Brésil : les indignations sélectives de Jean-Luc Mélenchon
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Les Brésiliens qui n’ont pas voté Lula, mais Bolsonaro, ne sont pas contents ; cela vient de se vérifier avec la mise à sac de plusieurs sanctuaires du pouvoir, à Brasilia, capitale du plus grand pays d’Amérique latine. Contents, nos médias ne le sont pas non plus, qui y voient une sorte de réplique sismique des manifestations trumpistes, ces électeurs ayant eux aussi contesté l’élection ayant vu perdre leur champion face à Joe Biden.
Mais, dans ce microcosme médiatique, certains savent encore raison garder, tel Claude Weill, ancien directeur de la rédaction de L’Obs, qui vient de tweeter : « Il ne m’a pas fallu cinq minutes pour trouver plus de quinze tweets de Mélenchon appelant à l’insurrection, à la révolte, à la révolution. En 2012, déjà… Sans parler de ses odes à Éric Drouet, le gilet jaune qui voulait prendre l’Élysée. Disons que Mélenchon a le légalisme… intermittent. » On ne saurait mieux dire.
Il ne m’a pas fallu cinq minutes pour trouver plus de 15 tweets de Mélenchon appelant à l’insurrection, à la révolte, à la révolution. En 2012, déjà…
Sans parler de ses odes à Éric Drouet, le GJ qui voulait prendre l’Élysée.
Disons que Mélenchon a le légalisme… intermittent https://t.co/wiBYnUx6Qu pic.twitter.com/LCj0pydPnt— Claude Weill (@WeillClaude) January 9, 2023
À l’instar des chasseurs, il y aurait donc les « bons » et les « mauvais » émeutiers. Les Black Blocs, qui saccagent tout sur leur passage à chaque manifestation ? Des humanistes incompris, certes turbulents, mais dont le seul crime consisterait seulement à s’énerver dans leur désir de bien faire. Les émeutiers des cités qui mettent leurs propres « quartiers » à feu et à sang ? Juste des « jeunes » criant leur mal-être et se contentant de riposter à cette « police qui tue », pour reprendre la sémantique mélenchoniste. Idem pour ces « antifas », qui s’en prennent physiquement aux librairies vendant des livres qui ne leur conviennent pas ou à des journalistes dont le seul crime consiste à écrire ce qu’ils n’ont pas envie de lire ? Des jeunes un peu énervés, mais il faut bien que jeunesse se passe.
Le baroud d’honneur des partisans de Bolsonaro serait donc à ranger au rang des « mauvais » émeutiers, à en croire ce tweet du Petit Timonier de La France insoumise : « Au Brésil, l’extrême droite tente un putsch en mode Trump contre le nouveau président de gauche. Solidarité avec la démocratie brésilienne. »
On remarquera néanmoins qu’au rang des « bons » émeutiers, il y aura éternellement ceux de Mai 68 : gosses de riches balançant des pavés à la tête des CRS, tous prolétaires ou enfants d’ouvriers et de paysans, dont la plupart se sont depuis recyclés dans le macronisme triomphant, dont un certain Daniel Cohn-Bendit, se pinçant le nez devant les violences, réelles ou présumées, des gilets jaunes.
Il est néanmoins vrai que l’Histoire de France est faite de violences, à tel point que notre fête nationale, le 14 juillet, célèbre une insurrection. Certes, une certaine droite n’a jamais dissimulé son tropisme activiste, Charles Maurras, chef de file de l’Action française n’hésitant pas à affirmer : « Votez, je vote, votons tous. La devise de notre action est d’agir, d’avancer, de manifester par tous les moyens, même légaux. » Puis, du 6 février 1934 à la grande manifestation gaulliste du 30 mai 1968 tout en passant par les barricades d’Alger, en 1960, des défilés pour l’école libre de 1984 à la Manif pour tous de 2012, on dira qu’il n’y a pas que la gauche à battre le pavé.
Idem pour cette dernière : Commune, Front populaire, Mai 68, une fois encore, entre traditionnels défilés du 1er mai et grèves insurrectionnelles, elle estime tout pareil que la politique ne saurait forcément se faire que dans les urnes.
D’ailleurs, à propos de résultats électoraux contestés, ne l’a-t-on pas vue descendre en masse dans la rue, après un certain 21 avril 2002, contestant ainsi un vote plus que démocratique ? Et si, demain, Marine Le Pen parvenait enfin à ses fins, que se passerait-il ? La gauche de combat resterait-elle tranquillement chez elle, à suivre le fil des événements, dans son canapé, bière dans une main et part de pizza dans l’autre ? Rien n’est moins sûr.
