Brian Jones, le Rolling Stone peu connu qui ne gagne pas forcément à l’être

Brian Jones et les Rolling Stones, le film de Nick Broomfield, documentariste chevronné et contemporain des événements alors qu’il n’était qu’adolescent, fait figure de sensation du moment. En effet, Brian Jones est le fondateur historique du fameux groupe anglais, allant jusqu’à trouver leur nom, même si emprunté à la chanson Rollin’ Stone de Muddy Waters, le légendaire bluesman qu’on sait.
L’homme en question, mort à 27 ans, noyé dans sa piscine, avait un atout majeur, le seul, peut-être : la beauté, même si elle ne durera pas, et un casque de cheveux blonds dont s’inspira tôt une certaine Annie Gautrat, plus connue sous le sobriquet de Stone ; avec ou sans Charden. Son rayonnement artistique aura donc été avant tout capillaire, contrairement à la légende entretenue par une certaine critique rock française faisant de Brian Jones une sorte de génie romantique, tant incompris que tourmenté. Le snobisme fait parfois tomber dans bien des panneaux ; ce qui n’est d’ailleurs pas le cas de Nick Broomfield, qui reconnaît dans Le Point : « Je me suis interrogé sur les raisons pour lesquelles il était devenu un tel con, alors qu’il pouvait se révéler un être charmant. »
Connu pour être violent avec les femmes, il eut trois enfants illégitimes qu’il abandonna alors qu’il était encore mineur. Certes, le rock anglais des sixties n’avait rien d’une abbaye cistercienne, mais un Mick Jagger, lui, au moins, reconnaîtra toute sa progéniture parallèle, tout en s’en occupant, comme un véritable père. Il est donc possible d’être un aspirateur à groupies sans forcément se comporter tel le dernier des sagouins.
Voilà pour l’artiste, côté cour. Côté rue, une légende tenace persiste à le faire passer pour « un multi-instrumentiste de génie », bobard une fois encore assené, à l’occasion de la sortie de ce documentaire, par le magazine Elle, qui devrait se contenter de parler chiffons plutôt que musique de grands.
À ce sujet — Le grand retour d’Eric Clapton, l’éternel rebelle
Il est vrai que Brian Jones jouait un peu de guitare, un peu de piano et parvenait, parfois, à sortir trois notes d’un saxophone. Fort bien ; mais ce n’était pas Eric Clapton, pas plus que Fats Domino ou Charlie Parker, loin s’en faut. Bref, il excellait plus dans le faire-savoir que le savoir-faire. Ah si, on allait oublier : il pouvait gratter quelques rudiments de sitar. Mais dans le genre, George Harrison, des Beatles, était autrement plus convaincant.
Pour le reste, au risque de faire s’étrangler les gardiens du temple, on rappellera que Brian Jones ne savait pas chanter et se montra parfaitement incapable, sa courte carrière durant, d’écrire la moindre foutue chanson. D’où, aussi, son image de martyr des Rolling Stones qu’un Mick Jagger et un Keith Richards auraient en permanence persécuté. Mais eux, au moins, produisaient alors des tubes à la pelle, et le guitariste à la tête de pirate, même naviguant à vue sur une mer de bourbon et une seringue plantée dans chaque bras, n’a jamais foiré un concert, alors que Brian Jones était connu pour monter sur scène une fois sur trois dans ses moments les plus assidus. L’un avait du métier, de la conscience professionnelle ; l’autre pas.
Ce que souligne d’ailleurs opportunément Nick Broomfield : « Mick Jagger est tellement motivé, habité, sérieux, surhumain en un sens, comme Keith Richards d’ailleurs. Il ne comprend pas les gens qui ne font pas preuve de la même volonté, même parmi ses enfants. » Ce qui explique sûrement pourquoi les Rolling Stones, même octogénaires, sont toujours en activité, après plus de soixante ans de carrière. Dans le cas de Brian Jones, il y eut certes l’alcool et la drogue, qu’il supportait manifestement moins bien que Keith Richards. Après tout, c’était son problème, mais cela ne contribua en rien à un génie dont il était par ailleurs totalement dépourvu. N’est pas Jimi Hendrix qui veut. Car lui était un authentique génie ayant révolutionné l’art de la guitare électrique, doublé d'un excellent chanteur et d’un immense compositeur ; il suffit d’écouter Little Wing et Purple Haze pour s’en convaincre. Et c’est malgré cette drogue, qu’il prenait pour supporter le rythme infernal des tournées et des enregistrements, que génie il fut.
À ce titre, il est désolant que tant de journalistes se soient entêtés, des années durant, à considérer Brian Jones comme un artiste majeur ; ce qu’il n’était pas, n’en ayant ni les épaules et encore moins la cervelle. C’était juste un pauvre type malheureux dont Keith Richards disait : « Je ne pense pas que vous trouverez jamais quelqu’un qui ait apprécié Brian Jones. Ce n’était pas un type aimable. Il était tellement complexé qu’il ne savait pas où se pendre. Alors, il s’est noyé. »
On a décidément les icônes qu’on peut.
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34 commentaires
Article que mon éducation me somme de déclarer totalement partial !
Avec mes copain nous avons d’abord été séduits par les Beatles et après avoir écouté, sur vinyl à l’époque, le concert de Hambourg avec « under my thumb », « route 66 », « last time » et autres délices où l’on sent les racines blues, notre sang n’a fait qu’un tour : là ça prend les tripes !! Les Beatles paraissaient mièvres à côté, paroles et musique.
Brian Jones, sujet du jour, voit la fin de sa vie suite à une amourette déçue.
Faire passer Mick et Keith pour des anges …. Il n’est qu’entendre Bill Wyman, ancien bassiste, pour s’apercevoir qu’il n’y avait qu’eux, c’étaient les boss, ils n’écoutaient qu’eux, pas question de s’opposer à leurs décisions.
C’était juste une petite mise au point.
En parlant de vanité, Eric Clapton en tenait une bonne dose. Lui qui a une époque se prenait pour Dieu, dû jouer avec Jimi Hendrix lors de son passage à Londres : devant le talent de son partenaire, il quitta soudainement la scène vexé comme un pou !!
Si cette star n’en était pas une et a trompé son monde, il a un homonyme qui,lui, est un brillant génie en son domaine et complètement ignoré du public par son extrême discrétion de vrai héros. Cet anglais, passionné d’aéronautique, est rapidement devenu un expert en montgolfière, comme moi. Car dans les années 90, j’ai participé et gagné une course transatlantique en ballon avec Bertrand Piccard comme passager médiatique. Ce dernier, sans grande expérience du ballon, fut choisi par des experts en marketing pour mener le premier tour du monde en ballon (Breitling). Après deux tentatives avec des équipiers aux talents divers qui échouèrent, c’est avec le très modeste instructeur Brian Jones et seulement grâce à ses compétences parfaites et sa grande expérience que le premier tour du monde fut effectué en 21 jours en 1999. Je suis heureux de lui rendre gloire aujourd’hui. Bravo maître Jones!
Quels ramassis de bêtises cet article. Brian Jones était un musicien multi-instrumentiste de génie. Il n’a jamais signé ces compos les laissant aux Nanker Phelge parce qu’il n’en avait rien à faire. Ses apports aux albums des Stones jusqu’à Beggars Banquet ont été prépondérants. Ce qui n’enlève rien aux qualités musicales
de Keith et de Mick.
Merci pour la mise au point.
Si Mick n’était pas tombé sur Keith sur un quai de banlieue, il aurait été diplômé de la prestigieuse London School of Économies et qui sait, serait peut-être dans la dreamream Trump …
Génial !!!