Brûlée au fer à repasser pour une sextape : la terreur de la justice familiale

Accusées d’avoir sali l’honneur de la famille, elles subissent coups, séquestration ou humiliations.
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En Seine-Saint-Denis, les histoires d’amour et d’honneur se règlent en famille... à coups de poing et de fers à repasser. C’est ce qu’aura appris à ses dépens une élève d’un collège dionysien après qu’a circulé sur les réseaux sociaux une vidéo intime d’elle, filmée à son insu.

Piégée puis livrée à la violence familiale

C’est un cas de « revenge porn » qui a tourné au drame pour cette adolescente du collège Didier-Daurat (Le Bourget). La jeune fille de 15 ans, qui convoitait un garçon, a été prise dans un piège sordide que lui ont tendu deux de ses amies du même âge, dont l’une soupirait également après le jeune homme. Les camarades, que Le Parisien a choisi d’appeler « Alice » et « Cynthia », ont prétendu organiser un rendez-vous entre leur amie, « Anna », et le garçon, puis ont filmé la relation sexuelle entre les deux jeunes gens avant de partager la vidéo sur les réseaux sociaux, la laissant faire le tour de leur établissement scolaire. Si la pornodivulgation est une infraction suffisamment grave pour être punie par la loi d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à deux ans et d’une amende de 60.000 euros, le cas d’Anna s’est avéré entraîner des conséquences encore plus dramatiques que l’humiliation à laquelle elle était déjà exposée.

En effet, sans s’arrêter là, les deux jeunes filles se sont rendues chez leur amie pour montrer à sa famille la vidéo, alors même qu’elles savaient qu’Anna avait déjà été victime de violences de la part de son grand frère. L’occasion n’a pas manqué : le jeune homme s’est violemment emporté contre sa sœur, la rouant de coups et allant jusqu’à l’étrangler. Plus tard, c’est la mère qui s’en est prise à sa fille en la brûlant sévèrement au mollet à l’aide d’un fer à repasser, après avoir essayé de l’atteindre au visage. Blessée à la jambe et au menton, l’adolescente s’est vu prescrire dix jours d’ITT (interruption totale de travail) par le médecin légiste qui l’a examinée.

L’honneur lavé par les poings

Le cas d’Anna est malheureusement loin d’être le seul. Il rappelle qu’en Seine-Saint-Denis comme ailleurs, certaines familles essuient leur honneur comme on règle ses comptes en bas d’un immeuble : à coups de ceinture, de poings ou pire.

En mai 2024, à Reims, une jeune fille de 16 ans et son petit ami du même âge étaient enlevés et battus par la famille de cette dernière qui s’opposait à leur relation. Le garçon, blessé au couteau, s’était vu prescrire huit jours d’ITT et la jeune fille avait déclaré avoir été séquestrée et violentée par son frère, déjà condamné pour violences aggravées, tandis que sa mère, qui l’aurait frappée, a reconnu lui avoir coupé les cheveux. Une histoire similaire était arrivée, en août 2023, à une adolescente de 14 ans, encore en Seine-Saint-Denis, à Drancy, où sa famille l’avait enfermée pendant six jours dans le sous-sol, l’obligeant à dormir à même le sol et à faire ses besoins dans un seau, après avoir appris qu’elle entretenait une liaison avec un homme de 23 ans. En octobre 2021, une jeune fille de 16 ans avait été violemment battue par sa famille en Isère pour avoir entretenu un flirt, ses proches ne souhaitant pas qu’elle fréquente de garçons. En août 2020, plusieurs membres d’une même famille avaient été mis en garde à vue à Besançon pour s’en être pris physiquement à leur fille et nièce de 17 ans qui leur avait présenté son petit ami de confession chrétienne, alors qu’elle était musulmane. Battue violemment, son père lui avait tondu les cheveux pour la punir.

La République reléguée à la porte des foyers

On aurait tort de parler de dérives isolées. Là où la République échoue à faire respecter la loi, une autre prend sa place : archaïque, clanique, impitoyable. Et souvent, ce sont des femmes – sœurs, filles, cousines – qui en font les frais, accusées de salir la réputation du clan, de déshonorer une cellule familiale dont le seul ciment semble être la peur.

Si elle restera reléguée à la rubrique des faits divers, l’histoire d’Anna témoigne pourtant d’une réalité devenue banale dans certains quartiers. Et révèle un inquiétant recul de notre modèle civilisationnel.

Vos commentaires

7 commentaires

  1. Ça existe depuis années sauf que médias et élus préfèrent ne pas en parler histoire de continuer le merveilleux compte du vivre ensemble et surtout gardez vos coutumes, on demandera aux indigènes d’abandonner leurs propres coutumes à la douceur des coutumes barbares des crimes d’honneurs et de la mise sous tutelle des filles, mineurs à vie et si il se passe quoique ce soit elles seront automatiquement coupables.

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