Boris Johnson appelle Macron à reprendre les illégaux qui traversent la Manche

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La mort de 27 migrants qui tentaient illégalement de rejoindre l'Angleterre, dans le naufrage de leur embarcation qui traversait la Manche, ultime voie face au verrouillage du port français de Calais (Pas-de-Calais) et du tunnel ferroviaire, amène Boris Johnson à une nouvelle proposition. Dans l’esprit des accords du Touquet (2003), le Premier ministre britannique demande à la France de reprendre les migrants arrivés illégalement en Angleterre depuis les côtes françaises.

Le Premier ministre britannique a demandé au Président français Emmanuel Macron de reprendre tous les clandestins arrivant en Angleterre depuis la France. « Je propose que nous mettions en place un accord bilatéral de réadmission pour permettre le retour de tous les migrants illégaux qui traversent la Manche », a-t-il indiqué dans une lettre publiée sur Twitter, évoquant des accords similaires conclus par l'Union européenne avec la Biélorussie.

Boris Johnson précise qu’une telle mesure « aurait un effet immédiat et réduirait considérablement - voire arrêterait - les traversées ».

« La France est un pays de transit, nous nous battons contre ces réseaux de passeurs qui utilisent la détresse, mais nous devons pour cela améliorer la coopération européenne », a dit le Président français, à Zagreb.

Moins diplomate, Gabriel Attal, le porte-parole du gouvernement français a violemment parlé, sur BFM TV, d’une lettre « indigente sur le fond et totalement déplacée sur la forme ». « Indigente sur le fond car elle ne respecte pas tout le travail qui est fait par nos garde-côtes, nos policiers, nos gendarmes, nos sauveteurs en mer [...] Sur le fond, elle propose cet accord de “relocalisation”, ce n'est évidemment pas ce dont on a besoin pour régler ce problème [...] Il y en a marre des doubles discours et de l'externalisation des problèmes. »

Tout se passe comme si LREM, le parti du Président français, d’un côté, tout comme Xavier Bertrand, de nouveau LR mais du même côté, cherchaient à créer un climat d’anglophobie et faire de l’Angleterre un bouc émissaire facile qui ferait oublier leurs arrière-pensées immigrationnistes.

Paris a invité « les ministres en charge de l'immigration belge, allemand, néerlandais et britannique, ainsi que la Commission européenne, à une rencontre », dimanche, à Calais. Cette réunion devrait permettre de définir les voies et moyens de renforcer la coopération policière, judiciaire et humanitaire pour mieux lutter contre les réseaux de passeurs. Seulement voilà, suite à la diffusion de la lettre, le ministre de l’intérieur britannique Priti Patel n’y est plus invitée.

Le nombre de migrants illégaux « que nous avons vu partir de France [est] inacceptable », a déclaré un porte-parole du ministère de l’Intérieur britannique. « Le public britannique en a assez de voir des gens mourir alors que des groupes criminels sans pitié profitent de leur misère », a-t-il ajouté, affirmant que le projet de loi réformant le système d'asile, en cours d'adoption, « réparera le système cassé qui encourage les migrants à faire ce trajet mortel ».

Le gouvernement britannique s'apprête à durcir les conditions d'octroi d'asile afin de décourager les passeurs. Un projet de loi prévoit d'alourdir les sanctions en portant à la prison à vie, contre 14 ans actuellement, la peine maximale encourue. « Cette catastrophe [...] montre à quel point il est vital d'intensifier nos efforts pour briser le modèle économique des gangsters qui envoient des gens en mer de cette manière », a jugé Boris Johnson.

Dans un communiqué après une discussion entre le ministre de l’Intérieur britannique (Home Secretary) Priti Patel et son homologue français Gérald Darmanin, Mme Patel a indiqué avoir fait une « offre claire à la France en termes de coopération [...] et de patrouilles conjointes pour empêcher ces voyages dangereux d'avoir lieu ». Offre jusqu’ici refusée par le gouvernement français.

À Calais, une enquête a été ouverte pour « aide à l'entrée et au séjour irréguliers en bande organisée », « homicide et blessures involontaires » et « association de malfaiteurs ».

 

Thierry Martin
Thierry Martin
Auteur, dirigeant d’entreprise, sociologue de formation

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