce qu'il a trop parlé et le bâtonnier de Besançon l'aurait alerté sur une possible violation du secret professionnel. Il n'empêche que cet avocat qui, selon ses propres termes, n'est pas "un spécialiste de la communication" s'est trouvé à l'évidence déstabilisé parce qu'avec sa consœur il était persuadé que son client était "vraiment innocent". Ce n'est pas une honte. Au contraire, il y a là, de sa part, l'expression d'une sincérité et d'une spontanéité assez rares dans de telles circonstances. Pour l'argumentation de défense, certes, il l'a développée prématurément, mais il la reprendra devant la cour d'assises. En tout cas, sur le fond, il n'a rien proféré de scandaleux et qui autoriserait quiconque à s'immiscer dans sa stratégie et à le blâmer pour ce qui ne relève que de lui seul.
Le bonnet d'âne est pour Marlène Schiappa, qui s'imagine que l'ignorance dans le domaine de la Justice lui donne d'autant plus de droits pour donner un point de vue que personne ne lui a demandé.
Elle mentionne un "assassinat", se trompe donc sur la qualification pénale et s'autorise un commentaire et une dénonciation inopportuns alors que ses collègues du gouvernement, en particulier le garde des Sceaux, n'ont jamais, sur quelque dossier judiciaire en cours que ce soit, usé de cette choquante liberté. Christophe Castaner vient de lui rappeler "qu'un ministre n'a pas à commenter une affaire judiciaire". Je ne serais pas hostile à ce que le Premier ministre rajoutât sa propre réprimande.
C'est tout simple.
J'ai cru comprendre que, dans le premier semestre 2019, cette affaire serait jugée par la cour d'assises. Il s'agit d'un crime particulier dont les ressorts n'ont rien à voir, même si la victime est l'épouse, avec un quelconque "féminicide" ou les terrifiantes statistiques d'une femme tuée tous les trois jours à la suite de violences ordinaires et quotidiennes. On n'a pas à plaquer des globalités sociologiques sur l'absolue singularité de cette tragédie.
Il y a des mystères que seule la justice criminelle parviendra à dissiper.
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