La France n’est décidément pas un pays comme les autres.
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain
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11 commentaires
L’élection de Lula obtenue de justesse , son éligibilité récupérée miraculeusement en pleine pandémie , pour suspicion de partialité politique des juges qui l’avaient condamné pour corruption .Dans les mêmes conditions la cour suprême du Brésil aurait eu du boulot en France ! Parce que pour ce qui est de partialité politique , les magistrats français en connaissent un rayon , qui s’affichent même sur des murs !
Dabs ces conditions que des brésiliens aient le sentiment de s’être fait voler cette élection ne me choque pas plus que cela surtout que le gars Lula miraculeusement blanchi serait bien capable de leurs doubler les impôts !
« Les indignations sélectives de Jean-Luc Mélenchon… »
Point du tout il fait preuve de souplesse intellectuelle et de présence d’esprit: choisir ses indignations est le propre de l’homme libre.
Les polices française ou américaine TUENT, mais non pas les polices soviétiques, chinoises, cubaines, qui elles se contente de rappels à la loi; ne vont dans les camps de travail que ceux-là qui n’ont pas compris la mansuétude chinoise ou soviétique ou cubaine: les camps ne sont fait que pour les ignorants..
Quant à Lula, un authentique repris de justice a été choisi par un peuple si inconstant, si peu sensible à la morale et à la continuité de l’Etat, qu’il se contente, tout comme les Romains des siècles glorieux, qu’on lui promette du pain et des jeux; pour complaire à Méluche Lula, commencera par supprimer la police bolsonariste, les députés bolsonaristes, emprisonnera sous toute sorte de prétexte les porte-parole bolsonaristes, pour transformer le Brésil en une foule d’assistés ne dépendant que de la sportule luliste: un pays d’avenir…c’est une manie à gauche de tout faire en sorte que le peuple dépende en tout de ses dirigeants: un peuple d’assistés serviles.
Encore Bravo Lula!
Je vous parie que dès l’annonce des résultats tout le ban et l’arrière ban de la gauche et de l’extrême gauche serait dans la rue à tout casser à l’appel de ce guignol complètement déjanté qui continue de se prendre pour St Just ou Fouquier-Tinville.
Comme avait dit naguère JMLP à propos de Mégret et de son pu-putsch, j’ai l’impression qu’on en était à ce niveau au Brésil il y a quelques jours. Certes, de la casse cathartique dans les bâtiments représentant le pouvoir, mais essentiellement des foules nombreuses comme en promenade dominicale regardant ou défilant sagement, presque alignées sur le bas-côté des routes, pour laisser passer les véhicules. A part des lampadaires, barrières de sécurité et autres extincteurs, il ne m’a pas semblé que ça crépitait fort dans les rues, bien moins en tout cas qu’habituellement dans les favelas.
Il faut quand même constater que cette extrême gauche minoritaire en France fait et a fait pas mal de dégâts !
Mais c’est toujours l’extrême droite qui est toujours mise en cause !!!
Si je me souviens bien, après son échec à la présidentielle, Mélenchon appelait à un 3ème tour aux législatives puis, après son nouvel échec, appelait à un 4ème tour dans la rue, ce qui ne ressemblait guère à un respect de la démocratie.
Mais bien sûr la violence ne peut venir que de l’extrême droite et, comme pour le reste, ce qui est légitime pour l’extrême gauche ne l’est pas pour les autres et ce qui se justifie en France est injustifiable au Brésil.
D’accord avec vous, à ceci près que le 14 juillet commémore la Fête de la Fédération du 14 juillet 1790, et non la prise de la Bastille un an plus tôt…
Sauf erreur, ce n’est pas une représentante de LFI qui affirmait que si JLM n’était pas ministre, le troisième tour des législatives aurait lieu dans la rue? (je ne retrouve pas la citation exacte, merci de me corriger si je me trompe)
Mélenchon fait son cinéma. Que ne ferait-il pas, même par le mensonge (il revient souvent sur ses propos pour dire le contraire) pour faire son Robespierre ! ROBESPIERRE : le pire du pire.
Qui (même dans son camp) accorde de l’importance à ce clown inquiétant ?
Après la forfaiture sarkozienne UMP/PS du traité de Lisbonne , on ne les a pas entendu non plus, ni le conseil d’état, ni les juges de Bruxelles. La république est une bonne grosse fille qui aime bien se faire bousculer , mais elle choisit ses tourmenteurs et son moment.