Brexit : Boris Johnson triomphe à Bruxelles, mais il doit affronter la Chambre des communes
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Le texte de l'accord rappelle les deux nœuds gordiens qui ont longtemps fait achopper les négociations et qu'il a fallu trancher : la nature des relations à venir entre le Royaume-Uni et l'Union européenne et surtout la question nord-irlandaise. Aux côtés de Jean-Claude Juncker, Boris Johnson a exhorté les députés britanniques à soutenir l'accord pour « faire aboutir le Brexit sans délai ». « Je suis confiant, très confiant, lorsque les députés de tous les partis regarderont cet accord, ils verront l'intérêt de le soutenir », a-t-il assuré.
Beaucoup criait victoire après que la controversée Cour Suprême avait fait annuler la prorogation du Parlement. Tous avaient enterré Johnson. Mais lors du congrès des conservateurs, « le trublion Boris rappelle que tout Britannique est un rebelle qui n'accepterait pas que l’on mît en cause la transmission d’une génération à l’autre de l’héritage de la liberté », analyse l’historien Édouard Husson, sur atlantico.fr. « Le Premier ministre est pour l’instant resté fidèle à la formule churchillienne du Never Give In! (« Ne jamais céder »). En particulier, il n’a pas fait une concession de formulation, continuant, à Manchester, à parler d’une « loi de reddition ».
L’humour fait partie de cette stratégie de résistance à la pression imposée par tous ceux qui voudraient bien arrêter le Brexit. Quand Boris Johnson comparait les débats du Parlement à un reality show, lâchant « Au moins, nous aurions eu le plaisir de voir le Speaker de la Chambre, John Bercow, obligé de manger un testicule de kangourou », « le public éclate de rire », explique Husson, « parce que tout cela est une allusion à une émission où les participants devaient se débrouiller dans une jungle ; et le propre père de Boris Johnson y avait déclaré en direct qu’il ne connaissait pas la différence entre un testicule de mouton et un testicule de kangourou ». On est dans le registre des Monty Python, mais « les frustrations accumulées par les Brexiters ne supportant plus l’obstruction permanente des positions “Leave” par le Speaker sont vengées : désormais, dès qu’il prendra la parole au Parlement, tout le monde associera Bercow à la plaisanterie sur le kangourou. Oublié le rappel de la Chambre par les juges de la Cour suprême ? »
Coïncidence ? Le lendemain, une peinture représentant des chimpanzés assis sur les banquettes vertes de la Chambre des communes en lieu et place des députés britanniques a pulvérisé toutes les estimations, cette œuvre de Banksy Devolved Parliament a été adjugée à plus de 11 millions d'euros lors d'une vente aux enchères organisée à Londres par Sotheby's.
« Rien ne résume mieux Boris, note, perspicace, Édouard Husson, que l’humour avec lequel il a ridiculisé les médias qui avaient monté en épingle la démission de son frère du gouvernement et imaginé une grosse dispute familiale. Il a expliqué qu’il n’avait pas abattu sa dernière carte : sa mère - le vrai chef de famille, qui a voté Leave. Géniale présentation des choses car c’est la figure maternelle du Royaume-Uni qui se dresse en arrière-plan : la reine ».
Aujourd’hui, certains parlent de compromission, mais le nouveau compromis établit des règles particulières pour les douanes concernant les marchandises arrivant en Irlande du Nord, qui reste dans le territoire douanier britannique, selon que celles-ci sont destinées à y rester ou à passer dans le marché unique européen. Il prévoit également un mécanisme de « consentement » des autorités nord-irlandaises sur la poursuite de l'application de certaines règles de l'Union européenne, après une période de quatre ans. Reste que cet accord ne convient pas aux dix députés du parti unioniste nord-irlandais, allié-clé du Parti conservateur.
En attendant, les sujets de Sa Majesté résidant en France sont invités à se préparer au Brexit sur les panneaux d’affichage parisiens.
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