Bruno Le Maire aux fraises

BRUNO LE MAIRE

Soyons chauvins : les meilleures fraises de France, que dis-je, d’Europe et même du monde sont produites dans la plaine de Carpentras. Dans ce Comtat Venaissin dont le ciel et la terre sont en quelque sorte une promesse d’Italie. Après tout, cette terre papale ne fut rattachée à la France qu’en 1791. Hier, en somme, lorsqu’on a un peu le sens de la profondeur de notre Histoire. À l’époque, on n’y produisait pas encore de fraises. Il faudra attendre la fin du XIXe siècle, avec notamment la mise en eau du canal de Carpentras sous Napoléon III, pour que la culture de la fraise se développe. Si le Comtat Venaissin est une promesse d’Italie, l’arrivée de la fraise sur les marchés de Carpentras et des villages alentour, dès fin mars, début avril, est une promesse de printemps, de beaux jours qui s’allongent. Maintenant, soyons honnêtes, un ami du Lot-et-Garonne ou de Bretagne en dirait autant de la fraise de Marmande ou de Plougastel. C’est la France, ça, Madame ! Et c’est très bien ainsi.

Mais restons chauvins et, donc, à Carpentras. Le kilo de fraises est actuellement vendu 8 euros sur le marché de mon village. C’est un petit luxe, certes, mais c’est moins cher qu’un paquet de cigarettes et c’est l’équivalent d’un abonnement mensuel à Netflix. Je sais, comparer des fraises avec des navets, cela ne veut rien dire. Quoique…

En tout cas, ma barquette à huit euros, cueillie le matin même ou, au pire, la veille au soir, par mon producteur local n’est pas dans le panier anti-inflation de Bruno Le Maire. Non. Dans son panier, on y trouve de la fraise espagnole. D’où la colère des producteurs de fraises de Carpentras. « Ils sont déjà en difficulté à cause de la hausse des prix de l’énergie, de l’inflation en général, de la concurrence étrangère… Et voilà que la grande distribution propose des fraises espagnoles dans son panier anti-inflation au logo bleu-blanc-rouge », rapporte France Bleu Vaucluse. Au micro du média local, Virginie Fraysse, productrice et présidente du Syndicat de défense de la fraise de Carpentras, s’insurge : « On est dans une crise économique profonde et on nous oublie, une fois de plus. » Allô, Bruno ?

Cette colère, Périco Légasse, qui connaît bien le Vaucluse, vient de la relayer sur RMC. Pour le chroniqueur gastronomique, chevalier du Mérite agricole, ce qui est choquant, ce n’est pas tant que la fraise soit espagnole : « Si la fraise espagnole est moins chère et de qualité. » Mais, ajoute-t-il, « je sais que ce n’est pas le cas ». Et d’y aller à la sulfateuse garantie sans produits chimiques : « La fraise espagnole dans ce panier est la pire infamie que l’on a. Ce sont des petits morceaux de cancer. » Autant aller acheter des clopes avec son diesel, non ! Chacun son goût. Quant à l’agrégé de lettres modernes de Bercy, il est renvoyé à ses études par le mari de Natacha Polony : « Ce ministre, quand il a vendu son projet de trimestre anti-inflation, je savais que c’était une escroquerie sociale et politique. Aujourd’hui, on est au-delà de ça, on est dans le mensonge ! Bruno Le Maire, je lui demande de démissionner de ce ministère. Qu’il aille faire autre chose. »

Bon, Bruno Le Maire ne démissionnera pas pour une barquette de fraises, sachant par ailleurs qu'il a rallié Macron en 2017 pour un plat de lentilles, mais ça fait toujours plaisir d’entendre ça. Il est vrai que Bruno Le Maire est l’homme qui reconnaissait, en juin 2022, que « le dispositif qui permet d’aller dans votre magasin prendre des produits qui vont bénéficier aux producteurs français, je ne sais pas faire ». Autrement dit et pour faire court, l’Union européenne et ses bienfaits. En y réfléchissant un peu, ce fameux panier anti-inflation nous fait de plus en plus l'effet d'une aumône faite aux pauvres par les dames patronnesses qui nous gouvernent. On fait des efforts pour eux, les pauvres. Ils ne voudraient tout de même pas, en plus, qu'on leur offre de la brioche et de la fraise de Carpentras ! La fraise de Carpentras, rappelons-le, la meilleure du monde...

