Brexit et union des droites : pourquoi Raphaël Enthoven pète les plombs
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Quand Enthoven tweete, ce n’est pas un gazouillis que l’on entend mais le remugle d’un type qui n’aurait pas encore digéré la bataille d’Azincourt. Le philosophe, animateur de télé et radio, écrit, parlant du Brexit de nos amis et voisins : « Pourvu que ça leur coûte cher. Pourvu que le pays s’appauvrisse… Pourvu que les choses se passent mal. Que la Grande-Bretagne [sic, il oublie déjà l’Irlande du Nord] se disloque, s’il faut ça pour comprendre ce qu’ils ont fait. »
Révélateur d’une petitesse d’esprit, ce tweet l’est aussi des divisions familiales - il n’y a pas que la famille Johnson. Aurélien, Enthoven fils, que nous avons tous découvert, il y a dix ans, en proie aux paparazzi juché sur les épaules du Président Sarkozy, s’affiche sur Instagram pro-Brexit - pire, pro-Frexit - et fan de Boris Johnson. Il retweete ses déclarations et a profité de ses vacances d’été pour se rendre à Londres - the place to be - bretter les anti-Brexiters. J’y étais – et j’y étais déjà quand j’avais dix-sept ans, au nord-est de Hyde Park, du côté du Speaker’s corner (coin des orateurs) où les jeunes idéalistes français venaient respirer cet air de liberté qui flottait outre-Manche.
« Le Brexit est l’occasion, sinon d’une prise de conscience, en tout cas d’un effroi. Et la peur est bonne conseillère en matière européenne. » Jouer ainsi sur la peur est la méthode « globaliste » à l’œuvre, que ce soit à propos du climat ou du Brexit, mais curieusement jamais à propos de la submersion migratoire. Enthoven père a le don de se tromper mais, heureusement, toujours dans le même sens. Conscient qu’il nous indique ainsi la bonne direction à son corps défendant, il vient d’effacer ses tweets, mais le bien est fait.
Comme il a bien compris, et il enrage à cause de cela, que le Brexit est la mère de toutes les batailles, il a compris aussi que la digue construite pour séparer la droite était en train de céder dans l’intérêt de la France.
Raphaël Enthoven avait pourtant bien commencé lors de la Convention de la droite : « Les Républicains achèvent de mourir sur les questions sociétales ; quant au Rassemblement national, chacun sait que la patronne est une adversaire idéale pour le pouvoir en place. Vous pouvez emporter le morceau. Mais à droite seulement. » Et puis patatras ! « Ce qui ne marchera pas, c’est la tentative d’arriver au pouvoir et de “construire une alternative au progressisme” en passant par la droite. »
Après la chute du mur, et le traité de Maastricht en 1992, « les démocraties occidentales passent du clivage droite/gauche » au clivage « mondialistes contre souverainistes ». « Ce clivage s’est affermi en 2005 », dit-il - en effet, 55 % des électeurs votaient non au référendum sur la Constitution européenne -, oubliant qu’en 2002, lui-même était membre du comité de soutien à Lionel Jospin, quand le Pôle républicain réunissant Pasqua, Villiers et Chevènement échoua en raison du stupide maintien à l’écart de Jean-Marie Le Pen dû au cordon sanitaire soi-disant républicain. Chevènement trahissant ses sectateurs qui avaient brûlé leurs vaisseaux en rejoignant le bercail socialiste aux législatives.
« Avec la victoire d’Emmanuel Macron, un nouveau clivage s’est installé », dit-il, omettant d’évoquer une victoire par effraction due à l’éviction du candidat conservateur libéral et chrétien, Fillon, et à la présence de Marine Le Pen en marchepied pour l’Élysée. Son discours pouvait se résumer ainsi : tout en feignant ne pas craindre la rupture du cordon sanitaire séparant la droite nationale de la droite conservatrice et libérale, il redoute qu’on puisse enfin désactiver le piège du RN meilleur ennemi du progressisme macroniste, comme il redoute le Brexit et le retour des nations libres.
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