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

46 commentaires

  1. Le roi du « col-roulé » en porte pour espérer que tout ce qu’il dit ne l’étrangle pas et qu’il n’ai pas de marques visibles lorsqu’il ment …
    Ni lui ni tous ceux qui sont encore en train de nous expliquer que « l’Union Européenne » est la solution à tout ce qui se passe actuellement en Europe ! … La harpie de la Com. Européenne se frotte les mains et se remplie les poches ( et celles de ses copains ) en toute impunité ! …
    Jusqu’où les français vont accepter ce délire de déconstruction social et sociétal ? …

  2. Un régal à lire. La fraise espagnole n’a plus besoin de publicité tout le monde sait qu’elle est inodore, colorée et sans saveur. Il est certain que ce produit ne doit pas être servi dans les restaurants des ministères. C’est le symbole du faire semblant. Ça a l’air de mais ça ne l’est pas.

  3. J’ai fait mon marché hier matin. 2 euros la cagette de 2 kilos. Le camion doit remplir le réservoir dans les descentes. Il avait le vent portant. Elles sont restées sur l’etal.

  4. J’adore vos navets et vos lentilles . Pour les fraises , j’attendrai celles de mon jardin « au crottins de cheval ».

  5. Donc les riches pourront manger de bonnes fraises et expliqueront aux pauvres comment dans un geste citoyen, s’en passer. Super. Et bien les pauvres ne veulent pas être ramenés à leur condition et veulent avoir le plaisir d’avoir des fraises, fussent t elles espagnoles.

  6. Bruno Le Maire, rien que dit penser je serai tenté de rire sauf que c’est a cause de tels personnes gouvernementale que la France dégringole à la vitesse grand V. exemple,grâce aux sanctions Occidentale envers la Russie son économie devait imploser. On vois là la la qualité de nos politiciens.

  7.  » Bruno Le Maire, je lui demande de démissionner de ce ministère. Qu’il aille faire autre chose. » déclare Périco Legasse. Autre chose ? Mais quoi ? Comme disait Louis de Funès dans la Folie des grandeurs : « Qu’est ce que je vais devenir ? Je suis ministre, je ne sais rien faire … »

  8. La fraise espagnole est un produit dangereux . Un ami qui a passé des décennies en qualité d’acheteur pour un grand groupe alimentaire helvétique m’a raconté ce qu’il y a vu.

  9. Cher Colonel je vous sent un peu chauvin, mon épouse étant d’une vieille famille Bretonne et moi un pur produit du Sud ouest, je vote pour la fraise de Plougastel, la meilleure du Monde, ne soyons pas trop chauvin, c’est la crème qui fait la différence, car au niveau économique de l’agrégé de Bercy, il est au ras des paquerettes.

  10. Ce type n’a pas la compétence pour aller faire ses courses quotidiennes. Alors parler du panier de la ménagère est virtuel pour lui.

  11. B Le Maire est celui qui sera le candidat du camp petit-bourgeois, la Macronie, après Macron: un ministre des finances, ça plaît, ça fait sérieux. Pourtant, il se trompe de beaucoup (« Nous mettrons à genoux l’économie russe ») et tout ce qu’il sait faire c’est tancer les patrons, les pétroliers et la grande distribution: à eux de faire des efforts, cependant que lui n’en fera jamais; pas de réduction de TVA sur les produits de première nécessité, rien, pas un atome de réduction d’impôts (de fait, en douce, on renonce à augmenter la franchise des droits de successions qui avait été promise par Macron – mais une promesse de Macron, ça vaut le bonjour d’Alfred). Sur l’Europe, il ne pèse rien, et le tarif de l’électricité indexé sur le gaz n’est pas près d’être réformé: beaucoup de TVA engrangée au passage, puisque l’électricité n’augmente pas autant que l’abonnement et donc les taxes: EDF et le gouvernement se goinfrent tout en étant à plat devant une Allemagne qui nous aura bien bernés. B le Maire est passif sur la politique de son patron Macron, et son « panier du pauvre », cette insulte bien partie pour devenir la norme sociale, est la dernière étape – les piécettes lancées depuis le carrosse – avant que ça ne soit la France-Restos-du-Cœur. Il a vraiment tout pour que l’on vote pour lui.

  12. Super article . Quand aux fraises espagnoles nous les laissons à Le Maire . Ne pas acheter ces produits toxiques qui n’ont de fraise que le nom et les laisser pourrir sur l’étal des marchands n’est ce pas le meilleur moyen de mettre fin à ces escroqueries .

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